photo : joel.herbez
Après Vercourt, si nous voulons accomplir la visite du canton de Rue en tournant autour du chef-lieu, nous trouvons Arry.
« Arry, lit-on dans Dom Grenier, Bailliage de Rue, 41 maisons, 1020 journaux de terre. » Aujourd'hui, Arry compte 77 maisons sur une superficie de 734 hectares avec une population de 233 habitants.
L'étymologie du nom d'Arry serait peu flatteuse, si l'on en croyait M. Depoilly ; ce ne serait rien moins qu'un mot grec Appis, qui manque de sagacité.
Les origines plus certaines sont, suivant Dom Grenier :
La seigneurie consistait en trois fiefs nobles, l'un dit le fief Saint-Sauve tenu du roi, l'autre fief Caton, le 3e fief Catonet, tenus aussi du roi. 103 journaux de bois et censives..
Une autre partie de la seigneurie tenue en fief noble du roi, consistait en une maison, 40 journaux de prés en pâture, 24 journaux de bois, 180 journaux de terre en labour. On l'appelait le Quint d'Arry.
En 1373, Arry « fief tenu noblement du roi devait douze setiers de grains à la Maladrerie de Lannoi, à Rue ; ce fief avait dans sa mouvance deux hommes liges.
Le château d'Arry est le dernier qui ait tenu pour la Ligue.
Jean de Hallwin, seigneur de Souteauville, demeurait à Arry en 1693.
La famille d'Hodicque était, dans le dernier siècle, propriétaire de la terre d'Arry.
Des visites domiciliaires furent faites par la municipalité de Rue, en septembre 1792, dans le village et dans le château d'Arry; elles avaient pour but la saisie des armes dans les maisons suspectes. Un fusil double fut trouvé au château. Le sieur Bricot, alors chef de la garde nationale du village, le réclama comme sien. « Messieurs, écrivait-il aux administrateurs du district d'Abbeville, la municipalité de Rue est venue hier à Arry pour y désarmer toutes les maisons suspectes, conformément aux lois relatives aux émigrés ; ces messieurs, ayant trouvé mon fusil au château d'Arry, où je l'avais déposé, en revenant de la classe, au moment du dîner.... et ayant jugé à propos de me désarmer en disant que mon fusil devait être à ma maison, je leur fis la représentation que, comme citoyen et commandant de la garde nationale, je devais avoir une arme ; n'ayant aucun parent émigré et ma conduite n'ayant jamais donné lieu au moindre soupçon d'incivisme.... je vous prie, messieurs, de vouloir bien donner des ordres pour que mon fusil me soit rendu. »
Le conseil général du district d'Abbeville renvoya l'affaire aux officiers municipaux de Rue, mieux an position de juger de la franchise du sieur Bricot dans ses déclarations ; la municipalité de Rue les admit en effet, et fit rendre au réclamant son fusil.
Source : Histoire de cinq villes par Ernest Prarond