Chapelle du Saint-Esprit

Nous espérons pouvoir donner incessamment une liste complète des œuvres des frères Duthoit; en attendant, qu'il nous suffise de dire ici que la belle cathédrale d'Amiens, et les églises de Saint-Germain et de Saint-Jacques de la même ville; la magnifique chapelle du Saint-Esprit de Rue, celle du Petit Séminaire de Saint-Riquier et celle des Dames du Sacré-Cœur d'Amiens, ainsi que le cimetière de la Madeleine de cette ville, et le Cimetière de Doullons, possèdent de curieux morceaux dùs à M. Aimé Duthoit.

Source : La Picardie, revue historique, archéologique & littéraire, Volume 15 1869.

La curieuse chapelle du Saint-Esprit a Rue, élevée en 1440 par Philippe de Bourgogne et Isabelle de Portugal, son épouse, avait été consacrée à l'adoration d'un Christ miraculeux. Cette chapelle, malgré les mutilations dont elle fût l'objet, attire encore les regards des artistes français et étrangers par son architecture et les sculptures qu'elle renferme. M. Cheussey en donne une description détaillée, et termine en disant qu'un projet pour sa restauration a été adressé par lui en 1838: la dépense à faire pour la compléter entièrement est évaluée à 44,000 fr. Le conseil général a déjà voté un premier fonds sur son budget de 1838, et on n'attend pour commencer que l'approbation de M. le Ministre de l'Intérieur. M. Cheussey présente ensuite à la Société les dessins, plans et coupes relatifs aux trois monuments dont il est question dans son mémoire.

Source : Bulletin monumental, Volumes 5 à 6 par Société française d'archéologie 1839.

Le conseil, pour entrer dans les vues exprimées par M. le ministre de l'intérieur, relativement à l'entretien et à la restauration des monuments historiques, vote :

1° Pour la rédaction des dessins et plans propres à faire connaître la convenance des travaux, une somme de 1,500 f
2° Pour la continuation de la restauration de la chapelle du Saint-Esprit, de Rue, une somme de 3,000 f
3° Pour l'église de Saint-Riquier 2,000 f
4° Pour l'église de Poix 500 f
5° Pour celle de Tillolqy 500 f
Total : 7,500 f

Source : Analyse des voeux des conseils généraux de département sur divers objet d'administration et d'utilité publique, soit locale, soit générale session de 1841.

Congrès archéologique de France 1847

L'ancienne église paroissiale de Rue était dédiée à saint Wulphy, qu'on croit avoir été curé de cette ville au VIIe siècle. Au commencement du XIIe, l'an 1100 selon là légende, un habitant de Rue, à marée basse, trouva sur la grève dans une barque échouée, sans rames ni voilure, une image sculptée du Christ en croix. Cette vénérable relique fut conservée avec grand honneur jusqu'en 1793, où les terroristes la brûlèrent. Elle devint l'objet d'un culte célèbre et d'un pèlerinage très fréquenté.

Le crucifix miraculeux fut placé dans le bas-coté nord de l'église paroissiale, bas-côté qui était, paraît-il, dédié au Saint-Esprit. La dévotion populaire confondit de façon bizarre ces deux personnes de la sainte trinité, et le Christ fut toujours, depuis lors, honoré sous le nom de « Saint-Esprit de Rue ».

L'église Saint-Wulphy était vaste et intéressante ; elle datait du XIIe siècle, et son choeur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes avait été fortement restauré vers l'an 1500. Il n'en reste plus rien. Ses voûtes s'effondrèrent en 1798 et on la démolit en 1827 pour la remplacer par la plus mesquine bâtisse que le génie d'un entrepreneur de la Restauration ait jamais conçue. La grande tour, qui servait d'« amer », disparut aussi en 1830. Pour étudier ce monument disparu, il faut se reporter à l'Essai de M. Aufrère, qui a su le ressusciter à l'aide des rares dessins et documents retrouvés.

En 1207, là paroisse de Rue fut divisée en quatre portions, dont deux, sous les vocables de saint Wulphy et du Saint-Esprit, furent desservies dans l'ancienne église, où celle du Saint-Esprit avait son siège dans le bas-côté nord. Au bout d'un siècle environ, on reconnut que le service paroissial et le pèlerinage se gênaient l'un l'autre et l'on éleva, sur le flanc nord du bas-côté, la chapelle dite du Saint-Esprit, réservée au culte du Crucifix miraculeux.

Comme on le verra ci-après, la chapelle actuelle remonte donc au XVIe siècle, et la riche ornementation flamboyante qui la pare n'est qu'un décor ajouté sur les vieilles murailles.

Divers auteurs modernes attribuent de grands travaux, à Philippe le Bon et à sa femme, Isabeau de Portugal. Il est certain que ces princes enrichirent d'objets précieux le trésor de la chapelle ; le P. Ignace en donne rémunération. Mais on ne voit pas qu'ils aient fait travailler au monument. C'est Louis XI qui, en mai 1480, peu après avoir reconquis le Ponthieu, donna 4,000 écus d'or et 400 livres tournois pour être employées en rentes, « afin que icelle chapelle... soit mieux entretenue, décorée et aornée ». Cette décoration et cet ornement furent répandus à profusion pendant les trente ou quarante ans qui suivirent. Après avoir renouvelé l'aspect intérieur et extérieur de la chapelle, on construisit, à l'ouest, le porche, puis la trésorerie, de 1506 à 1514, enfin, on termina les travaux par le portail intérieur, réunissant le porche à la chapelle. C'est au règne du roi Louis XII que se termine la période heureuse des annales de notre monument.

La destruction de la vieille église, à laquelle s'accolait la chapelle, faillit entraîner la ruine de cette dernière. L'église neuve, bien plus exiguë que l'ancienne, laisse un espace vide de six mètres entre son mur nord et celui de la chapelle. Mais ce dernier n'est autre que l'ancien mur nord du bas-côté de la vieille église. Il fallut l'étayer à la hâte. Cependant, la chapelle menaçait ruine de toutes parts ; le doyen Gaudefroy, qui n'avait pu sauver la belle tour, réussit du moins à conserver la chapelle. A partir de 1838, et surtout de 1840 à 1851, une restauration bien entendue, sous la direction de Daniel Ramée, rétablit le noble édifice sur des bases solides ; les voûtes furent démontées et remontées pierre par pierre, le doyen payant de sa personne et excitant le zèle des ouvriers. Dusevel put écrire : « La riche chapelle de Rue est enfin sauvée ! » Elle est classée monument historique depuis 1840.

Le monument se compose de trois parties ; de l'ouest à l'est :

  • 1° la Trésorerie, à deux étages, qui date de 1506 à 1514;
  • 2° le porche ou vestibule, à peu près de la même époque ;
  • 3° la chapelle, du XVIe siècle, presque renouvelée entre 1480 et 1500.

Extérieur

Autrefois accolée à l'église, la chapelle n'a qu'une seule facade, vers le nord.

Son mur sud est l'ancien mur du bas-côté nord de la vieille église ; la chapelle s'accolait aux seconde, troisième et quatrième travées de ce collatéral. Ce mur, de trois travées de long, remonte à l'époque romane. Il est percé, à sa partie haute, de deux petites fenêtres en plein cintre, et, plus bas, de trois arcades en tiers-point, sans aucune moulure, qui donnaient accès du bas-côté dans la chapelle et sont aujourd'hui murées. Dans la première travée-de l'ancienne église, précédant vers l'ouest les trois travées de la chapelle, on voit un portail du style bien caractérisé du XVIe siècle ; il donne aujourd'hui accès au porche, mais devait primitivement ouvrir sur l'extérieur. Ses moulures sont toriques et pourvues d'un large filet. L'arcade, en tiers-point, est simple, ornée de trois têtes humaines, deux à la base de la voussure et une à la pointe. Le tympan plein repose sur un linteau à course de feuilles, très endommagé. Deux colonnettes excessivement grêles, avec chapiteaux à feuilles de rose, soutiennent de chaque côté la voussure de la porte.

Le chevet de la chapelle n'accuse pas moins nettement le XVIe siècle, niais il n'est visible que de la maison voisine : sa fenêtre en arc brisé est surmontée d'une archivolte en larmier, composée d'un tore à filet et d'une contre-courbe faiblement déprimée, retombant sur deux modifions à tête humaine comme au portail qui vient d'être décrit.

Le mur ouest de la Trésorerie, tourné vers une ruelle étroite, n'est pas orné.

La façade comprend trois parties, d'élévation inégale :

  • la Trésorerie
  • le porche
  • la chapelle.

La partie occidentale de la façade, à peu près de même hauteur que le porche, mais cependant mal raccordée avec lui, contient la trésorerie haute et basse.

L'étage inférieur ou rez-de-chaussée est orné de moulures nombreuses, formant un vrai réseau de pierre composé d'arcs en tiers-point trilobe quatre dans chacune des deux travées supportant de petites rosaces à deux mouchettes. Cette partie de la façade est divisée en deux, au rez-de-chaussée, par un contrefort polygonal très saillant, mais très mince et peu élevé, terminé par un pinacle.

photo pour Chapelle du Saint-Esprit

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 132521
  • item : Chapelle du Saint-Esprit
  • Localisation :
    • Somme
    • Rue
  • Code INSEE commune : 80688
  • Code postal de la commune : 80120
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : chapelle
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 16e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : 1992
  • Photo : ff958dd341e98e905d9af547eafd2ab3.jpg
  • Détails : Chapelle du Saint-Esprit : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00116234

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez

photo : joel.herbez