criel sur mer

Criel est un autre bourg de la Vicomté d'Eu aussi bien que Blangi, et qui pourrait bien être du temps des Gaulois, comme nous l'avons insinué plus haut. On y a vu autrefois deux Cures en titre, sans compter une troisième Eglise de Saint Thomas, c'est-à-dire S. Thomas de Cantorberi, laquelle était desservie au treizième siècle par deux religieux de l'Abbaye d'Eu. Les deux Cures étaient Saint Aubin , qui subsiste toujours, et Saint Léonard du Bel, qui après avoir été Cure régulière, est devenue succursale de Saint Aubin. Bel est ici un nom Teutonique qui signifie une cloche; et de là est venu le nom de Beffroi pour Belfroi, ou Belfrid, qui doit signifier cloche de la liberté. II y avait à Arques en 1433 un fief, dont le seigneur était tenu de garder en temps de guerre, pendant quarante jours, la première porte du Bel, c'est-à-dire de la Cloche ou du Beffroi. Il y avait aussi à Fecan en 1495 et 1499 une Porte nommée la Porte du Bel, que le Seigneur de Thiboutot, Fief assis fur la Paroisse de Maniquerville, devait garder lorsque le Roi venait dans ce bourg. Enfin le Bel de la vieille Tour à Rouen est une maison située à la vieille Tour, où était anciennement le Beffroi de la ville. II y avait donc aussi à Criel un Beffroi, ou une Cloche de la Commune, et l'Eglise de Saint Léonard qui en était voisine, en avait pris le nom de Saint Léonard du Bel; et de là il s'ensuit qu'on l'a mal appelée quelquefois Saint Léonard du Bellai, comme on l'a fait sur les Registres de l'Archevêché de Rouen de l'an 1495 : il s'ensuit aussi qu'on ne doit point chercher ailleurs l'Eglise nommée Pulcherium, dont Henri II, Comte d'Eu, a confirmé la possession à l'Abbaye de cette ville ; car il est visible qu'on a confondu ici entre Bel qui signifie une Cloche ou un Befroi, et Bel ou Beau, qui est la traduction du latin pulcher.

Dans ce bourg, un particulier, nommé Nicolas Drye, natif du lieu même, fonda des écoles pour les petites filles par acte du 31 Juillet 1649 ; et Mademoiselle y fonda en 1685 un Hôpital pour trente-six Orphelines et pour les malades du lieu, auquel elle unit en même temps la fondation des écoles. On fit venir pour cet établissement quatre Soeurs de la Charité, et on les logea à l'extrémité du bourg dans un ancien Château nommé Briancon, où on leur a bâti une Chapelle sous le nom de St. Louis. Elles y ont huit lits, quatre pour hommes, et quatre pour femmes. Le Roi a uni à cet Hôpital, par Arrêt du Conseil du 11 Décembre 1694, une ancienne Maladerie du lieu, et celle de St. Claude de Guilmecourt ; et par Lettres Patentes du mois de Septembre 1695 la Maladerie du Treport.

Dom Mabillon nous a conservé dans sa Diplomatique Ancienne une Charte de Pépin le Bref de l'an 751, par laquelle ce Prince avant que de monter sur le trône, confirma à l'Abbaye de Saint-Denys-en-France la jouissance d'un village du Talou nommé Curborius, contre les prétentions de Reine ou Ragana, Abbesse de Sept-meules. C'est tout ce que nous savons de cette ancienne Abbaye, qui peut avoir été fondée pendant le septième siècle, et qui selon toutes les apparences a été détruite par les Normands. Pour ce qui est de Curborias, il y a au dessous de Sept-meules sur la rivière d'Yere le village de Cuverville mais ce village parait n'avoir jamais porté d'autre nom que celui de Cutbberti-villa, Si Curborius était ici pour Curbolius ou Cribolius, ce nom approcherait un peu plus de celui de Criel.

Source : Le Pais de Caux par Michel Toussaint Chrétien Duplessis 1740.

Eglise Saint-Aubin

Au XIIIe siècle, Criel possédait trois églises paroissiales dont l'une dédiée à saint Aubin, l'autre à saint Léonard et la troisième à saint Thomas de Cantorbéry. Ces trois cures, toutes desservies par des chanoines réguliers de l'abbaye d'Eu, formaient presque autant de prieurés qui avaient un chef et des frères. L'abbé du monastère régnait souverainement sur ces trois clochers.