Eglise Saint-Martin

Fontenay est une petite ville avec un château, située dans la Brie, à dix lieues de Paris, sur la route de cette capitale à Rosay, à deux lieues au Nord-Ouest de cette dernière ville.

Fontenay-Tresigny était peu connu avant le XVIe siècle. Un château royal, bâti par François Ier, tira ce lieu de son obscurité. Charles IX y fit plusieurs séjours, y donna des fêtes et y attira, notamment en 1571, les princes et seigneurs du parti protestant qu'il comblait de caresses. Conseillé par son indigne mère, ce jeune roi joua, pendant plus d'un an, sans se déconcerter un rôle de déception et de perfidie habilement conçu, plus habilement exécuté, et dont s'honoreraient des hommes vieillis dans le crime. Il s'agissait d'aveugler, d'endormir les princes et chefs protestants, de gagner leur confiance pour les assassiner avec plus de succès.

L'amiral Coligny, mandé secrètement à Fontenay, s'y rendit. Charles IX l'entretint de son prétendu projet de porter la guerre en Flandres, projet qu'il feignait de cacher aux Espagnols pour mieux tromper les protestants. Coligny, environné de séductions, se laissa entraîner dans le piège ; plusieurs s'y jetèrent après lui : tels furent les députés de plusieurs villes protestantes qui vinrent alors à Fontenay pour se plaindre des infractions aux édits, ou pour prier le roi de les garantir de nouveaux troubles. Ce prince leur prodigua les caresses, les promesses et les espérances.

Parmi les députés qui vinrent encore auprès du roi à Fontenay étaient le comte Louis de Nassau, frère du prince d'Orange, les sieurs Lanoue, Théligny, etc., qui, déguisés et en grand secret, suivant l'expresse recommandation du roi, se rendirent ensuite au château de Lumigny.

Ce château est situé à une forte lieue et au Nord-Est, de Fontenay ; il est remarquable par une petite montagne d'environ quarante pieds de hauteur, qui est un vrai phénomène au milieu d'une plaine parfaitement nivelée : ce qui porte à croire que cette montagne est factice comme il en existe un très-grand nombre en France. A sa cime s'élève une vieille tour ronde.

Le château et son parc sont considérables, et situés, ainsi que le village, au bas de cette montagne.

Charles IX se déroba de sa cour de Fontenay ; et, accompagné seulement de sa mère, Catherine de Médicis, des maréchaux de Montmorency et d'Anville et d'une petite suite, il arriva à Lumigny. Là, avec les principaux protestants qui s'y trouvaient déjà, et quelques autres tels que Briquemaut et Cavagnes, il tint un conseil, où il renouvela des promesses qu'il était bien résolu de ne pas tenir, et des ruses qui tendaient à prouver qu'il trompait les Espagnols pour servir le parti protestant, qui était seul trompé.

Après le conseil, Charles IX, sa mère et les chefs protestants déjeunèrent ensemble ; puis ce roi fit une tournée dans le château. En le parcourant, il trouva l'occasion de donner de l'exercice a son naturel méchant : arrivé dans un lieu où l'on nourrissait des lapins, il s'arma d'un bâton, et s'amusa à frapper sur ces animaux ; il en tua plusieurs. On sait que ce roi se faisait un plaisir d'abattre, à coups d'épée, les têtes de la volaille, des cochons et des mulets, et adonner la mort aux bêtes et aux hommes.

Le séjour du roi à Fontenay eut lieu au mois de juillet 1571 ; et ce fut le 24 août 1572 que tomba le masque dont le crime s'était couvert, et que furent massacrés ceux qu'on avait abusés par des caresses.

En 1618, le château de Fontenay appartenait au duc d'Épernon, si fameux par son orgueil, ses violences et sa tyrannie effrénée. Le jour de Pâques, le roi Louis XIII et toute sa cour étant en grande cérémonie à l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, le duc, piqué de voir le garde-des-sceaux, Du Vair, assis au-dessus des duc et pairs, se leva brusquement de son siége, saisit le garde-des-sceaux, et le poussa avec injures et mauvais traitements hors de l'église. Cette violence rappelle celle que ce même duc exerça contre l'archevêque de Bordeaux, qu'il frappa publiquement de coups de poing et de coups de bâton.

Le garde-des-sceaux se plaignit vivement au duc de Luynes, qui gouvernait alors la France, et qui n'aimait pas le duc d'Épernon.

A la cour on résolut d'arrêter celui-ci; mais ce n'était pas chose facile, le duc ayant beaucoup d'amis pour le défendre. Quatre compagnies de Suisses furent destinées à investir son hôtel pendant la nuit du 7 au 8 mai, et a se saisir de sa personne. Le fier duc en fut averti : il réunit trois cents cavaliers affidés, partit à leur tête à la pointe du jour, et arriva à Fontenay.

Le duc, s'y croyant à l'abri de toute poursuite, renvoya une grande partie de son escorte ; mais, dans la soirée du 8, il apprit par un courrier que ses amis de Paris lui adressèrent, qu'il n'était pas en sûreté à Fontenay, et que des brigades de gendarmerie et de chevaux-légers de la garde marchaient pour l'y arrêter. Aussitôt d'Épernon donna à tous ses serviteurs l'ordre de monter à cheval, et, pendant la nuit, partit avec eux et prit la route de Metz : voilà ce que lui valut son amour pour les préséances.

Ce château passa ensuite à la famille de Breteuil. François-Victor le Tonnelier-Breteuil était marquis de Fontenay-Tresigny, sous le règne de Louis XV.

La construction du château de Fontenay date de la renaissance. Son plan est un carré qui laisse au centre une cour de même forme ; le tout est protégé par de larges fossés, remplis d'eaux vives. On entre dans ce château par deux portes avec ponts-levis. Ces portes sont, chacune, fortifiée par deux tour que réunit une voute crénelée, et par des meurtrières. Les quatre corps de bâtiments qui entourent la cour portent le caractère des constructions du temps de François Ier. A l'extérieur, les quatre angles sont, chacun, flanqués d'une tourelle ronde et élégante, dont la toiture a la forme conique très effilée. Ces tours sont plus fortes en diamètre que celles des portes. Une de ces portes se présente en face de l'église paroissiale ; et l'autre donne entrée au parc.

Ce château s'est conservé dans son entier jusqu'au commencement du XIXe siècle, époque où une de ses parties, menaçant ruine, rendit sa démolition nécessaire ; il n'y reste que trois corps de bâtiments et deux tours. Une des tours démolies contenait la prison et des cachots ; et l'autre, une chapelle de forme élégante.

Dans l'intérieur des bâtiments encore debout, les amateurs des arts trouveront plusieurs objets intéressants : on voit dans les restes d'une galerie, convertis en appartement décoré, des peintures représentant, sur un fond d'or, des femmes en diverses attitudes, et, sur des panneaux et le plafond, divers sujets tirés de la fable et du roman d'Angélique et Médor.

Dans l'une des tours est une pièce ornée de peintures remarquables par leur conservation ; elles sont appliquées sur une boiserie circulaire, dont le fond brun fait ressortir des arabesques en or, entremêlées de chiffres couronnés et régulièrement répétés. Dans les panneaux sont peints des vases élégants, remplis de fleurs de diverses espèces, dont l'exécution est d'un fini admirable. Le plafond de cette pièce présente des armoiries et divers sujets allégoriques. Le style de ces peintures fait croire qu'elles appartiennent a l'époque de la construction du château.

L'église Saint Martin

La place, qui se trouve entre le château et l'église, est décorée par une de ces fontaines anciennes qu'on voit encore devant de vieux châteaux, et qui se trouvent gravées dans de vieilles vignettes. Vers la cime, trois jets sortent d'un vase en plomb, tombent dans un premier bassin, et s'en échappent pour tomber dans un autre bassin plus vaste.

L'église paroissiale paraît bâtie dans le temps où le furent la fontaine et le château. L'architecture en est simple et de l'époque de la renaissance. On y remarque des fragments de beaux vitraux ; les fonts baptismaux sont remarquables ; leur sculpture appartient au règne de François Ier.

Le clocher s'élève en forme carrée ; des girandoles semblables à celles du château ornent la toiture de cette église.

La ville de Fontenay était autrefois entourée d'une muraille flanquée de tours et percée de portes. On en voit encore les restes. Il y a environ quinze ans qu'une de ces portes, trop basse pour les voitures de hautes charges, fut démolie. Elle était curieuse et contenait à un étage supérieur une grande salle, où l'ancien bailliage tenait ses séances.

Cette ville est traversée et vivifiée par la grande route de Paris à Rosay.

Source : Histoire physique, civile et morale des environs de Paris par Jacques-Antoine Dulaure 1827.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 125522
  • item : Eglise Saint-Martin
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Seine-et-Marne
    • Fontenay-Trésigny
  • Code INSEE commune : 77192
  • Code postal de la commune : 77610
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 15e siècle
  • Date de protection : 1991/06/18 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/06/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Mobilier des 17s et 18s.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise Saint-Martin (cad. C 327) : inscription par arrêté du 18 juin 1991
  • Référence Mérimée : PA00087349

photo : Daniel Pelletier

photo : Daniel Pelletier