photo : pierre bastien
Notes sur les vicomtes de Toulouse et de Bruniquel.
Benoit dont il est parlé dans la vie de S. Geraud, est le plus ancien vicomte de Toulouse que nous connaissons. Catel fait mention d'un Raymond vicomte et viguier de Toulouse sous le règne du roi Raoul, c'est-à-dire, vers l'an 932. Nous trouvons ensuite un Aton vicomte de Toulouse vers l'an 940 qui à ce qu'il parait était fils, ou petit-fils de Benoit ; et enfin un Adémar aussi vicomte de Toulouse, mentionné vers l'an 961. dans le testament de Raymond. comte de Rouergue.
Un autre Adémar vicomte de Toulouse, étant à l'article de la morts, déclare par un acte qui est sans date, qu'il avait usurpé autrefois l'alleu de Majeuse situé en Quercy, sur l'abbaye de Moissac ; qu'il avait d'abord reçu en fief cet alleu, qui lui portait cent sols de rente, de Guillaume évêque son seigneur, et ensuite de Gausbert abbé séculier de Moissac ; et enfin qu'il avait remis la moitié de cette rente entre les mains de Durand alors abbé de Moissac. Il s'ensuit de là qu'Ademar était vicomte de Toulouse sous l'épiscopat de Guillaume évêque de Cahors, dont nous examinerons bientôt l'époque. Du temps de Gausbert qui fut abbé séculier de Moissac depuis environ l'an 1030. jusqu'en 1063 Sous Durand qui fut élu abbé régulier de ce monastère, vers l'an 1052. et qui ayant été promu à l'évêché de Toulouse en 1059. le conserva avec l'abbaye jusqu'à sa mort arrivée en 1071. Enfin après la mort de ce prélat, puisque parlant de lui, il dit qu'il était alors abbé de Moissac.
Quant à l'épiscopat de Guillaume évêque de Cahors, dont on vient de parler, on peut le placer entre l'an 1023, et l'an 1052. intervalle durant lequel nous n'avons rien sur les évêques de celte église, d'où il s'ensuit qu'Adémar était vicomte de Toulouse au moins vers l'an 1050.
Nous avons une restitution datée de Toulouse, et faite à l'abbaye de Moissac vers l'an 1060. du conseil du vicomte Adémar, et en présence de Pons comte de Toulouse. Ce vicomte vécut encore longtemps après. Il fit une donation à l'abbaye de Moissac en 1074 de concert avec le vicomte Armand, Pons et Raymond, ses frères, et Guillaume son fils. Comme Raymond l'un des frères du vicomte Adémar, prend dans cet acte le nom de Raymundus - Ademarii, c'est une preuve, suivant le style de ce siècle, que leur père s'appelait Adémar : ainsi Adémar vicomte de Toulouse qui vivait en 961. aura été vraisemblablement leur aïeul, et leur aura transmis son nom et ses domaines. On ne voit parmi ces quatre frères qu'Armand et Adémar qui avaient pris le litre de vicomte. Ils possédèrent la vicomté de Toulouse par indivis, avec leurs autres biens situez la plupart dans le Querci, comme il parait entre autres par la fondation qu'ils firent conjointement en 1083. d'un prieuré sous la dépendance de Moissac, auprès du château de Bruniquel. Il est encore fait mention du vicomte Adémar dans un acte postérieur à l'an 1085. Nous trouvons enfin un Adémar vicomte de Toulouse en 1098.
Il résulte de ce que nous venons de dire, qu'Adémar III a été vicomte de celte ville depuis environ l'an 1050. jusqu'en 1098. et qu'ainsi c'est à celte dernière année qu'il faut rapporter l'acte qu'il fit étant au lit de la mort, et dont nous avons déjà parlé. Que ce même Adémar n'est pas différent d'Adémar qualifié avec son fils princes de la province de Cahors, lesquels fondèrent en 1090 indiction 14. du conseil de Geraud évêque de Cahors, et de Guillaume comte de Toulouse, le prieuré de S. Gilles de Negreplisse. Il est fait mention dans le cartulaire de S. Sernin de Toulouse d'Adémar vicomte de Bruniquel, dans un acte sans date fait en présence de Raymond Ebon évêque de Lectoure et prévôt de la cathédrale de Toulouse, lequel posséda cet évêché depuis l'an 1061, jusqu'en 1097. ce qui prouve évidemment qu'Adémar III. vicomte de Toulouse prenait aussi le litre de vicomte de Bruniquel : car on a déjà vu qu'il possedait le domaine de ce château avec son frère Armand. C'est à ce dernier titre que leurs successeurs se fixèrent, et à celui de vicomtes de Montclar, château situé sur les frontières du Querci dans le voisinage de celui de Bruniquel, parce que ces deux châteaux étaient les principaux lieux de leur domaine ; en sorte que depuis Ademar III il ne parait pas qu'ils aient pris le titre de vicomtes de Toulouse.
Guillaume de Toulouse et son fils Pons, accordèrent en 1163.6 à l'abbaye de Grand-Selve une exemption de péage sur leurs terres. Nous trouvons encore dans un acte du carlulaire de S. Sernin, daté du mois d'Août de l'an 1173. un Pons de Toulouse vicomte, fils de Guillaume de Toulouse de Monclar. On voit par là que ce Guillaume descendait d'Adémar III vicomte de Toulouse, s'il n'était pas le même que son fils de ce nom, et que ce dernier eût le château de Monclar, en partage. Ce Guillaume père de Pons, n'est pas différent sans doute du vicomte de Monclar, dont on ne marque pas le nom, et qui en 1153 échangea le château de Jancs Méjanes en Albigeois contre la troisième partie du château de Montclar, que la vicomtesse de Montredon lui céda. Le même Guillaume eut une fille, et nous trouvons en 1159. un Armand de Montpezat (en Quercy), gendre de Guillaume de Toulouse. Nous apprenons enfin que Raymond V comte de celte ville, donna en fief le premier d'Avril de l'an 1177. au même Armand de Montpezal, à Bertrand son frère et à Bertrand de Villemur leur beau-frère, les châteaux de Montclar de Montpezat, à condition qu'ils n'auraient aucun commerce avec Pons de Toulouse : preuve que ce comte confisqua alors la vicomté de Montclar sur ce dernier dont nous ne connaissons pas la postérité.
Nous trouvons au XII siècle une suite de vicomtes de Bruniquel qui paraissent être une branche des vicomtes de Toulouse. Nous savons en effet qu'Ademar III vicomte de Toulouse et de Bruniquel eut plusieurs fils.
Nous ne trouvons plus rien sur les vicomtes de Toulouse, de Bruniquel et de Montclar, depuis l'an 1177. jusqu'en 1224. que ces deux dernières vicomtés appartenaient à Raymond le Jeune comte de Toulouse, qui les donna à son frère Bertrand en le mariant avec Comtoresse de Rabastens. Les descendans de Bertrand prirent le titre de vicomtes de Bruniquel et de Montclar, vicomtés qui passèrent dans la suite à une branche cadette de la maison de Comminges. Or ce qui prouve manisfestement que cette vicomté de Bruniquel est la même que celle que possedait Ademar III vicomte de Toulouse au XI siècle, c'est que ce dernier restitua s à l'abbaye de Moissac l'alleu de Majuse , qu'il avait usurpé, et qu'en 1580 Roger, vicomte de Bruniquel, fit hommage du même alleu à Aymeric de Peyrat abbé de Moissac.
C'est tout ce que nous avons pu recueillir sur les anciens vicomtes de Toulouse et de Bruniquel, dont on peut rapporter fort vraisemblablement l'origine à Aton vicomte dans le Toulousain , qui vivait en 807 ou du moins à Benoit qui était vicomte de Toulouse au commencement du X siècle, ainsi que nous l'avons marqué dans sa généalogie des Trencavels, qui, à ce qu'il parait, étaient de la même maison.
Source : Histoire générale de Languedoc par Joseph Vaissète, Du Mège.