Jardin d'agrément dit parc du château de Paroy

Recherchant partout des traces d’armoiries et des signes de féodalité, les commissaires chargés de désarmer les Nobles ordonnaient surtout des destructions dans les châteaux où ils ne rencontraient pas les propriétaires. Sur la lin de 1793, il en vint au château de Paroy, dans le district de Provins, qui, en l’absence du marquis de Paroy, firent brûler tous ses titres et papiers, firent enfoncer et briser ses portraits de famille décorés de croix et de grands cordons, enlever enfin les toitures des tours, parce qu’elles « blessaient l’égalité ».

Source : La noblesse de France et l'opinion publique au XVIIIe siècle par Henri Carré.

La famille de Paroy avait pour nom patronymique Le Gentil. Elle était originaire de Bretagne, et Lachesnaye-Desbois en donne la filiation depuis le quatorzième siècle. Le grand-père de notre chroniqueur était commissaire général de la marine. Le père, Guy Le Gentil, né le 30 mai 1728, mérite que nous racontions brièvement sa vie. Il épousa, le 15 septembre 1749, Louise-Élisabeth de Rigaud de Vaudreuil, fille du comte Louis-Philippe de Vaudreuil, lieutenant général des armées Navales et grand-croix de Saint-Louis, et acquit par ce mariage de grandes propriétés à Saint-Domingue. Il entra, le 23 novembre suivant, comme deuxième enseigne au régiment des gardes françaises. Le 23 octobre 1752, Guy Le Gentil acquit la terre de Paroy, située en Brie, près de Donnemarie en Montois. Il obtint, en novembre 1754, l'érection de cette terre en marquisat, et les lettres patentes royales portaient que cette faveur était accordée au bénéficiaire en considération des services et de la noblesse de sa famille, une des plus anciennes de la province de Bretagne. Guy Le Gentil prit dès lors le titre de marquis de Paroy. Il fit démolir le vieux château et en édifia un neuf sur le même emplacement.

Premier enseigne depuis le 2 septembre 1753, le nouveau marquis fût promu sous-lieutenant le 30 mars 1760 et reçut, le 19 mai 1763, la croix de Saint-Louis.

Le 12 mars 1766, il devint grand bailli d'épée des villes`et comté de Provins et de Montereau-faut-Yonne et lieutenant pour le roi des provinces de Brie et de Champagne. Il donna alors, le 27 avril suivant, sa démission de sons-lieutenant. Il représenta la noblesse de Sens à l'assemblée des notables de 1788 et présida celle de Provins et de Montereau, le 16 mars 1789. Il fut élu, le 27 du même mois, député de la noblesse du bailliage de Provins aux États généraux.


Louis seize lisant son testament à
Mr de Lamoignon de Malesherbes
son déffenseur

Jean Philippe Guy Le Gentil
Comte de Paroy
(1750-1824 ; graveur).
Dessinateur du modèle.

Royaliste ardent et opposé aux idées nouvelles, le marquis de Paroy défendit le roi pendant les journées des 5 et 6 octobre 1789. Il ne participa, d’ailleurs, que peu de temps aux travaux de l'Assemblée constituante ; il demanda et obtint congé le 13 avril 1790, donna sa démission en mai 1791 et fut remplacé le 17 de ce mois par un suppléant, le cultivateur Billy, de Provins. Il émigra et alla retrouver à Worms les princes en août 1791. Il mit à la disposition du prince de Condé, qui organisait son armée, la somme de 24,916 livres, dont celui-ci lui donna reçu le 22 août. Le comte de Provence le nomma gouverneur de Saint-Domingue. Le marquis partit pour se rendre à son poste, mais il passa par Paris et annonça la nouvelle à son fils. Celui-ci lui conseilla de faire confirmer sa mission par le roi et de demander à ce sujet une audience à Louis XVI. L'audience eut lieu, mais le roi refusa d'entendre le pseudo-gouverneur, qui prit congé et retourna à Coblentz. Le marquis ne tarda pas à revenir à Paris, où il s'établit rue des Moulins chez sa fille la marquise de Mortagne. Il allait fréquemment au château des Tuileries et s'y trouvait la veille du 10 août. Rentré chez lui le 9 au soir, il ne put, le lendemain, se joindre aux défenseurs de la famille royale. Le rôle actif que son fils avait joué dans cette fameuse journée le força à s'éloigner de la capitale.

Il quitta Paris, le 7 septembre 1792, avec sa femme par le coche d'eau de Montereau pour se rendre dans sa terre de Paroy. Il débarqua à Melun et se fit conduire à Fontainebleau. sa femme étant tombée malade, il accepta un logement chez un médecin nommé Dacis et loua ensuite une petite maison. Son fils, obligé de fuir, vint le rejoindre ; à la nouvelle·de l'exécution du roi, le marquis résolut de se rendre à Bordeaux, d'où il s'embarquerait pour Saint-Domingue. Il partit avec son fils le matin du 22 janvier, et tous deux arrivèrent à Bordeaux le 29. Il y trouva son gendre le vicomte du Hamel et sa fille. L'embargo mis sur les navires, à cause de la déclaration de guerre avec l’Angleterre, empêcha la réalisation de ses projets de voyage.

Arrêté le 25 juin 1793 avec son fils et enfermé au château de Fort-Louis, il fut mis en liberté après onze jours d'emprisonnement. Cette aventure l'engagea à suivre à Castetz, gros bourg situé sur la Garonne, à dix lieues de Bordeaux, son gendre et sa fille, qui y possédaient un château très ancien. Il n'y fut pas longtemps tranquille; Le vicomte du Hamel, dénoncé, fut arrêté le 30 septembre 1793, et le marquis eut le même sort le 30 octobre suivant et fut conduit à La Réole. Il subit, le 21 janvier 1794, un interrogatoire, et ses réponses montrent une grande présence d'esprit, si on en juge par celle-ci :

« Quelle est, lui demanda-t-on, votre opinion sur la mort du tyran ? » « Il n’appartient pas, répondit il, à un individu d'émettre son opinion quand le vœu de la nation s'est manifesté par l'organe de ses représentants ; il doit se soumettre à ses décrets. »

Le lendemain 22 janvier on l'embarqua à six heures du matin sur un grand bateau de poste avec seize de ses compagnons. Ils arrivèrent à Bordeaux le 23 à sept heures du soir et furent conduits dans un grand cachot, situé au haut d'une tour et auquel on accédait par un escalier tournant ayant plus de cent marches.

Le marquis de Paroy resta trente-sept jours dans ce lieu où régnait une odeur nauséabonde et fut enfin, grâce aux démarches de son fils, transféré, le 27 février, au Petit Séminaire. Mis en liberté le 22 mars 1794, il quitta Bordeaux le 1er avril et arriva le 2 à Castetz, où sa fille et son gendre, délivrés le 29 avril, vinrent le rejoindre. Il sollicita alors des administrateurs de Seine-et—Marne sa radiation et celle de son fils de la liste des émigrés.

« Je vous prie aussi, citoyens, écrivait-il, de considérer que nous ne méritons pas d'être traités en gens suspects, ni en ennemis de la République. Ni moi, ni aucun des miens ne sommes sortis de son territoire, ni entrés dans aucune fonction ni intrigue. Nous nous sommes soumis à tous les décrets de la Convention; nous avons fait en faveur de la Révolution tous les sacrifices que nos facultés ont pu nous permettre, regrettant que la perte entière de ma fortune m'ait ôté les moyens d'en faire de plus grands. Nous n'avons cessé et nous ne cessons de faire des vœux sincères pour la prospérité et la gloire de la République et l'anéantissement de ses ennemis. »

On le voit, le marquis savait au besoin jouer le républicain. Il obtint par délibération du district de Provins en date du 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794) sa radiation de la liste des émigrés. A cette nouvelle, il songea à rentrer dans ses foyers. Revenu à Bordeaux le 22 décembre 1794, il ne quitta cette ville que le 28 février 1795 pour rejoindre à Fontainebleau sa Femme, qui venait de sortir de prison. Il vivait tranquille, sans avoir songé à faire sanctionner sa radiation provisoire, quand les décrets des 18 et 19 Fructidor an VI (4 et 5 septembre 1797) proscrivirent tous les émigrés. Grâce à son âge et aux démarches de son fils auprès du ministre de la police Sotin, il obtint de rester en surveillance à Fontainebleau. Le 20 floréal an VIII (10 mai 1800), il réclama auprès du préfet de Seine-et-Marne sa radiation définitive de la liste des émigrés, que lui accorda enfin, le 13 Frimaire an X (4 décembre 1801), un arrêté des consuls).

Le marquis de Paroy perdit le 21 mars 1803 sa femme, décédée à Fontainebleau. Il se retira alors dans sa terre de Paroy avec son petit-fils le 10 avril suivant.

Il revenait sans doute passer l'hiver à Fontainebleau, car c'est dans cette ville qu'il mourut, le 24 mai 1807, rue des Buttes, n° 310, à l'age de soixante-dix-neuf ans.

Source : Mémoires du comte de Paroy : souvenirs d'un défenseur de la famille royale pendant la révolution (1789-1797) publiés par Etienne Charavay

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 155231
  • item : Jardin d'agrément dit parc du château de Paroy
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Seine-et-Marne
    • Paroy
  • Code INSEE commune : 77355
  • Code postal de la commune : 77520
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : jardin
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : détruit (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 3e quart 18e siècle
  • Année : 1760
  • Enquête : 1996
  • Date de versement : 2003/07/31

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • Plan Type 'jardin régulier'

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Cote boîte Environnement 084D
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • PArtie constituante relevée : douves
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété privée
  • Acteurs impliqués dans l'oeuvre : Gentil Guy le (commanditaire)Sachot (commanditaire)
  • Auteur de l'enquête MH : Collette Florence
  • Référence Mérimée : IA77000056

photo : doulce_france

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