Eglise

L'église de Bures-en-Bray possède l'un des plus beaux Sépulcres normands. L'enfeu à deux arcs en anse de panier et le décor de rosettes y rappellent le cadre du Sépulcre de Robert Chardon, à Fécamp. Le Sépulcre de Bures compte 10 personnages au lieu de 8, ce qui conduit à une distribution des acteurs sur deux rangs, comme dans le Trépassement de Fécamp. Certains détails du costume peuvent situer l'oeuvre vers 1515 : manches serrées aux poignets de joseph d'Arimathie et manches " à l'italienne " de Marie-Madeleine, avec mancheron et brassard, reliés au niveau du coude par un lacet et laissant bouffer la chemise au coude et au poignet.

Mais la s'arrête l'influence italienne. car les visages et les attitudes sont empreints d'une paisible gravité. Les traits sont étirés par la douleur. les nez sont longs et fins. Le mouvement des cheveux ou des barbes est donné par de larges stries souples et gonflantes.

Source : La sculpture flamboyante en Normandie et Île-de-France par Jacques Baudoin 1992.

Les cloches

Le clocher de Bures est un des plus élevés du pays de Bray. Sa longue flèche semble incliner, peu importe de quel côté on la regarde; mais il parait que cette illusion vient de la forme torse qu'on lui a donnée, afin que le vent ait moins de prise sur la couverture, qui se trouve ainsi disposée comme en spirale.

Le dimanche 1er octobre 1730, une des cloches de l'église de Bures fut bénite par Me Gelée, curé de Ricarville, en présence de MM. les curés de la paroisse. Cette cloche fut nommée : Lucie-Félicité par illustrissime et révérendissime m.s.gr Frédéric Hyerosme de Roye de la Rochefoucauld archevesque de Bourges patriarche primat d'Aquitaine, prieur commendataire du prieuré de N. D. du Pré dite de Bonnes-Nouvelles-lés-Rouen, seigneur baron haut justicier de Bures représenté par me Geoffroy Charles Vincent avocat bailly de Bures pourvu de sa procuration et par dame Marguerite De la mare épouse de me Charles François Bodin, avocat bailly de Tourpes et Fresles pour l'absence de dame Lucie Félicité de Nouailles- épouse de m.s.g.r le maréchal duc d'Estraiz.

A cette occasion, l'abbé Stalin, curé de la première portion, reçut, de Mgr de Bourges, la somme de cent livres, pour être employée au bénéfice de son église. La dame Bodin donna la chemise de décoration pour la bénédiction de la cloche.

Frédéric-Jérôme de Roye de la Rochefoucauld, de l'illustre maison des comtes de Rouci-Rochefoucauld, était fils de François de Roye de la Rochefoucauld, second du nom, lieutenant-général et commandant de la gendarmerie de France. Les qualités heureuses qui distinguèrent de bonne heure l'abbé de la Rochefoucauld lui méritèrent l'archevêché de Bourges en 1729. Il se montra dans ce poste d'une charité au-dessus de tous éloges. Elu co-adjuteur de l'abbaye de Cluny en 1738, il en devint abbé titulaire, par la mort du cardinal d'Auvergne, en 1747. Ce fut cette même année qu'il fut honoré de la pourpre romaine. Il fut envoyé, l'année suivante, comme ambassadeur de France, à Rome. De retour à Paris, il y fut accueilli comme il le méritait. Le roi le nomma à l'abbaye de Saint-Wandrille en 1755, et le chargea en même temps du ministère de la feuille des bénéfices. Il présida aux assemblées du clergé de 1750 à 1755, et se servit de sa droiture et de ses lumières pour rétablir la paix dans l'église gallicane. Louis XV le nomma grand aumônier en 1756; mais il ne put jouir longtemps de cette nouvelle faveur royale. Il mourut d'une fluxion de poitrine en 1757.

Un aveu du 31 janvier 1776, rendu à « vénérable et discrette personne messire Laurent-Dominique de Valliot-Barral, prêtre de l'ancienne observance de saint Benoit, prieur titulaire du prieuré de N. D. des Prés, dite Bonnes-Nouvelles-lès-Rouen, en cette qualité seigneur de la baronie, haute-justice et verderie de Bures, » nous fait connaître que les prieurs du prieuré de Notre-Dame-des-Prés jouissaient, à cause de la baronie et haute justice de Bures qui leur appartenait, des droits de reliefs, treizième, amendes, confiscation, regard de mariage, service de banalité aux moulins de ladite baronie, etc.

Lucie-Félicité de Noailles, fille d'Anne-Jules, duc de Noailles, pair et maréchal de France, et de Marie Françoise de Bournonville, fut mariée, en 1698, à Victor Marie, duc d'Estrées, pair, maréchal et vice-amiral de France, grand d'Espagne, seigneur de Tourpes, Fresles, Mansigny, Epinay, Isambertville, fief Dyel, etc.

Cette union n'ayant pas produit de postérité, les biens du duc d'Estrées passèrent dans la maison de Louvois, dans la personne de Louis-Charles-César Letellier, marquis de Louvois et de Courtanvaux, quatrième fils de Michel - François Letellier, marquis de Louvois et de Courtanvaux, et de M.-A.-Catherine d'Estrées, sa sœur, qui prit le nom de comte d'Estrées, le titre de duchépairie attaché à la terre de Cœuvres sous le nom d'Estrées, étant éteint avec le maréchal.

D'estrées : d'argent, fretté de sable de six pièces, au chef d'or, chargé de 3 merlettes de sable.

En 1773, une nouvelle fonte de cloches avait lieu dans cette paroisse. Afin d'indiquer comment avaient lieu les assemblées fabriciennes aux XVIIe et XVIIIe siècles, nous rapportons ici une partie de ce que contiennent les archives de la Fabrique de Bures à ce sujet:

Le dimanche onzième, jour de juillet 1773, après les annonces dûment faites par trois dimanches, au prône de la messe et au son de la grosse cloche, les fabriciens et principaux habitants de Bures, réunis, arrêtèrent conjointement avec M. Bellamy, curé de Bures, et M. Rivière, receveur de Mgr le marquis de Courtanvaux, comte de Tonnerre, etc., capitaine-colonel de la compagnie des cent-suisses, de la garde ordinaire du corps du roi, seigneur-patrimonial et haut-justicier des terres de Tourpes et dépendances, la refonte de la quatrième cloche de l'église de Bures. Le 18 juillet suivant, Ignace et Antoine Hanriot, oncle et neveu, fondeurs de cloches, demeurant à Huillecourt, en Lorraine, diocèse de Toul, se chargèrent de la refonte de cette cloche, moyennant la somme de 390 livres. La cloche devait être fondue seule, afin que son metail ne soit pas mélangé, et à cet effet il était permis aux fondeurs d'établir leurs fourneaux dans le cimetière du lieu.

Le jeudi 12 août de la même année, la cloche, ayant été fondue, fut coulée « sur les sept heures du soir. » On la pesa le samedi suivant; son poids, de 1635 livres, excédait de 48 livres celui de l'ancienne cloche. Une somme de 90 livres fut allouée aux fondeurs, tant pour l'excédant du poids de la nouvelle cloche que pour les huit fontaines de quatre cloches de l'église.

Le 24 du même mois, cette cloche fut bénite par mre Augustin Jacques Belamy d'Abancourt prêtre curé de la paroisse du dit Bures et nommée Iphigénie Henriette par très,haut et très puissant seigneur Monseigneur François Cesare Le Tellier marquis de Courtanvaux, comte de Tonerre seigneur patrimonial des terres de Fresles de Tourpes et dépendances et autres lieux, représenté par M. Rivière son commis-receveur a la seigneurie des dits Fresles et Tourpes, et par noble dame Marie Marguerite Iphigénie de Bourgoise de Pommereval épouse de messire de Biral, comte de Sédaiges représentée par noble damoi' selle Marie Henriette de Biral sa fille comtesse de Sedaiges.

Le marquis de Gourtanvaux paya la moitié de la dépense occasionnée par la fonte de la cloche.

Nous avons vu plus haut qu'à la mort de Victor-Marie, maréchal duc d'Estrées, arrivée en 1737, ses biens passèrent dans la maison de Louvois, en la personne de Louis-Charles-César Lelellier, marquis de Louvois, son neveu, plus tard maréchal de France, sous le nom de comte d'Estrées.

Le maréchal comte d'Estrées étant mort en 1771, sans laisser d'héritier des deux unions qu'il avait contractées, avait institué pour seul héritier et légataire universel de ses biens son neveu, François-César Letellier, marquis de Louvois et de Courtanvaux, etc., capitaine-colonel des cent Suisses de la garde ordinaire du corps du roi, fils unique de François-Macé Letellier, marquis de Louvois, mestre de camp du régiment d'Anjou, capitaine des cent Suisses de la garde ordinaire du corps du roi, et de Anne Louise de Noailles, né en février 1718.

Devenu ainsi seigneur patrimonial et haut justicier des fiefs, terres et seigneuries de Tourpes, Fresles, Mansigny, Favencourt, Isambertville, fief Dyel, etc., le marquis de Courtanvaux, le même qui nomma la cloche de Bures en 1773, et demeurant à Paris en son hôtel de la rue Richelieu, vendit ces terres, le 16 octobre 1779, à messire Nicolas-Louis Becquet, écuyer, sieur de Longmesnil, chevalier de Saint-Louis.

Marie-Marguerite-Iphigénie de Bourgoise de Pommeréval, qui nomma cette dernière cloche, était d'une famille dont plusieurs membres furent verdiers de la forêt d'Eawy.

En 1670, Jacques de Bourgoise, baron de Manneville, seigneur de Pommeréval, était verdier de la forêt d'Eawy. Il épousa, en premières noces, Charlotte de Pelletot, et, en deuxièmes, Anne Toustain d'Anglesqueville.

Armes de la famille De Bourgoise De Pommeréval: d'argent au lion de sable, armé et lampassé de gueules. Supports et cimier : trois lions d'or:

Il nous reste à parler des cloches que l'église de Bures possède encore. Avant 1793, la sonnerie de cette église se composait de cinq cloches; c'était la plus belle de la contrée.

Nous ne pouvons mieux terminer qu'en empruntant les détails suivants à une intéressante notice insérée dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, et que M. l'abbé Decorde, curé de Bures, a publiée sur les cloches de sa paroisse:

«A l'époque où Henri IV, occupé à conquérir son royaume, bataillait à Arques, il vint plusieurs fois au manoir de Tourpes, situé sur la paroisse de Bures. Pressé par Gabrielle de se faire catholique, il lui demanda si elle assistait souvent à la messe de sa paroisse, elle qui paraissait se montrer si fervente. Rarement, répondit elle, la cloche est si petite que je ne l'entends pas sonner. Ventre-saint-gris ! repartit le roi, s'il y a de belles cloches dans la première ville dont je me rendrai maître, elles seront pour Bures. Peu de temps après cet entretien, Henri prenait Hesdin, et envoyait à Bures quatre magnifiques cloches qui y sont restées jusqu'en 1793, ainsi que la petite cloche, nommée Bertine, de laquelle Gabrielle d'Estrées se plaignait à Henri IV. La République en a pris trois. La plus grosse et la plus petite sont restées à l'église ; malheureusement, elles ont été refondues, et leurs anciennes inscriptions n'ont pas été conservées !

» La grosse cloche ayant été cassée en 1789, il fut arrêté, le 15 août 1791, qu'elle serait refondue après avoir été pesée avec les poids et romaine de la ville de Rouen, que le fondeur devait faire parvenir sur les lieux à ses frais. Il fut reconnu qu'elle pesait trois mille huit cent quinze livres. Dans une réunion des habitants, il fut décidé, à la majorité de quarante-huit voix contre huit, que Bertine, du poids de trois cent dix livres, serait également refondue, afin de combler le déchet que subirait la grosse cloche dans l'opération de la refonte, et que ce qui- resterait de métal serait employé à faire une nouvelle petite cloche. Ces renseignements, qui paraissent sans importance, ajoute M. l'abbé Decorde, sont nécessaires pour l'intelligence de ce qui va suivre.

» Les deux cloches furent donc brisées, et les morceaux jetés dans le fourneau établi auprès du porche de l'église de Bures. Après l'opération, il fut reconnu que la nouvelle cloche pesait trois mille sept cent dix livres, et qu'il restait deux cent soixante livres de metail non employé. »

Sur cette cloche, dont le diamètre est de 1 mètre 50 centimètres à la base, on lit:

Fondue L'an 1791 3me Année De La Liberté J'ai été Bénite Par MM. J.-E. Langlois Et Augn Jes. Belamy Curés De 1er et 2e Portion De Ce Lieu, Et Nommée Marie Joseph Par Le Sieur Joseph Guian Fils De Jean-germain Guian Maître De La Poste Aux Chevaux De Neufchatel Et De Marie Anne Lefebvre Son épouse Et De MeIIe Marie-Magdeleine-Françoise Garin Fille De Guillaume Garin Maire De Bures Et De Feue Catherine-Françoise Gressent Son épouse. Guillaume Andrieu Trésorier Et Greffier De La Municipalité. Nicolas Louis Delaunay, Et J.-Matthieu Journois Officiers Municipaux. J.-gabriel Simon Procureur De La Commune.

Sur cette cloche :

  • 1° le chiffre du Sauveur : J. H. S.;
  • 2° la sainte.Vierge ;
  • 3° un évêque ;
  • 4° le Christ en croix, au bas de laquelle : P. N. Et J. B. Cavillier A  Aumale.

« Le reliquat de 260 livres dont nous venons de parler, ajoute M. l'abbé Decorde, fut emporté à Aumale par les fondeurs qui en firent une petite cloche pesant deux cent trente sept livres, laquelle fut bénite le 5 janvier 1792, » mais sa bénédiction fut pour une cause quelconque retardée, car on lit sur cette cloche qu'elle fut bénite en 1791. Voici l'inscription qu'elle porte:

Je Suis Fille D'une Mère Qui Commença D'exister En 1507 Sur L'inscription De Laquelle On A (sic, lis. N'a) Pu Découvrir Que L'année Ci Dessus Et Les Mots Andrieu Et Bourgoise. Je Fus Bénie (sic) L'an 1791 Par M.M. Langlois Et Belamy Curés et nommée Victoire Par Ante. -J. Cartier Fils D'Ante. Et De M.M.Ge. Terreier Et Par M. Victoire Delaunay Fille De Thomas Et De M. Leroux En Présence De la Municipalité Inscripte Sur La Grosse Cloche.

Au bas de cette inscription : P. N. Et J. B. Cavillier Fondeurs A Aumale.

« En se rappelant les circonstances que nous avons relatées, ajoute M. l'abbé Decorde, relativement à la fonte des deux cloches dont nous nous occupons, nos lecteurs auront compris le sens un peu énigmatique de l'inscription de la plus petite : Je suis fille d'une mère, etc., c'est-à-dire que de l'excédant de métal de la grosse cloche est née la petite.

» Le prix de la refonte de ces deux cloches a été de sept cent cinquante livres payables en plusieurs termes. Le dernier terme a été soldé par le citoyen Jean Lesueur, le 25 pluviôse an II (13 février 1793), de sorte que, s'il eût plu à la République de prendre nos deux cloches, dit l'auteur que nous citons, au lieu des trois autres qu'elle a enlevées au clocher de Bures, les habitants se seraient trouvés obligés de payer la fonte de cloches qu'ils ne possédaient plus. »

Source : Les cloches du Pays de Bray par Dieudonné Dergny 1863.

photo pour Eglise

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 122759
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Haute-Normandie
    • Seine-Maritime
    • Bures-en-Bray
  • Code INSEE commune : 76148
  • Code postal de la commune : 76660
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1926/11/24 : inscrit MH

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune eglise type inscription par arrêté du 24 novembre 1926 1992
  • Photo : 699e2292b9dbb1f3d316a233c053d02e.jpg
  • Référence Mérimée : PA00100586

photo : joel.herbez

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