Site archéologique de Sainte-Sigolène

Moyen âge

Au-dessous du village, restes de l'église du monastère de Sainte-Sigolène, connu sous le nom de Troclar. A Lagrave, ancien château de Lagrave, de forme triangulaire comme celle du terrain sur lequel il est bâti ; reconstruit sur ses anciens fondements en 1750. Tour carrée réduite à la hauteur du château, 17m,60, à l'époque de la Révolution ; tour du nord, détruite en grande partie, n'a plus que 3 mètres de hauteur. Château se reliant aux anciens murs de défense et remparts aujourd'hui transformés en habitations, aux fossés de la ville d'un côté, et défendu par la rivière de l'autre. Église paroissiale de Sainte-Sigolène, construction récente, voûtée. Une nef ; huit chapelles. Longueur, 30 mètres; largeur, 8 mètres; hauteur, 10 mètres. Peintures avec médaillons et arabesques sur fond d'azur; tableaux sur toile fort remarquables. Clocher, a 5 mètres.

Source : Répertoire archéologique de la France par Hippolyte Crozes 1865.

Monographie communale

Sur les bords du Tarn, entre Marssac et Lagrave, mais bien plus près de cette localité, existait au VIIe siècle, au lieu de Troclar, un monastère de religieuses qui avait été fondé par sainte Sigolène. Sigolène était issue d'une famille noble et ancienne. Un de ses ancêtres, saint Firmin, avait été évêque d'Usez, et de ses deux frères, l'un nommé Babon, fut gouverneur d'Albigeois, et l'autre, Sigivalde, fut, à ce qu'on croit, évêque de Metz. Chramsice son père la fit élever d'une manière chrétienne et la maria, à l'âge de douze ans, à un seigneur du pays nommé Gisulphe ; Sigolène, comme une autre sainte Cécile, pria son mari de vouloir bien agréer qu'elle gardât sa virginité ; ce qu'il lui accorda, et ils vécurent dix ans ensemble comme frère et sœur, exerçant à la piété et distribuant l'aumône. Gisulphe étant mort, Sigolène résolut de se donner entièrement à Dieu. l'évêque d'Albi la consacra diaconesse, et son père, pour favoriser le désir qu'elle avait de se retirer du monde, lui fit bâtir un monastère dans une de ses terres à Troclar. Sigolène se retira dans ce lieu et y fut suivie par plusieurs jeunes filles d'une naissance distinguée qui embrassèrent avec elle la vie monastique sous la règle sainte, c'est-à-dire sous celle de saint Benoit ; elle fut abbesse de ce couvent et vécut à Troclar pendant plusieurs années, édifiant sa communauté par la pratique de toutes les vertus religieuses, et par l'austérité de sa vie. Après plusieurs jours de maladie pendant laquelle elle fut visitée par son frère Sigivalde, Sigolène mourut le 24 juillet, entourée de toutes ses religieuses éplorées qui la virent, en ce moment suprême, enveloppée tout entière d'une clarté céleste. Selon la coutume on lava son corps, et il se répandit alors une odeur si suave que tout le monastère en fut embaumé. On l'enterra dans un endroit voisin appelé l'isle, insula, où était le cimetière des religieuses et où Ghramsice avait fait bâtir un oratoire en l'honneur de saint Martin, avec un hospice pour les pèlerins ; elle fut déposée à côté de l'autel. Sigolène avait fait pendant sa vie plusieurs miracles, et Evantius et Gisloalde, abbés du voisinage, en avaient été les témoins ; de nouveaux miracles s'opérèrent sur son tombeau, et la réputation de sainteté qu'elle avait acquise de son vivant, se confirma et se fortifia après sa mort. Ses reliques restèrent pendant longtemps à Troclar et furent dans la suite portées à Sainte-Cécile à Albi.

On ne sait pas l'époque précise de la vie de sainte Sigolène, qui doit être rapportée au commencement du VIIe siècle, s'il est vrai que Sigolène fut petite nièce de saint Firmin, évêque d'Usez, de 538 à 553, et qu'elle fut soeur ou nièce de saint Goëric, Babon ou Abbon, gouverneur d'Albigeois en 625 et évêque de Metz en 627. La fête de sainte Sigolène se célèbre le 24 juillet, jour de sa mort. Plusieurs églises du diocèse d'Albi et des diocèses voisins furent placées sous l'invocation de cette sainte dont on honore aussi la mémoire à Metz.

Le monastère de Troclar était, suivant l'usage alors assez ordinaire, un monastère double, c'est-à-dire qu'il renfermait des religieux et des religieuses. L'un d'eux écrivit la vie de sainte Sigolène et la dédia à Aliphia qui, d'abord religieuse du couvent, avait succédé comme abbesse à Sigolène. Les religieux desservaient probablement l'oratoire et prenaient soin des pèlerins. Le monastère, placé sous l'invocation de la sainte Vierge, prit, quelque temps après la mort de sainte Sigolène, le nom de sa fondatrice, et c'est sous ce nom qu'il fut dés lors connu.

On n'a aucun détail sur cet établissement depuis l'époque que nous venons de rappeler jusqu'au milieu du Xe siècle. Vers l'année 974, Garsinde, comtesse de Toulouse, lui donna l'alleu de Béringer et plusieurs autres biens au local de Sarival, avec leurs dépendances, terres, vignes et autres, qu'elle avait achetés à Adémar et à Ricard.

Le monastère de Troclar était alors encore régulier, mais il ne l'était plus exclusivement au XIe siècle, car ses domaines, possédés par Géraud Amélius, seigneur séculier, et par Vidian Ermengaud, archidiacre de la cathédrale d'Albi, qui s'en disait abbé et le faisait desservir par quelques clercs dont l'un se qualifiait de prévôt, furent donnés le 4 des nones d'avril 1062, suivant les prescriptions du concile de Toulouse, commandant aux séculiers de restituer les biens des églises qu'ils avaient usurpés, à l'abbaye de Saint-Victorde-Marseille. D'après l'acte d'union écrit par le moine Mantfred, Géraud et Vidian, du consentement des clercs et des religieux, donnèrent deux églises qui avaient été fondées dans le comté d'Albi en un lieu appelé Lagrave, l'une sous l'invocation de sainte Sigolène, dans laquelle la sainte avait été enterrée et où son corps reposait encore, et l'autre, tout auprès, sous l'invocation de saint Pierre et dans laquelle Sigolène avait vécu avec ses religieuses, la dime de ces églises, le cimetière, les oblations des fidèles « pour la rémission des vivants et des morts, » et les condamines « qui sont auprès du cimetière de sainte Sigolène jusqu'au chemin public et au Tarn, » et de plus l'emplacement pour construire un moulin sur cette rivière.

Le 21 avril 1095 le pape Urbain confirma au cardinal Richard, abbé régulier de Saint-Victor-de-Marseille, la possession de plusieurs abbayes et prieurés, nommément les couvents de Castres et de Sorèze, et lui confirma probablement aussi celle du monastère de Lagrave. Le pape Paschal II, en 1114, approuva de nouveau l'union du prieuré de Sainte-Sigolène à l'abbaye de Saint-Victor-de-Marseille, et depuis l'abbé y entretint exactement une communauté de religieux. La conventualité se conserva à Lagrave jusque vers la fin du XIVe siècle, mais elle cessa alors par l'union du prieuré au collège régulier de Saint-Germain-de-Montpellier que le pape Urbain V fonda pour des religieux de la même abbaye de Saint-Victor.

Le prieuré de Lagrave était attaché alors au prieuré d'Ambialet, dépendant toujours de l'abbaye de Saint-Victor. Au commencement du XVe siècle, le seigneur de Lagrave empêcha l'abbé de percevoir les censives et les rentes du prieuré, par la raison que ces rentes devaient être exclusivement employées aux réparations de l'église du lieu, et que le prieur devait faire hommage au seigneur. Il en fut ainsi pendant près de trente ans, et enfin, en 1455, Jean de Voisins, seigneur d'Ambres et de Lagrave, déclara au religieux Raimond Gastraing, fondé de pouvoir de l'abbé de Saint-Victor, prieur d'Ambialet, qu'il lui laisserait lever sans aucune entrave les revenus du monastère, « ne voulant pas occuper mal à propos les biens de l'église pour ne pas charger son âme et celle de ses prédécesseurs ».

Le prieuré de Lagrave avec celui d'Ambialet fut attaché à l'office de cellerier du nouveau collège de Saint-Benoît et Saint-Germain-de-Montpellier. Frère Bosquerini, cellerier, étant mort vers 1530, les religieux Pierre Nogarède, Gilbert de Montelles et Jacques de Manso se disputèrent la possession du prieuré ; la cour ordonna qu'il fût séquestré ; mais avant que son arrêt fût mis à exécution, frère de Montelles se transporta à Lagrave et afferma tous les fruits du prieuré à Segonsac et à Cotholy pour le prix de 647 livres. Ceux-ci furent troublés dans la perception des fruits par frère Antoine Albi, syndic du collège, qui vint inopinément sur les lieux, loua plusieurs ouvriers, fit battre une partie des gerbes du sol de Lacourtade, vendit le blé au prix de 42 carolus le setier, et repartit à l'instant pour Toulouse. La cour nomma aussitôt un commissaire pour informer sur ces excès, et Henri Lafont, lieutenant du viguier d'Albi, fit une enquête à ce sujet les 7, 8 et 9 juillet 1530.

Enfin, le collège de Saint-Germain ayant été sécularisé, au XVIe siècle, pour former le chapitre de la nouvelle cathédrale de Montpellier, le prieuré de Sainte-Sigolène fut annexé au grand diaconat de ce chapitre.

Le lieu de Lagrave, qui a fini par donner son nom au monastère fondé par sainte Sigolène à Troclar, occupe une des positions les plus fortes sur la pointe d'un plateau resserré entre deux ruisseaux, aux berges escarpées, qui vont presque joindre leurs eaux en se jetant dans le Tarn à quelques mètres du village. Lagrave était une place importante pendant tout le moyen âge.

Dès le milieu du XIIe siècle, les seigneurs ou les principaux habitants de Lagrave commencent à figurer dans l'histoire. En 1150 Guiraud de Bec et Guillaume de Grave donnèrent à Alexandre, abbé de Grandselve, toutes leurs propriétés au bois de Candeil pour y élever une maison religieuse. Cette donation faite pro remedio animarum nostrarum, porterait à croire que ces deux seigneurs avaient embrassé les doctrines prêchées par Pierre de Brueys et Henri, et que, convertis par saint Bernard, ils voulaient, en se dépouillant d'une partie de leurs biens pour fonder un monastère, faire preuve de leur retour sincère dans le giron de l'Eglise romaine. R. de Grave fut un des témoins de l'acte par lequel les clercs de l'église d'Albi prièrent, en 1205, l'évêque Guillaume Pétri d'occuper la charge de prévôt.

Le château de Lagrave fut pris par Simon de Montfort, qui y laissa une garnison ; mais lorsque en 1211 le comte de Toulouse eut remis sous son obéissance la plupart des villes de l'Albigeois, les habitants de Lagrave tuèrent le gouverneur et firent main basse sur tous les Français. Pierre de Vaucernay nous a transmis les détails de cette action dont un ouvrier de la localité donna le signal. Le gouverneur faisait réparer des tonneaux, et comme il surveillait le travail, le tonnelier le pria d'examiner les pièces, et au moment où il se courbait pour en voir une de plus près. il lui donna un coup de hache sur la tète et le tua. A cette nouvelle, Baudouin, frère de Raimond VI, allié de Simon de Montfort, accourut avec toutes ses troupes à Lagrave ; il n'eut pas de peine à s'en emparer, car aussitôt que les habitants aperçurent ses enseignes sur lesquelles étaient empreintes les armes de Toulouse, ils crurent que c'était le comte lui-même qui venait à eux, et ouvrirent leurs portes. Baudouin, à peine entré, les fît passer tous au fil de l'épée. Lagrave retourna bientôt après sous l'obéissance du comte de Toulouse. En 1227 il fut assiégé par Humbert de Beaujeu, gouverneur de la province pour le roi, et chef de la guerre contre Raimond VII.

Pendant les guerres religieuses du XVIe siècle, les environs de Lagrave furent ravagés par les protestants ; le château lui-même tomba en leur pouvoir en l'année 1573. Les protestants de Réalmont, conduits par le capitaine Dupuy, s'en emparèrent, quelques jours après le 9 mars, et le gardèrent plus d'une année. Au mois d'octobre 1574, le sergent Combes, à la tête d'une compagnie de soldats du viguier d'Albi, se rendit auprès de Lagrave. II posta ses troupes en embuscade, et, de bon matin, envoya par un petit garçon porter en présent au gouverneur un paquet bien enveloppé. La porte s'ouvre, on entoure l'enfant, on lui prend son paquet et on s'empresse de voir ce qu'il renferme ; la curiosité est vivement excitée par les enveloppes nombreuses qu'il faut déchirer successivement, et enfin par un magnifique pistolet qu'elles recouvraient ; soldats et habitants le font passer de main en main pour le voir de plus prés et en admirer la beauté. Pendant ce temps le sergent Combes amène ses soldats aux pieds des murs, place ses échelles et entre dans la ville au moment où, la curiosité satisfaite, soldats et habitants retournaient dans leurs maisons. Une femme aperçoit alors le sergent catholique et donne aussitôt l'alarme en s'écriant : Hé, mes amis, Labragarde est là. Les protestants prennent leurs armes, mais il était trop tard : les catholiques les massacrèrent presque tous ; ceux qui purent échapper s'enfuirent en toute hâte vers Marssac.

Le château de Lagrave était du nombre des localités du comté de Toulouse et de la vicomte d'Albi qui furent données à Simon de Montfort et puis à Philippe de Montfort, sous le nom de seigneurie de Castres. En 1258 Philippe de Montfort céda à Pierre, vicomte de Lautrec, et à Vacquerie de Monteil-Adhémar, son épouse, ses droits sur le château de Lagrave. Philippe et Pierre étaient en désaccord, comme nous l'avons dit ailleurs, au sujet des limites de la terre de Brens, appartenant à Vacquerie, et sur la moitié du port de l'isle. Sainte Sigolène avait été enterrée dans l'isle qui avoisinait son monastère de Troclar, et il est a croire que c'est du port de ce lieu qu'il est question dans l'acte d'accord de l'année 1258 entre Philippe de Montfort et les époux Pierre et Vacquerie, par lequel Philippe se désista de ses prétentions sur l'isle et abandonna de plus le château voisin de Lagrave.

La seigneurie de Lagrave appartint donc, à dater de 1258, à Pierre de Lautrec et à Vacquerie. Cependant la famille de Grave devait peut-être la tenir de la même manière que la famille de Pierre avait la terre de Brens sous la domination des mêmes Pierre et Vacquerie. En 1259, Pierre de Grave, avec quelques autres des principaux seigneurs de la sénéchaussée de Carcassonne, soutint le sénéchal dans ses démêlés à main armée avec l'évêque d'Albi ; il figure parmi les cavaliers qui composaient les garnisons des places fortes de la sénéchaussée de Carcassonne, à la solde de 5 sols par jour.

Vacquerie de Monteil-Adhémar, veuve de Pierre de Lautrec, apporta ses droits sur Lagrave à Jourdain de Lille, son second époux. La seigneurie de Lagrave et celle de Puillacher échurent, dans le partage de la succession, à Jeanne de Lille-Jourdain, une de ses filles qui avait épousé Amalrie, vicomte de Narbonne ; celle-ci, avant l'année 1313, les donna à Guillaume de Narbonne, un de ses fils ; Jean de Narbonne, fils du précédent, épousa Catherine de Roquefeuil et eut deux enfants qui moururent en bas âge ; il se qualifie dans son testament de l'année 1360 de chevalier, seigneur de Lagrave et autres places, et se dit héritier universel de Guillaume de Narbonne.

La seigneurie de Lagrave passa entre les mains de la famille de Voisins, seigneur d'Ambres, vicomte de Lautrec ; en 1455 Jean de Voisins en était possesseur. Le titre de baron était attaché à cette seigneurie dès les premières années du XVIIe siècle. Le cadastre de Lagrave, qui date de cette époque, nomme messire Marc-Antoine de Voisins comme seigneur et baron de Lagrave. Messire de Pujol est indiqué en qualité de seigneur de Lagrave sur le carc de la communauté et sous la date du 10 avril 1671. La famille de Pujol conserva cette seigneurie avec tous droits de justice jusqu'à la Révolution. Elle levait un droit de péage qui fut supprimé par arrêt du 1er mars 1749. La communauté servait annuellement au seigneur une albergue de 22 livres 10 sous.

Les habitants de Lagrave avaient droit de pâturage, herbage et glandage au bois d'Ardorel appartenant au seigneur ; la communauté avait la banalité du four du village, le péage et port du Tarn, et la jouissance au XVIIe siècle des fossés de la ville, le tout sous une albergue annuelle et perpétuelle de 22 livres 10 sous et 25 sous d'arrière-capte.

Il y avait à Lagrave deux consuls. Le conseil de la communauté tenait habituellement ses assemblées devant la porte d'entrée de la ville, sous la présidence du juge. En 1711 la viande pour Lagrave se portait à 2,757 liv. 1 sou 7 deniers sans y comprendre 58 1. 1 s. 10 d. pour le droit de pezade et les dépenses communales qui étaient de 24 l. pour les livrées consulaires, ou bien, d'après un autre état, 14 l. (9 pour le premier et 6 pour le second), 3 l. pour les gages du valet consulaire, et 22 l. 10 s. pour l'albergue due au seigneur, etc. Cette albergue ne figure pas sur les comptes postérieurs à l'année 1711. En 1764 la mande s'élevait à 3,384 l. 8 s. 10 d.

Le premier archidiacre de Montpellier était, avons-nous dit, prieur de Sainte-Sigoléne-de-Lagrave; il prenait en cette qualité les dîmes de la paroisse et une portion de celles de Saint-Michel-de-Gaillac portées au dimaire de Sainte-Sigolène.

La paroisse de Lagrave comprenait la communauté de Lagrave et celle de Lacourtade, située de l'autre côté du Tain; elle était desservie par un vicaire perpétuel pensionné par le prieur et présenté par lui à la nomination de l'archevêque.

L'église principale de Lagrave était l'église de Sainte-Sigolène située aux bords de la rivière. Au commencement du XVIIe siècle, on construisit dans le village une chapelle de dévotion, et bientôt on y fit le service divin. Les habitants de Lacourtade réclamèrent auprès de l'official d'Albi contre l'abandon de l'église de Sainte-Sigolène ; et l'official, en 1654, ordonna au recteur de dire à cette église, et non à Lagrave, la messe paroissiale et d'y faire le service, sous peine de suspension. De nouveau, en l'année 1700, l'archevêrque Legoux de la Berchére défendit au curé de baptiser, marier et enterrer personne dans la chapelle du village, et déclara l'église de Sainte-Sigoléne matrice de la paroisse.

Il rendit cette ordonnance à la suite de sa visite du 15 juin 1700. L'église était alors en très-bon état; toutes ses parties, le chœur, la nef et les deux chapelles de chaque coté, étaient voûtées d'arête. La deuxième chapelle, côté de l'évangile, était affectée à la famille Barthe qui y avait sa sépulture, et les deux du côté de l'épitre étaient affectées, la première au sieur Dussap, juge de Lagrave, et la seconde a la famille Ségonzac, qui y avait droit de sépulture. Ségonzac avait fondé dans cette église une chapellenie qui obligeait à dire deux messes par semaine et qui était dotée d'une rente de deux barriques de vin, de 3 setiers de blé et de 3 s. de seigle. Plusieurs pierres tombales se voyaient dans la nef. La chaire était en pierre et d'un style ancien. Le clocher, en forme de tour carrée, était placé au fond de la nef.

Mais les habitants de Lagrave allèrent toujours de plus en plus rarement à Sainte-Sigoléne ; ils firent à diverses reprises des démarches auprès de l'autorité diocésaine pour obtenir la translation de l'église paroissiale à la chapelle du village, toujours inutilement jusques en 1762, que leurs vœux furent exaucés. L'église de Notre-Dame du village, qui fut déclarée alors église paroissiale, avait été visitée aussi en 1700 par l'archevêque. Elle était ornée de deux grands tableaux de chaque côté de l'autel et de six tableaux dans la nef, la Visitation, l'Assomption, N. S. arec les docteurs, l'Annonciation, la Circoncision et la Nativité. Au milieu de l'autel était un petit tabernacle tout doré avec une statue de la Vierge tenant l'enfant Jésus sur le bras gauche et un sceptre de la droite. Un grand vestibule de la largeur de l'église précédait la porte d'entrée et présentait, à droite, un autel, et au-dessus un grand tableau de N.-D. de Piété. Cette chapelle était en grande vénération dans la contrée, et les fidèles s'y rendaient en foule, surtout aux fêtes de la Vierge et principalement à la Nativité ; les paroisses voisines y allaient en procession chaque année depuis la Pâques jusqu'à la récolte.

L'église de Sainte-Sigolène a été détruite au commencement de ce siècle, mais on en connaît l'emplacement par le cimetière à côté duquel elle était, et qui a été conservé. A un des angles du cimetière est une tour informe (qui était un des piliers de l'ancienne église), contre laquelle un des curés de Lagrave a fait appliquer une pierre de grès avec l'inscription suivante : ICI MOURUT Ste SIGOLENE VEUVE D'ALBI DANS SON MONASTERE DE TROGLAR AU MILIEU DU VIIIe SIECLE. C'est là une heureuse et pieuse pensée, de perpétuer par un monument, dans un temps si oublieux, le souvenir de la sainte qui a passé sa vie dans le pays en faisant le bien.

Non loin de cette église, qui est celle où sainte Sigoléne fut enterrée, et sur une petite élévation vers le nord-est, était le monastère de Troclar. On y voyait des restes de murs en 1700 lors de la visite de l'archevêque ; aujourd'hui tout a disparu : les fondements ont été arrachés et suivis jusqu'à la dernière pierre, et la charrue trace sans obstacles son sillon sur ce sol consacré autrefois à la prière.

L'église de Lagrave a été rebâtie il y a une dizaine d'années ; elle n'a aucun style architectural, mais elle est spacieuse, peinte et bien ornée. On y remarque deux petits retables et quelques tableaux au fond de la nef, sans doute ceux qu'avait notés l'archevêque en 1700 ; plusieurs sont d'une bonne exécution. Dans le sanctuaire, derrière l'autel, se trouve, incrustée dans le mur, la statue en bois doré de la Vierge pour laquelle le peuple a une grande vénération. Lagrave est bâtie à l'angle formé par deux ruisseaux profonds qui vont se joindre avant de se jeter dans le Tarn. Un grand fossé, dont on reconnaît encore les traces, défendait du côté de la plaine l'entrée de la ville. Le château occupe l'extrémité de l'angle et a une forme irrégulière se approchant beaucoup de la lettre V. Les fondements et quelques mètres de mur paraîtraient avoir été bâtis depuis longtemps ; mais ils n'offrent aucun caractère architectonique. Ce château, au reste, a été remanié au siècle dernier, et est resté inachevé.

Source : Monographies communales ou, Étude statistique, historique et monumentale par Élie A. Rossignol 1864.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 132829
  • item : Site archéologique de Sainte-Sigolène
  • Localisation :
    • Midi-Pyrénées
    • Lagrave
  • Code INSEE commune : 81131
  • Code postal de la commune : 81150
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • site archéologique
    • cimetière
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1992/11/17 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/08/30

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :3 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • décor intérieur
    • crypte
    • sol
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • propriété d'une personne privée 1992
    • propriété de la commune
  • Détails : Crypte de Sainte-Sigolène et nécropole du Haut-Moyen-Age environnante, ainsi que le sol et le sous-sol pouvant renfermer des vestiges archéologiques (cad. ZA 762, 763, 765) : inscription par arrêté du 17 novembre 1992
  • Référence Mérimée : PA00095673

photo : moyenage

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photo : M.Cl - P