Amphithéâtre

Ce cirque était d'une très grande dimension, et avait plus de cent cinquante pas d'une extrémité à l'autre. La grandeur et l'importance de la ville de Fréjus exigeaient sans doute un monument si considérable. L'origine de cette ville est inconnue; quelques savants croient qu'elle fût fondée, ainsi que Marseille, par une colonie phocéenne. Ce qui est très certain, c'est que, du temps de Jules-César, elle était fort puissante. Ce conquérant en fit l'entrepôt des magasins de son armée, et la nomma Forum Julii, d'où lui est venu le nom de Fréjus. Elle fut encore augmentée par César-Auguste, et se maintint toujours dans un haut degré de puissance, jusqu'à l'époque de l'inondation des Goths et de la dévastation des Sarrazins. On y voit plusieurs autres monuments romains, entre autres les aqueducs dont nous avons donné une vue ailleurs. Elle est encore très grande, mais mal peuplée. Son port, jadis célèbre, est presque entièrement à sec, par la retraite des eaux de la Méditerranée. On y a rétabli un évêché.

Source : Nouveau voyage pittoresque de la France 1817.

Notes d'un voyage dans le midi de la France

L'extrait qui suit, tiré de l'ouvrage "Notes d'un voyage dans le midi de la France" est du a Prosper Mérimée en personne. Il nous livre un regard sur le lieu porté en 1835.

L'amphithéâtre de Fréjus est encore assez bien conservé; il est construit à petit appareil, de forme elliptique, avec quatre entrées principales sur ses deux diamètres. Les gradins, dont la plus grande partie est détruite, sont soutenus par trois massifs, séparés par deux voûtes, qui règnent tout autour de l'amphithéâtre.

A l'est, il s'appuie à une hauteur; du côté de la plaine, on ne voit pas de traces de mur d'enveloppe semblable aux portiques des arènes d'Arles ou de Nîmes; seulement, d'épais contreforts soutiennent les galeries et les gradins. On remarque les arrachemens des escaliers qui menaient aux étages supérieurs.

Ce cirque d'un petit diamètre a été déblayé depuis peu de temps par les soins de M. Texier. Quelques pierres du podium et quelques escaliers qui traversent les trois principales précinctions subsistent encore, mais les voûtes sont fort endommagées et menacent ruine.

restauration de l'amphithéâtre

Le paragraphe qui suit est à attribuer à divers savants de l'Académie des inscriptions & belles-lettres en 1843. Il nous apporte des informations sur la topologie du site au XIXe siècle lors d'une campagne de fouille. Vous y trouverez de plus en bas d'article un comparatif avec Nîmes ainsi qu'une estimation du nombre de places possibles.

Les fouilles exécutées à l'amphithéâtre ont été couronnées d'un succès complet, puisque j'ai été mis à même de présenter à l'Académie une description et des plans de cet édifice dans son état primitif. Un seul point est conjectural, c'est la décoration du mur extérieur; mais ce point est de peu d'importance dans un édifice de ce genre, où la disposition est la partie principale et où les détails n'apprennent rien de nouveau. Il y a lieu de croire que le mur extérieur était décoré d'arcades, séparées par des pilastres doriques. Cet ordre du rez-de-chaussée soutenait un attique qui servait de soubassement à un grand mur portant les consoles.

Le plan de l'amphithéâtre est une ellipse dont le grand axe, pris en dehors des constructions, est de 113 mètres, et le petit axe, de 85 mètres.

Ainsi qu'on l'a dit, l'arène a 67 mètres 71 centimètres dans son grand axe, et 39 mètres 6 centimètres dans son petit. L'arène de l'amphithéâtre de Nîmes a 69 mètres14 centimètres sur son grand axe, et 39 mètres 7 centimètres sur son pelit; ainsi, dans les deux amphithéâtres, les arènes sont à peu près égales.

On arrivait à l'arène par trois portes qui étaient fermées par de grandes barrières en marbre. Quoique le podium eût près de huit pieds d'élévation, il était encore séparé de l'arène par un canal profond, qui empêchait les bêtes de s'élancer sur les spectateurs. Les animaux étaient conduits dans l'amphithéâtre par les portes du grand axe; les salles souterraines, situées sous les gradins de la première précinction, servaient à les renfermer. On remarque une petite salle près de la porte du petit axe (porta Libitina), qui servait à déposer les corps des gladiateurs et des animaux tués pendant les jeux. Chaque grande salle est séparée de celle qui la suit par une petite cellule ayant deux portes, sans doute pour y faire passer les animaux l'un après l'autre par le moyen de trappes. Ces salles souterraines ne règnent que dans la moitié sud de l'amphithéâtre, l'autre moitié étant assise sur le rocher.

La porte consulaire, ou porte nord-est du petit axe, était ouverte sur la colline : toute cette partie étant élevée au niveau du premier étage, on arrive dans la galerie du rez-de-chaussée par le moyen d'escaliers descendants. La porte du milieu ne communique pas directement avec cette galerie au grand escalier, lequel est encore bien conservé. Elle conduit directement à la première précinction; dans cette partie, il n'a jamais existé de gradins. Un autel en marbre, brisé en morceaux, a été trouvé dans la fouille; de plus, on remarque un massif en maconnerie formant une plate-forme, où devaient se placer les principaux de là colonie; l'autel se trouvait au milieu : c'est là qu'on célébrait le sacrifice avant de commencer les jeux. A droite et à gauche de l'entrée, sont deux couloirs conduisant à la première précinction.

L'amphithéâtre de Fréjus était percé, dans sa circonférence, de cinquante-deux arcades : trois mènent à l'arène, vingt-deux dans la galerie du rez-de-chaussée, et le reste au premier étage.

La galerie du rez-de-chaussée conduisait à la première précinction par vingt-quatre portes. Cette première précinction, composée de six rangs de gradins, était, suivant l'usage introduit par Scipion, destinée aux premières familles de la ville, comme on le voit dans les amphithéâtres dont les gradins sont conservés. On remarquait, dans cette précinction, des divisions par loges, que je n'ai pu rétablir ici, faute de documents. Ces loges étaient données aux familles illustres et aux principales corporations du pays, par des décrets des décurions. On trouve, sur le mur du podium, à Nîmes, une inscription qui lègue un certain nombre de places au collége des nautonniers du Rhône et de la Saône.

Le podium, qui sépare la première précinction de l'arène, était revêtu de marbre blanc. Près des sommets des axes, il existait de petits escaliers qui allaient directement dans l'arène. On arrive à la galerie du premier étage par les vingt-six autres arcades conduisant à la seconde précinction, et par les vingt-six portes situées en face des escaliers: cette précinction est composée de six rangs de gradins.

Enfin, on arrive au corridor de la troisième précinction, qui est aussi desservie par vingt-six portes; elle n'est composée que de cinq rangs de gradins.

De ce corridor, on va de plain-pied, au troisième étage, sous le portique qui règne tout autour de l'amphithéâtre. Il était soutenu par cent cinquante-six colonnes de pierre blanche; les chapiteaux étaient de l'ordre composite simple. Le mur de ce portique portait les consoles destinées à soutenir la tente; toute la toiture était en bois. Ce portique servait à mettre les spectateurs à l'abri lorsqu'il survenait de la pluie.

L'amphithéâtre de Nîmes n'avait point de portique semblable, attendu que l'on pouvait se tenir dans le portique extérieur, qui est vaste et bien couvert. Au Colysée, où tous les genres de luxe ont été apportés, outre le double portique qui règne à l'entour, il y avait encore, dans sa partie supérieure, un portique corinthien, soutenu par des colonnes de marbre blanc.

L'amphithéâtre de Fréjus pouvait contenir 9095 spectateurs; car on a pour :

  • Développement du gradin supérieur. 256 mètres
  • Développement du gradin intérieur. 172
  • Ensemble 428

La moitié, ou 214 mètres, donne une longueur moyenne pour les gradins, qui, au nombre de dix-sept, produisent un développement de 3638 mètres pour tous le gradins; et, en supposant qu'un spectateur prenne 40 centimètres de place, on a un nombre de neuf mille quatre-vingt-quinze spectateurs. Si l'on suppose que le portique ait pu être occupé pendant la représentation, on pourra porter ce nombre à douze mille pour le maximum.

On trouve, par le même calcul, que l'amphithéâtre de Nîmes contenait plus de vingt-trois mille spectateurs; il n'avait point de portique dans la partie supérieure, mais il avait trente-cinq rangs de gradins. La surface occupée par l'amphithéâtre de Nîmes est de 1,074,844 mètres carrés ou 107 hectares 48 ares. La surface occupée par celui de Fréjus est seulement de 83 hectares 59 ares, différence 23 hectares 89 ares; ce qui est peu de chose, si l'on considère que l'amphithéâtre de Nîmes contenait quatorze mille deux cent soixante et seize spectateurs de plus que celui de Fréjus, c'est-à-dire près du double.

Note du webmaster : A titre de comparaison et pour se faire une idée des ordres de grandeur mentionnés ici. Aux 12 000 spectateurs possibles à Fréjus, et aux 26 000 que pouvait contenir celui de Nîmes on peut apposer la capacité du stade de France qui à la fin du XXe siècle a une capacité d'accueil d'environ 81 000 spectateurs. Le stade de France est le plus grand stade français. Si l'on considère l'évolution technologique et démographique, on ne produit "que" 3 fois plus de place de nos jour, ce que j'estime relativement peu.

Compte tenu de la modularité des activités possibles dans ce type d'amphithéâtres la comparaison avec le POPB est plus probante : "Vaste de 55 000 m², le palais omnisport peut accueillir de 3 500 à 17 000 places assises, 18 000 spectateurs assis/debout dans un espace modulable adapté à presque tous les sports".

photo pour Amphithéâtre

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 135507
  • item : Amphithéâtre
  • Localisation :
    • Provence-Alpes-Côte d'Azur
    • Fréjus
  • Code INSEE commune : 83061
  • Code postal de la commune : 83600
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • théâtre
    • amphithéâtre
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 1er siècle
    • 2e siècle
    • 4e quart 2e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/04

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives : Cette construction a été affectée a différents usages au fil du temps. Nous lui connaissons 2 usages successifs :
    • arènes
    • lieu de concerts

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 40359317fe212ef050921fdd73890117.jpg
  • Détails : Amphithéâtre : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00081603

photo : joel.herbez

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