photo : joel.herbez
En 1430, existait aux confins de la Normandie et de la Picardie, sur le plateau du Vimeu, à 6 lieues de la mer, et à une demi-lieue de la délicieuse vallée de la Bresle, entre Abbeville et Blangy, le magnifique et fort castel des sires de Rambures dont il portait le nom. Construit au Xe siècle pour s'opposer aux excursions des Normands, il formait avec la petite ville de Gamaches et le fort de Mouchas â l'ouest, les châteaux de Sénarpont et d'Aumale à l'est, une ligne de défense dont il est facile de comprendre l'importance militaire, lorsqu'on réfléchit au rôle que jouaient à cette époque les châteaux forts.
Le château de Rambures était donc au commencement du XVe siècle, une des places les plus importantes du nord du royaume, et par sa position aux confins de deux provinces puissantes, et par sa construction imposante et hardie. Maintenant encore, du reste, il est facile de juger de sa force, car presque seul en France, ses murs épais ont su résister à la main formidable du temps, et aux coups plus destructeurs peut-être des révolutions.
Son extérieur a subi peu de changement depuis le jour de sa fondation. Ses quatre grosses tours, reliées par des demi-tours, et plongées dans des fossés larges et profonds, n'ont pas laissé échapper de leurs flancs, une seule des briques qui ont servi à leur construction. L'œil étonné du voyageur y chercherait vainement la moindre fissure. Deux ponts-levis, situés l'un au nord, l'autre au sud, permettent seuls l'entrée du château. A environ quarante pieds du sol, et à quatre-vingts du fond des fossés, régne sur tout le pourtour du vieux manoir, une vaste galerie couverte qui formait une de ses principales défenses. Assez large pour permettre aux défenseurs d'y circuler à l'aise, à l'abri des coups du dehors, les créneaux dont elle est percée du côté de la campagne, donnaient aux archers toute facilité pour décocher leurs flèches, tandis que les ouvertures larges, régulières et bien ménagées des machicoulis, offraient aux assiégés le moyen de renverser les échelles des assiégeants, et de jeter jusqu'au pied des tours, la poix, l'huile bouillante, des matériaux enflammés, ou d'énormes pierres.
Çà et là, on voit encore à l'intérieur de cette galerie, et creusées dans la brique, les cavités où l'on entassait ces terribles agents de destruction. De larges plates-formes surmontent les demi-tours. Au moment du danger, elles se couvraient de chevaliers bardés de fer qui, en attendant l'assaut, venaient braver l'ennemi assez imprudent pour oser s'aventurer à portée de l'arbalète. Quatre charpentes de formes coniques, recouvertes par des ardoises, et tellement belles qu'elles ont pu résister aux injures de dix siècles, terminent les quatre tours.
A cette description du vieux castel, ajoutez les sombres voûtes de trois rangées de souterrains, les mille passages secrets, les innombrables cachettes creusés dans des murs dont l'épaisseur, en beaucoup d'endroits, dépasse dix-huit pieds; les escaliers de pierre s'élançant en spirales hardies du fond des caveaux au sommet des tours, puis au-dessus de toute cette masse imposante qu'il domine, le donjon pentagonal terminé par la chambre étroite du Naiu faisant le guet pour donner l'alarme, et vous aurez une idée du château de Rambures.
Source : Rambures: Épisode des guerres du temps de Charles VII Par Albert Du Casse en 1845.
Le ministère présente le château comme un ensemble architectural du milieu du 18e siècle. il complète la description par ses formes qui se présentent comme suit :
Il précise, de plus, que l'ensemble illustre l'évolution d'un domaine au cours des siècles en s'adaptant à la mode des époques successives. Affirmation que l'état général ne peut contredire puisque l'entretien régulier de l'édifice peut seul expliquer son remarquable état actuel.