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Dominici, cité par M. Moulenq, rapporte que la fondation de la ville de Lafrançaise eut lieu « sur un emplacement que Philippe-Auguste acheta d'un seigneur de Parazols, pour y loger un corps de 15.000 hommes de guerre, destiné à l'armée des catholiques contre les Albigeois ; d'où le lieu a été appelé Lafrançoise, à cause de la première demeure des François en icelui. »
Cette assertion purement imaginaire ne repose sur aucune donnée certaine, elle est démentie par un factum imprimé.
Ce factum, nous donne, de plus, de longs détails sur des procès agités entre les fermiers du Domaine et les sieurs de Parazols.
Les seigneurs de Caussade, issus, croit-on, des anciens comtes du Quercy et dont le premier connu est mentionné dans une donation de l'an 968 à la cathédrale de Cahors, avaient porté d'abord le titre de vicomte, puis, à la fin du XIIe siècle celui de baron. Leur baronnie embrassait les lieux de Caussade, Monteils, Montalzat, Molières, Puycornet, Lafrançaise, Sainte-Livrade, Vazerac, Lesparre et Espanel, s'étendant ainsi en segment de cercle sur trente-cinq kilomètres de long et quatre de large.
Ces seigneurs prirent souvent le nom de Durfort, lieu dont ils possédaient la seigneurie (Durfort-en-Quercy, entre Moissac et Lauzerte), et déjà le 4 avril 1166, lors de la fondation du prieuré de Francou, près Lafrançaise, nous voyons figurer parmi les donateurs Bertrand de Durfort et ses frères, qualifiés seigneurs de Durfort, de Caussade et de Puy-cornet.
L'hérésie des Albigeois, en infectant le midi de la France aux XIe et XIIe siècles, y provoqua croisade sur croisade, au grand dommage de nos provinces.
Requête de « messire Jean de jagot, evesque de-Lescar, prieur et correcteur de Francou » il demande l'autorisation de mettre en vente, pour payer les taxes de 1586 (96 écus) et de 1588 (45 écus), sommes qu'il trouve d'ailleurs excessives, certaines rentes dont il fournit la liste ou rôle. Signé : de Bismes.
Réponse : Qu'il tâche de payer avec ses revenus ; si c'est impossible, l'archiprêtre de Lauzerte s'informera de ce qu'il y aurait de moins dommageable pour le prieuré et il serait pourvu en conséquence. 22 nov. 1597. Signé : Charron.
Il faut arriver à l'année 1273 pour avoir quelques données sur les personnes et les événements qui nous intéressent spécialement. Les 31 oct. et 3 nov. un habitant de Bénas (actuellement paroisse de Lafrançaise) nommé Gausbert de Aula, fait devant les Inquisiteurs des dépositions qui dénotent plus de grossièreté que de mauvaises intentions. Il proteste de sa foi catholique; mais à des personnes qui disaient croire en Dieu parce qu'il fait le vent et la pluie, il donnait cette réponse (qu'il nous faut reproduire dans la langue dont les mots bravent l'honnêteté):
"Ergo creditis in culum et vulvam". Interrogé: "Si minxit unquam in cimiterio, dixit quod sic, semel prope parietem ecclesie et iterum in quadam extremitate cimeterii de Franco (Francou près Lafrançaise), multotiens in cemeterio ecclesie de Benas, etiam contra parietem vitream, et etiam in die Pasche".
8 avril 1395 à Lafrancaise. Testament de noble Guillaume Bernard de Cantemerle, donzel, habitant Lafrancaise, mais natif de Saint-Sernin de Francou, veut être enterré au monastère de Francou. A chaque prêtre disant messe le jour de sa sépulture 15 deniers tournois et la réfection. Il fonde, au monastère de Francou un obit perpétuel de 5 livres tournoises payables annuellement le jour de la Fête de Saint-Julien ; Laisse à chacun des luminaires de Lafrancaise, Saint-Sernin de Francou (Rouzet), Cougournac et Albernac, 2 sols ; veut qu'une messe soit dite chaque semaine à son intention à Lafrancaise et laisse pour cela 12 livres tournoises; donne à Bertrand, son fils, 100 livres tournoises; institue son héritière universelle Jeanne de Cazelles, son épouse.
8 avril 1395l. Testament de Jeanne de Cazelles, veuve en premières noces de Géraud de Lascouts et maintenant épouse de noble Guillaume Bernard de Cantemerle, veut être enterrée dans l'église de Lafrancaise au tombeau de son premier mari, laisse au luminaire de Lafrancaise 12 deniers tournois; 12 sous tournois pour une messe à dire dans l'an de son décès; aux luminaires de Notre-Dame de Lapeyrouse, Saint-Sernin de Francou, Cougournac, Alvernac, Saint-Maurice à chacun 12 deniers annuellement 10 sols caorcins aux prêtres de Lafrancaise
Source : Bulletin archéologique historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne.