photo : pierre bastien
Callian était une principauté, dans le onzième siècle, d'où dépendaient, selon la tradition, Seillans, Tourrettes, Monts, Bagnols, Montauroux, etc. Hugues était prince de Callian en 1038, et avait épousé Hermengade, fille du comte de Provence. Il est fait mention de ce prince dans la donation que Ganselme, évêque de Fréjus, fit du prieuré de Callian au monastère de Lérins ; soit qu'Hugues fût prince de Callian de son chef, ou que le comte eut érigé ce lieu en principauté à cause du mariage de sa fille avec Hugues, ou qu'il l'eut donné en dot a Hermengade.
Fulco Dodo, en 1089, est aussi qualifié prince de Callian dans les archives de Lérins, qui rapportent les bienfaits que ce prince fit à cette abbaye.
Enfin on parle encore aujourd'hui du Callianois, mais son titre de principauté est supprimé depuis un temps immémorial.
La maison de Grasse a possédé ce lieu pendant plusieurs siècles. M. Honoré de Lille a aujourd'hui trois portions de la seigneurie, et M. de Rascas, seigneur du Canet, en a la quatrième.
Callian est situé sur un coteau, d'où la perspective est agréable. Son terroir a deux lieues de longueur. Il est assez fertile, planté de vignes, d'oliviers et autres arbres utiles.
L'église a toujours été sous le titre de l'Assomption de la Sainte Vierge. On la rebâtit en 1686. Elle est fort belle par sa situation, sa grandeur et sa forme. Le maitre-autel est magnifique. Cette paroisse a un prieur, un curé et trois secondaires, quatre bénéfices de patronage laïque et douze cents communiants.
Maître Jacques Mourgues, célèbre avocat au parlement d'Aix, était natif de Callian. Il acheta la plus grande partie de ce lieu des profits qu'il avait faits dans sa profession. C'est lui qui a fait ce savant commentaire que nous avons sur les coutumes et statuts de Provence, imprimé à Aix en 1642.
Le R. P. Bellissen de la Doctrine Chrétienne naquit aussi à Callian en 1647, et s'étant distingué dans sa congrégation par son savoir, sa prudence et sa piété, il fut envoyé à Rome pour exercer la charge de procureur général. On le confirma vingt ans dans cet emploi, où il acquit beaucoup de réputation. Le cardinal Carpegna fut son protecteur. Le pape Clément XI lui donna la direction du monastère de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, où ce pontife avait une nièce religieuse. Comme le long séjour qu'il avait fait à Rome lui avait donné lieu d'apprendre parfaitement la langue italienne, il composa un ouvrage en italien que j'ai lu, et qui a pour titre : Istruzione a le monache per la via de la perfezione, que les examinateurs trouvèrent excellent, et dont ils permirent l'impression à Rome. L'auteur ayant été reçu dans l'académie des sciences de cette capitale, y donna des preuves de son érudition. Il fut ensuite nommé, par le pape Clément XI, pour présider aux conférences des cas de conscience d'un quartier de la ville, où quantité d'ecclésiastiques et de savons a voient coutume de s'assembler. Enfin le même pontife lui fit l'honneur de lui offrir un évêché en Calabre, que le P. Bellissen refusa, et mourut peu après à Rome, en 1714, âgé de soixante-sept ans.
Callian fut aussi la patrie de M. Léget, prêtre, premièrement professeur en théologie dans le séminaire de Fréjus, et ensuite supérieur de celui d'Aix, qui refusa la théologale de notre chapitre. Il écrivit un traité des véritables maximes des saints, que j'ai lu, imprimé à Paris en 1699, pour combattre celui de M. de Fénelon ; archevêque de Cambrai, et fit un autre ouvrage très-solide et pieux pour l'instruction des confesseurs, qui mérite d'être lu. Il eut avec M. du Luc, archevêque d'Aix, un procès, ou sujet du séminaire, qu'il perdit, et mourut obscurément à Paris quelques années après, soupçonné de jansénisme.
Le prieuré de Callian fut donné par Ganselme, évoque de Fréjus, aux moines de Lérins vers l'an 104O.
Ce bénéfice est sous le titre de Notre-Dame de Beauvoir, Bellevidere, de Saint-Donat, de Saint-Martin et de Saint-Honorat, qui étaient autant de chapelles, ayant des revenus et des dîmes, qui passèrent entre les mains des Lérinois avec le gouvernement de la paroisse.
Dom Réné Casimir de Raousset, dernier prieur curé de Callian par la nomination de ces religieux, leur demanda la permission, en 1729, de faire simplifier ce prieuré et l'obtint. La communauté de Callian s'opposa à cette nouveauté. Néanmoins, malgré son opposition, M. de Castellane, évêque de Fréjus, simplifia ce bénéfice, à la requête du dit de Raousset, par sentence du 10 février 1730, et la cure du lieu fut donnée le même jour par l'évêque à M. Honoré Parreimon, qui la possède encore.
Dom de Raousset, étant malade, résigna son prieuré en 1733 à M. Joseph Mazan le 4 août, et mourut le 15 de sorte que dans cet intervalle le sieur Mazan obtint ce bénéfice du vice-légat d'Avignon, tamquam profiteri volens, et en prit possession sous cette clause. Mais ayant demandé au pape la dispense de l'obligation de se faire religieux, elle lui fut accordée par une bulle daté du 13 janvier 1734, qui fut annexée au parlement. Ainsi le prieuré de Callian est passé de nos jours en commende.
Source : Société d'etudes scientifiques et archéologiques de Draquignan et du Var 1871.