Eglise Notre-Dame


Cliché 1870 environ

A Notre-Dame, nous voyons une construction élevée hâtivement après les désastres du siège de 1589 et peu propre à retenir l'archéologue. Nous l'examinerons cependant, car aucun travail utile ne lui a encore été consacré, et l'édifice conserve quelques objets ou monuments dignes d'une étude attentive. Rappelons ici la dédicace de l'église et la bénédiction de quatre autels le 16 avril 1599 par Guillaume de Brancas, évêque de Vence et de Grasse. L'accomplissement de cette cérémonie dut marquer l'achèvement du gros oeuvre. Le millésime 1600 est inscrit au revers du mur de la façade, dans la tribune de l'orgue.

Notre-Dame est une nef large et basse, flanquée de deux bas-côtés et terminée par un choeur sans caractère, avec abside arrondie. Les grosses colonnes doriques de la nef, portant des arcades à plein cintre, et liées à des pilastres de même ordre qui reçoivent les ogives et doubleaux d'une voûte en bois ; les fenêtres, avec leurs remplages aux formes arrondies, tout cela indique bien la dernière période de la Renaissance. De même aussi la tour carrée qui accompagne la façade, à l'angle nord-ouest. Basse, flanquée de contreforts qui prennent à l'étage du beffroi la forme de pilastres composites, couronnée d'un dôme quadrangulaire en charpente, avec lanternon, elle est lourde, mais bien caractérisée, et rappelle nettement la tour de l'église de Chars, il paraît impossible qu'elle ne soit pas l'oeuvre d'un membre de cette famille Le Mercier qui fournit, pendant près d'un siècle, de 1530 à 1620, des maîtres d'oeuvre à beaucoup d'églises de la région.

Assez longtemps avant la destruction de l'ancienne église Notre-Dame, un membre de cette famille, Pierre Le Mercier, avait dirigé, dans cette même église, des travaux de quelque importance. Son épitaphe existe encore, débris heureusement conservé de sa dalle funéraire, au milieu des degrés qui descendent du grand portail dans la nef. Bien que cette épitaphe ait été déjà publiée par MM. Henri Le Charpentier et Eugène Leièvre-Pontalis, nous ne croyons pas inutile de la donner ici de nouveau. Elle est aujourd'hui à demi effacée. En voici le texte, tel que nous l'avons relevé avec soin en 1885 :

Ces cinq lignes sont gravées au bas de la pierre, qui mesure actuellement 0 m. 95 de largeur sur 0 m. 46 de hauteur, et sur laquelle on voit encore la partie inférieure du corps des deux défunts, représentés debout. Leurs effigies étaient encadrées par deux colonnes dont les socles sont décorés de tètes de chérubins. On observera que la date du décès de la femme est restée en blanc. Jeanne Fourmont survécut donc à son mari.

Après le jubilé de 1555, selon l'auteur des Antiquités et singularités de la ville de Pontoise, Noël Taillepied, qui écrivait en 1587, la fabrique entreprit d'édifier ou plutôt de parachever des chapelles autour du choeur de Notre-Dame, car d'autres travaux avaient eu lieu antérieurement, et l'on en peut juger par le style d'un fragment, le seul subsistant, avec la belle Vierge dont nous parlerons plus loin, de l'église détruite en 1589. Ce débris est heureusement significatif et mériterait à ce titre beaucoup plus d'attention et de soin qu'on ne lui en accorde. C'est un fronton presque identique, par sa forme et ses dispositions générales, à celui qui surmonte la porte nord du transept de Saint-Maclou. Ce fronton, à l'église Notre-Dame, couronnait évidemment aussi une porte secondaire, et la tablette qui le termine à la partie supérieure ne permet pas de douter qu'au-dessus il existât une fenêtre, comme à Saint-Maclou. Le style très fantaisiste de ce morceau, exclusif de tout emprunt à l'antiquité classique, indique, à coup sûr, une date antérieure à 1555. Pour ma part, je n'hésite pas à le placer aux environs de 1540. L'attribution à Pierre Le Mercier, qui travaillait à Saint-Maclou en 1552 et que son épitaphe, en 1570, qualifie de maître-maçon de l'église Notre-Dame, est-infiniment vraisemblable. On saisira combien la parfaite analogie du fragment dont il s'agit avec le portail nord de Saint-Maclou fortifie l'hypothèse de M. Palustre attribuant à Pierre Le Mercier tout le côté septentrional de cet édifice, et le rôle appréciable que peut jouer ce nouvel élément du problème dans l'histoire des origines artistiques de Saint-Eustache de Paris.

Profil de la ville de Pontoise par Israël Silvestre 1650

Malgré la date avancée de Notre-Dame de Pontoise, il est bon de remarquer que les voûtes, aussi bien les voûtes en pierre des bas-côtés que les voûtes en bois de la nef, reposent encore sur des croisées d'ogives, comme à la période gothique. Quant au choeur, si pauvre d'aspect, il témoigne, comme beaucoup d'autres, de la parcimonie des gros décimateurs, dans l'espèce, des bénédictins de Saint-Martin de Pontoise.

Un souvenir précieux de l'ancienne église est la grande statue de la Vierge (2 mètres de haut), qui n'a jamais cesse d être lobjet d un pèlerinage et le caractère déjà maternel et humain, en dépit des proportions en quelque sorte hiératiques; mais on n'a pas assez fait ressortir ce qu'elle était réellement, la statue-trumeau de l'un des portails de l'église détruite en 1589, du portail ouvert à l'extrémité du bras nord du transept, ainsi que nous l'apprend Taillepied. Les proportions allongées, si convenables pour un pareil emplacement, le dragon vaincu sous les pieds de Marie, constituent, à cet égard, des preuves sans réplique.

Il n'y a pas lieu d'identifier la statue dont il s'agit avec une image de la Yierge dont une charte de 1231 nous fait connaître l'existence. Cette image était voisine d'un tronc, et les fidèles y faisaient brûler des chandelles et des cierges. Elle était donc placée à l'intérieur de l'église. M. Coquelle, qui s'est prononcé, non sans embarras, pour l'identification des deux statues, n'a pas reconnu la destination primitive de celle que l'on vénère aujourd'hui. La date 1231 ou, à plus forte raison, une date antérieure, notre savant confrère l'a bien senti, ne saurait convenir à la statue actuelle, qui appartient à l'art du milieu ou de la seconde moitié du Xme siècle.

La chapelle dans laquelle est conservée cette statue occupe l'angle sud-ouest de l'église et possède un accès direct par le porche en pierre du XVme siècle, à trois arcades, qui précède la façade. Cette chapelle, construite au XIXe siècle, est très petite et du plus mauvais style. Elle renferme une touchante inscription, témoignage de la protection accordée par Marie à la ville de Pontoise.

source :

  • Titre : Excursions archéologiques dans le Vexin français
  • Auteur : Régnier, Louis
  • Éditeur : E. Dumont (Paris)
  • Date d'édition : 1922

photo pour Eglise Notre-Dame

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 152583
  • item : Eglise Notre-Dame
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Val-d'Oise
    • Pontoise
  • Code INSEE commune : 95500
  • Code postal de la commune : 95000
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1926/06/16 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/05/14

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Dans l'agglomération nouvelle de Cergy Pontoise
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : f164f89d9f4d0dc270a1d4cd7f890cd5.jpg
  • Détails : Eglise Notre-Dame : inscription par arrêté du 16 juin 1926
  • Référence Mérimée : PA00080166

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin