Collégiale Saint-Laurent

Collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent, construite entre 1186 et 1280. Elle fut plusieurs fois remaniée (jusqu'au XIX^e, par viollet-le-Duc) et agrandie, notamment pour pouvoir accueillir la foule des pèlerins attirés par les reliques de saint Laurent O'Toole. Dans la crypte, aménagée en 1186, "gisant" de l'archevêque de Dublin et nombreux gisants de la famille d'Artois, chefs-d'œuvre de la sculpture de la période gothique.

Source : Guide de la Seine-Maritime 2004.

Abbaye de Notre-Dame et église de Saint-Laurent, devenue, depuis la Révolution, la seule église paroissiale de la ville, en conservant son double vocable. Au commencement du XI^e siècle, les comtes d’Eu fondèrent une collégiale qui fut régularisée en 1119 ; elle devint alors une abbaye qui, du XII^e au XVIII^e siècle, fut unie à la Congrégation de Saint-Victor, puis de Sainte-Geneviève de Paris.

Saint Laurent, archevêque de Dublin, mourut dans ce monastère le 11 novembre 1181, et l'église, qui fut rebâtie en 1186, porta le nom du saint archevêque irlandais. Du monastère, supprimé en 1791, il ne reste plus rien; mais l‘église demeure tout entière.

Ce grand et bel édifice, l'un des plus remarquables de la Normandie, appartient entièrement au style ogival primitif, sauf quelques reconstructions extérieures et des décorations intérieures du XV^e et du XVI^e siècle. L`ensemble du monument a été exécuté de 1186 à 1230. Comme toutes celles de ce temps, l'église a la forme d'une croix latine, avec clocher sur les transepts et chapelles rayonnantes autour du cœur. Pas de tours au portail, pas de chapelles le long des trois nefs, où l'on pénètre par trois portes placées au pignon de l'ouest. Ces nefs sont séparées par de hautes arcades contreventées par un arc intermédiaire et éclairées par des fenêtres en lancettes et soutenues au dehors par des contre-forts unis et de simples arcs-boutants, les voûtes ont été refaites en 1839.

Les transepts appartiennent au XII^e siècle par la base et leurs chapelles suspendues; mais ils ont été remaniés au XVI^e. La voûte des transepts est de 1580, ainsi que la chétive flèche en bois et plomb qui surmonte le croisillon. Le chœur, les collatéraux et les chapelles qui rayonnent autour sont l`œuvre primitive du XII^e siècle, mais grandement modifiée à la fin du XV^e, après les incendies de la ville et de l'église en 1426 et 1475. Ce fut alors que l'on décora d'aiguilles, de pinacles et de balustrades très élégantes l'abside, le chœur et une partie des transepts.

Le XVI^e siècle remania toutes les chapelles qui entourent le chœur; mais elles existaient depuis la fondation. Le XVI^e siècle a également ajouté dans la nef deux petites chapelles qui défigurent plutôt qu'elles n'honorent l'édifice. C'est au même siècle que l'on doit les élégantes balustrades de pierre du chœur et du sanctuaire, construites de 1540 à 1580 ; le groupe sculpté, peint et doré du sépulcre; les verrières qui ornent le chœur et la chapelle qui sert de sacristie, puis une grande partie des inscriptions qui tapissent l'église. Belle tête de Christ du XVI siècle qui provient de la maladrerie du Gland, ainsi que la touchante inscription en vers français qui l'accompagne.

Statue de la sainte Vierge que l'on croit des frères Anguier. Inscriptions tumulaires ou obituaires : une, au pied d'une colonne de la nef, est du XIV^e siècle; celle de Charles d'Artois, de 1467, dans la chapelle Saint-Laurent; celle de M. de Saint-Ouen, maire d'Eu en 1482, dans la nef; celles de Simon de Thouars, comte de Dreux en 1365, et d'Isabelle d'Artois , de 1579, et plusieurs autres du XVI^e, du XVII^e et du XVIII^e siècle.

Tombeaux et sépultures ; la grande crypte placée sous le chœur en renferme la plus grande partie. Cette construction du XII^e siècle, large de 9m,50 et longue de 32 mètres, reçut d'abord le tombeau de saint Laurent, de Dublin, puis ceux des comtes d'Eu; elle compte encore aujourd'hui dix sarcophages, refaits par le duc d'Orléans eu 1828, mais supportant des statues anciennes. La première est celle de saint Laurent, XIII^e siècle; la seconde, celle de Jean d'Artois, 1386 ; la troisième, celle d'Isabelle de Melun, sa femme, 1389 ; la quatrième, celle d'Isabelle d'Artois, 1479; la cinquième, celle de Charles d'Artois (enfant), 1368; la sixième, celle de Philippe d'Artois, 1397 ; la septième, celle de Johanne de Saveuse, épouse de Charles d'Artois, 1448; la huitième, celle de Philippe d'Artois, 1397; la neuvième, celle d’Hélène de Melun, femme de Charles d'Artois, 1472; la dixième enfin, celle de Charles d'Artois lui-même, 1471 ; au milieu est une grande table de marbre indiquant la sépulture d'un Bourbon, duc d'Aumale, né en 1704, mort en 1708. Dans le chœur sont quatre colonnes de marbre du XVIII^e; et du XIX^e siècle, élevées à la mémoire de Catherine de Clèves, duchesse de Guise, de Charles de Bourbon, prince de Dombes, et du vertueux duc de Penthièvre.

Source : Répertoire archéologique du département de la Seine-Inférieure rédigé sous les auspices de l'Académique des sciences, belles-lettres et art de Rouen, par M. l'abbé Cochet 1871.

Affiche en médaillon : en bas a droite la Collégiale Saint-Laurent à eu