st valery sur somme

Saint-Valery-sur-Somme. chef-lieu de canton. de 3674 habitants, comprend deux villes de physionomie distincte : la Ferté ou ville basse et la ville haute, que séparent un quartier mal bâti habité par des pêcheurs, et la longue rue (ancien quai) du Romerel, qui se garnit de belles habitations.

La Ferté, où a lieu tout le mouvement maritime et commercial, jouit d'une belle vue sur la baie de Somme. On y remarque, sur une vieille construction à contre-forts servant d'entrepôt, une plaque en zinc, placée par les soins de la Société française d'archéologie et portant une inscription commémorative du départ de l'armée de Guillaume le Conquérant pour l'Angleterre, en 1066.

La ville haute, ou Saint-Valery proprement dit, est groupée sur un mamelon escarpé du côté de la mer, et entourée encore en partie de ses anciens remparts. Deux des portes de cette enceinte subsistent encore; ce sont : la porte d'Abbeville, ou porte Fides, et la porte d'Eu. La porte d'Abbeville (à l'Est de la ville, du côté de la Ferté) doit son surnom de porte Fides au mot latin Fides, gravé sur un écusson au-dessus de la voûte. Située vers le milieu d'une rampe tortueuse et rapide, cette porte se compose d'une baie ogivale, percée dans un massif carré. A côté, on remarque les ruines d'une vieille tour ronde. La porte d'Eu ou porte Guillaume (à l'Ouest de la ville), plus ancienne que la précédente, date du XII^e siècle ; elle est formée d'une arcade ogivale resserrée entre deux tours rondes, dont le revêtement, en partie détruit, laisse voir la maçonnerie intérieure, composée de gros galets. Ces tours ont conservé leurs mâchicoulis; au-dessous s'étendent des souterrains du XI^e siècle. Près de là, à droite, s'élevait le château fort de Saint-Valery. On retrouve à peine quelques vestiges des constructions de l'ancienne forteresse; mais son enceinte est encore indiquée par de profonds fossés et des talus élevés, au-dessus desquels se dressent de hautes murailles, en partie anciennes (une tour carrée à contre-forts et deux petits culs-de-lampe aux angles S. O. et S. E.) soutenant une terrasse occupée par un beau jardin.

Histoire

Saint-Valery doit son origine et son nom à un saint religieux de l'abbaye de Luxeuil, qui vint fonder, vers 613, au lieu appelé Leucone, un ermitage érigé plus lard en abbaye. La ville naissante fut ruinée deux fois par les Normands, avant la victoire remportée sur eux à Sancourt (13 kilomètres environ au Sud de Saint-Valery), par le roi Louis III en 881. Harold, le compétiteur de Guillaume le Conquérant, ayant été jeté à Saint-Valery par un naufrage, y fut emprisonné quelque temps. En 1066, Guillaume, parti de l'embouchure de la Dive avec une flotte nombreuse, pour faire la conquête de l'Angleterre, fut rejeté par une forte brise du sud vers le port de Saint-Valery-sur-Somme, d'où il ne put appareiller que le 29 septembre 1066.

Plus tard, les rois d'Anglelerre furent pour Saint-Valery des ennemis redoutables, et chaque déclaration de guerre entre les deux royaumes devint pour cette malheureuse ville le signal de nouveaux désastres. Après la bataille de Poitiers (1356), Charles le Mauvais, roi de Navarre, allié des Anglais, s'empara de Saint-Valery, d'où ses troupes répandirent la désolation dans tout le Ponthieu et où elles soutinrent un siège de sept mois, contre les troupes communales de toutes les villes environnantes. En 1475, Louis XI fit brûler Saint-Valery, en même temps que les villes d'Eu et de Cayeux, pour ne pas les livrer au roi d'Angleterre. Au XVI^e siècle, les Ligueurs, les Royalistes et les Espagnols s'en emparèrent tour à tour. Jusqu'à la fin du XVII^e siècle, Saint-Valery ne fit que changer de maîtres; "elle fut tant de fois, dit M. Louandre (Histoire d'Abbeville et du comté de Ponthieu), prise, reprise et ravagée, que l'histoire ne sait pas au juste le nombre de ses malbeurs".

Saint-Valery est la patrie du P. Lallemand, jésuite, et du contre-amiral Ferrée, qui commandait la flottille du Nil, lors de l'expédition d'Égypte.

Source : Itinéraire général de la France : le Nord par Adolphe Laurent Joanne 1869.