Ancienne maison communale

On trouve dans les archives parlementaires de 1787 à 1860 (recueil complet des débats), un article voté par l'assemblée nationale qui semble se rapporter à cet édifice :

Art. 14. Commune de Doullens (Somme). Le maire de Doullens, département de la Somme, est autorisé à vendre au sieur Scipion Mourgue, moyennant la somme de 2,500 francs, un terrain communal dit le Marais morveux, contenant 1 hectare 7 ares 03 centiares 40 milliares. et estimé 1,927 francs, suivant procès-verbal du 28 juillet 1807.

Le prix de cette aliénation sera employé aux réparations de la maison commune.

Histoire

Cette bâtisse avant de devenir un office communal était la demeure des ducs de Ponthieu. On note dans l'ouvrage "Archives historiques et ecclésiastiques de la Picardie et de l'Artois" (Paul Roger 1843) le passage suivant qui fait allusion à la construction du beffroi qui surmonte encore la maison :

1363. Lettres de ce prince (roi Jean), datées d'Hesdin, pour la construction du beffroi de Doullens sur l'emplacement de l'hôtel de Beauval, ancienne maison des comtes de ponthieu.

Une plaque commémorative aujourd'hui visible a l’intérieur de l’édifice rapporte les fait suivants :

Cette salle du début du XVe siècle, voutée sur croisée d'ogive supporte le beffroi, autrefois tour de guet et symbole des libertés communales acquises.

Ce bâtiment, dont la façade est en brique et pierre dite "à bossage", a été le siège pendant les XVIIe et XVIIIe siècle de l'échevinnage. Ses fenêtres on été murées après la Révolution.

Le cardinal de richelieu y a séjourné en 1640,pendant le siège d'Arras. Le roi Louis XIV et le Dauphin y ont passé la nuit du 1er Avril 1678.

Changement de propriétaire

Un passage de "Histoire de la ville de Doullens" par Edouard-Eugène Delgove, nous donne la clé du passage de cette maison a la commune :

En vérité, Doullens avait fort à faire avec des voisins d'une humeur si peu tranquille. Les seigneurs de Beauval surtout apportèrent dans leurs usurpations une obstination fatigante. Il leur fallait une leçon sévère qui leur fit perdre l'envie de recommencer. Ils la cherchèrent, cette leçon, et elle leur fut donnée complète. La procédure qui l'amena est intéressante. Nous avons dit qu'en 1286, Philippe-le-Bel, sur les réclamations de la ville, fit défense à Robert de Camp-d'Avesne de surélever, plus que par le passé, la tour qui flanquait son hôtel de Beauval, à Doullens, chef-lieu de recette de ses redevances dans l'intérieur de la ville. Mais des souvenirs qui remontent presque à un siècle de distance s'oblitèrent facilement, surtout lorsqu'on a intérêt à les laisser s'éteindre. Robert de Beauval, chevalier, qui était aussi sire d'Occoche, où il possédait une partie de la ville et terroi, avait précisément de ces défauts de mémoire, qui n'étaient nuisibles qu'à autrui. Oubliant donc l'injonction royale faite à son ascendant homonyme, et fort de la protection du comte de Saint-Pol, il voulut recommencer à inquiéter la commune par une entreprise du même genre. Elle n'eut pas plus de succès que la première ; mais cette fois ce fut un arrêt du Parlement qui interdit à Robert de construire une forteresse à Doullens. Voici la disposition de cet arrêt, qui statue sur ce chef de contestation ; il est du 6 janvier 1363-1366.

« Item sur ce que les dis de Dourlens s'estoient complains en parlement sur cas de nouvelleté dudit messire Robert de Beauval pour sa maison qu'il a à Dourlens, que en leur préjudice vouloit enforcier, et pour une petite loge qu'il avait fait ou encommenchié à édifier de nouvel en sa dite maison, accordé est que la dite maison demourra en l'estat où elle est, sans que li dis chevalier la puisse fortifier, mettre à défense, ne faire-y quelconque signe ou apparence de forteresse autre que à présent y a. Et quant à ladite logette de nouvel édifiée, elle doit estre démolie et mise jus, se ainsi n'estoit que les dis maire et eschevins de leur grace et volenté le veullent donner, délaissier et espargnier au dis chevalier, auquel cas il délairait, il ne pourra icelle ordener ne mettre à deffense, ne faire y pont, lieu ne quelconque signe de forterece ne si successeur. »

Il y a plus, le seigneur de Beauval et d'Occoche avait, à défaut de raisons, mêlé des injures à ses discussions avec la commune. Il s'était laissé aller à des actes de violence tout à fait condamnables, et avait souffert que ses gens se fissent les complices de ses outrages. Or, comme les égards dus au maieur et aux échevins étaient sauvegardés par un article de leur charte de commune, le Parlement avait encore à caractériser cet autre délit et à le punir.

C'était dur et pourtant il fallait se soumettre : dura lex, sed lex. Robert de Beauval se soumit en effet. Il fit amende honorable au maieur et aux échevins de Doullens, le 11 mars 1365-66, en présence de Jéhan de, Saint-Omer et de Jéhan de Poix, auditeurs du roi. De plus, il se soumit à l'assurement qui lui fut imposé envers l'échevinage et les habitants.

« Toute cette curieuse procédure, dit M. Bouthors, après l'avoir parfaitement résumée, nous donne la mesure des embarras que l'existence de cette maison (l'hôtel du Beauval) suscitait à la commune. Dans tous les cas, elle témoigne de la force de ces institutions du moyen-âge qui, quoique déjà frappées de décrépitude, protègent encore le faible contre le fort, parce qu'elles trouvent des magistrats qui ont la volonté et le pouvoir de les faire respecter.
Il n'y avait qu'un moyen, ajoute le même auteur, de faire cesser ces fâcheuses collisions, c'était de transférer à la commune la propriété de la maison qui en était le prétexte et la cause. Robert de Beauval adopta ce moyen. Faisant taire son ressentiment, il entra quelque temps après, en pourparlers avec le corps de ville, et lui vendit ce fief pour en faire, comme nous l'avons dit ailleurs, un beffroi et une prison. Il garda en outre, ainsi que les autres seigneurs ses voisins, souvenance de la leçon ; car il n'apparait pas que depuis cette époque les luttes avec la commune aient continué d'être aussi violentes et aussi acharnées qu'elles l'étaient auparavant. »

photo pour Ancienne maison communale

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 131959
  • item : Ancienne maison communale
  • Localisation :
    • Somme
    • Doullens
  • Adresse : rue du Bourg
  • Code INSEE commune : 80253
  • Code postal de la commune : 80600
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : maison
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 17e siècle
  • Date de protection : 1966/05/18 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :5 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • élévation
    • toiture
    • charpente
    • beffroi
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 6350a35aaf4f4cbd3f6280b3749c5e2f.jpg
  • Détail :
    • Façade et couverture sur rue
    • tour et beffroi en charpente (cad. N 264) : inscription par arrêté du 18 mai 1966
  • Référence Mérimée : PA00116140

photo : joel.herbez

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