photo : A. Lavalade
Cette voie entrait sur le territoire de Moissac par la vallée du Lembous, un des affluents du Lemboulas. Elle passait à Feytou et à Lalande, longeait les coteaux de Saint-Amans, de Malari, de Pinhols, de la Déroucade, et, parvenue à l'extrémité inférieure du faubourg qu'on désigne aujourd'hui sous le nom de Sainte-Blanche, se divisait en deux branches presque égales. La branche septentrionale aboutissait à la porte de Guileran, la branche méridionale à la porte de Malaveille. Une voie de ceinture reliait cette voie à la voie de Penne et à la voie Tolzane. On ignore si, alors. les communications étaient interrompues entre les portes Saint-Jacques et Sainte-Catherine, comme dans le XVIIIe siècle.
Un titre des archives de l'abbaye, d'après lequel Raymond, fils de Guillaume, concéda, pour le salut de son âme et des âmes de ses parents, au mois d'avril 1113, aux apôtres Pierre et Paul et au monastère de Moissac, en la personne de l'abbé Ansquitilius, les dîmes et l'église de Saint-Germain, en échange de deux chevaux excellents évalués 500 sous et d'un très-beau mulet du prix de 200 sous, constate d'une manière certaine l'existence de la voie qui nous occupe. On trouve, en effet, dans la partie de ce titre relative à la délimitation de la paroisse de Saint-Germain, le passage suivant, que nous reproduisons textuellement : « Habet enim adjun censias, ex parte orientis fluvium que dicitur Ambolas, et dividitur cum parrochia Sante-Liberate, ex parte meridiano magnum fluvium Tarais, ex parte aquilonis strata publica que dicitur Amlaner, ex parte occidentis, ut dividitur cum parrochia Moysia censi ecclesie Sancti-Michaelis. »
La même voie était désignée indifféremment dans les XVe et XVIe siècles, tantôt sous le nom de Chemin public gravé de Moissac â la Croix de Lauzerte, tantôt sous celui de Chemin royal de Sainte-Blanque (Archives de l'hôtel-de-ville, Andur., n° 2632, 2445 et 2169).
[...]
On trouve dans le répertoire d'Andurandy, sous le n° 5798, l'analyse d'un acte de la fin du XIIe siècle, d'après lequel Raimonde et ses enfants donnèrent au monastère de Moissac la moitié de l'église de Saint-Germain-sur-Garonne, dans Villelongae ; or, puisque l'église de Saint-Germain était dans la villa Sarpanas dans le VIIe siècle, on est en droit d'affirmer que les noms de villa Sarpanas et de Villelongue ont désigné successivement le même lieu.
[...]
Le monastère de Bonneval n'étant pas mentionné dans une bulle d'Alexandre III de 1162, qui rappelle la donation de l'église de Castelsarrasin, faite par Izarn, évêque de Toulouse, de 1070 à 1105, on a cru pouvoir affirmer, dans le temps, d'après ce titre, que, en 1162, il n'y avait déjà plus à Castelsarrasin qu'une église paroissiale relevant de Moissac. On s'est trop hâté de conclure.
Bien que la carte du département de Tarn-et-Garonne constate l'existence des ruines d'un ancien couvent près de Castelferrus, nous n'affirmons, ni que ces ruines sont les restes du monastère de Bonneval, ni que ce monastère existait encore dans le XIIe siècle. Notre réserve est motivée sur ce que, à l'exception de l'acte de 847 enregistré par Andurandy sous les n° 603 et 5970, l'abbaye de Moissac ne possédait pas dans ses archives d'autre titre relatif à Castelferrus et Bonneval. Mais, présumant que Castelferrus et Bonneval furent compris dans les possessions que l'abbé et le couvent de Moissac cédèrent, en 1264, à l'abbé et au couvent de Belleperche, en échange de l'église de Saint-Michel de Donzac, du fief de Picarel et de la terre et de l'honneur d'Auriol, que le vicomte d'Auvillar avait donnés en 1216 à l'abbaye de Belleperche, nous indiquons à ceux que cette question pourrait intéresser le cartulaire de cette dernière abbaye, comme renfermant probablement des titres sans la connaissance desquels il serait téméraire de se prononcer.
Nous n'avons pas les mêmes doutes en ce qui touche l'existence d'un prieuré à Castelsarrasin, après 1162, et sa dépendance de l'abbaye de Moissac. Il est question de ce prieuré, d'abord dans un passage de la bulle de Grégoire IX du 15 des calendes d'août 1240, confirmant les privilèges du monastère de Moissac, ainsi conçu: « ...Et Castri Sarraceni prioratus cum S. Salvatoris et S. Germani ecclesiis, decimis et aliis pertinentiis suis » (Archives de l'hôtel-de-ville, Andur., n° 1657), en second lieu, dans une foule de titres des XVIe , XVe , XVIe et XVIIe siècles.
Comme le constate le passage ci-dessus de la bulle de Grégoire IX, deux églises dépendaient du prieuré de Castelsarrasin en 1240, celle de Saint-Germain et celle de Saint-Sauveur.
Nous ne savons rien de l'église de Saint-Germain.
L'église de Saint-Sauveur existait en 961
Source : Études historiques sur Moissac, par A. Lagrèze-Fossat 1870.