Eglise Notre-Dame de la Chapelle-sur-Crécy

La chapelle-sur-Crécy, Capella supra Craeciacum Briyensmm, autrefois (1771) paroisse du diocèse de Meaux; archidiaconé de Brie ; doyenné et conférence de Crécy ; patronne, la Sainte-Vierge (l'Assomption); collateur, le prieur de Saint-Martin-les-Voulangis ; seigneur, M. Ménage ; généralité de Paris ; élection, subdélégation, coutume et grenier à sel de Meaux ; bailliage, maîtrise des eaux et forêts de Crécy. La justice appartenait à M. le duc de Pentbièvre et à M. Ménage. Le bailliage de Crécy s'étendait jusqu'au rù de La Chapelle. Les premières causes à la justice du lieu, qui était haute, moyenne et basse ; les appels à Crécy et à Meaux.

L'église de cette paroisse n'était d'abord qu'une simple chapelle, dépendant du prieuré de Saint-Martin-les-Voulangis, de l'autre côté de la rivière auquel on communiquait par un pont au XIIIe siècle. Cette chapelle était, avant l'an 1202, desservie par un chapelain commis par le prieur de Saint-Martin, pour y célébrer dans les grandes solennités. L'an 1202, au mois de décembre, Anseau, évêque de Meaux, érigea. du consentement du titulaire de Saint-Martin, cette chapelle en église collégiale et paroissiale, et y établit six chanoines auxquels on assigna un certain revenu. Le prieur de Saint-Martin était le premier chanoine, avec le droit d'officier aux grandes fêtes; la deuxième prébende était attachée à l'archidiacre de Brie ; la troisième, au curé qui n'eut cette qualité qu'en ladite année 1202; et les trois dernières à trois autres chanoines. Dreux de Châtillon fonda aussi deux prébendes en 1220.

Cette chapelle ayant été ruinée pendant les guerres des Anglais, fut ensuite rebâtie sur un nouveau plan, et la tradition du pays est que l'exécution en fut confiée à des Anglais qui la mirent en l'état où nous la voyons aujourd'hui. On ne peut guère douter que nos rois n'aient contribué au bâtiment de cette église, qui, par sa construction antique, désigne qu'elle a été élevée par les libéralités de quelques puissants princes, ou anciens seigneurs, soit de La Chapelle, soit du voisinage ; mais nous ignorons quels ils sont. On est persuadé, à La Chapelle, que la reine Jeanne de Navarre, épouse de Philippe-le-Bel, fit faire à ses dépens, de grands travaux dans cette église ; et l'on assure que c'est la tête de cette princesse qui parait en bosse avec une couronne de comte sur la principale clef de la voûte du rond point du chœur. Ce pourrait être néanmoins un simple masque sans aucune allusion ; mais rien n'empêche d'ajouter foi à la tradition du lieu, qui lui fait honneur d'une grande partie du bâtiment. Jean de Brion, évêque de Meaux, en fit la dédicace le 29 juin 1428 : ad honorem Domini nostri Jesu Christi, ipsiusque gloriosae Virginis Mariat, assignant l'anniversaire de cette consécration, le dimanche suivant immédiatement l'Ascension de N. S. J. C., et accordant une indulgence de 40 jours à ceux qui visiteront, avec les dispositions requises, cette église au jour de sa dédicace.

Dans la suite des temps, le prieur de Saint-Martin tira un des chanoines de La Chapelle pour desservir Saint-Martin et ses hameaux, qui n'étaient pour lors qu'un secours de La Chapelle, ce qui dura jusqu’en l'an 1673 que M. Dominique de Ligny, évêque de Meaux, obtint un arrêt du conseil par lequel ledit chapitre serait supprimé et les revenus réunis à la cure, à condition que le curé y entretiendrait deux vicaires. Cet arrêt fut homologué en parlement le 6 juillet 1679.

Description extérieure

Après l'église cathédrale, celle de La Chapelle est la plus belle de l'ancien diocèse de Meaux, par son architecture et sa régularité; c'est un gothique de la fin du XIIIe siècle ou du commencement du XIVe, très-élevé, très-délicat et très-bien entendu. Cet édifice qui est solidement bâti en pierres de chaux taillées, a quelque chose de prévenant pour ceux qui respectent et aiment l'antiquité. Les dehors sont majestueux ; les dedans en sont charmants.

La tour également gothique est placée au bout occidental de l'aile gauche, et fait l'angle du septentrion de l'église; elle est du même temps et de la même structure que celle-ci, et terminée par quatre pignons au-dessus desquels s'élève une haute flèche octogone d'ardoises. Cette tour est remarquable par son aplomb dont elle n'a pas perdu une ligue depuis sa construction. Elle a 18 pieds sur chaque face, non compris le contreforts qui sont aux angles, environ cent pieds de hauteur. Elle renfermait autrefois quatre belles cloches, dont l'accord et l'harmonie faisaient l'admiration des habitans des environs. Trois de ces cloches furent enlevées lors de la révolution, ainsi que quatre colonnes de cuivre d'un poids considérable, qui etaient surmontées des quatre évangélistes et placées dans le sanctuaire, dont elles faisaient le principal ornement. De la cloche qui est restée et qui était la plus grosse, trois furent fondues en 1822, et ce sont celles qui subsistent aujourd'hui. La grosse pèse 1435 livres et s'appelle Marie-Anne-Caroline; la moyenne 1040, et se nomme Hortense-Eliza, la petite 737, et est appelée Louise. On monte à la tour par un esealier à noyau, formé de 64 marches, et aux galeries, par un autre escalier, aussi à noyau, et formé de 45 marches. Ce dernier est placé dans une tourelle hors-d'œuvre. Tout l'édifice est couvert d'anciennes et fortes tuiles. Sous cette couverture, on voit une charpente magnifique de châtaignier, aussi saine, aussi forte et aussi neuve que si elle venait d'être placée. Cette charpente est cintrée et parait avoir été disposée pour recevoir un plafond. On y avait pratiqué en dehors des galeries pour faire le tour de l'église sous le second rang de vitrages ; mais les pluies qui dégradent tout ont fait prendre le parti de les supprimer en les couvrant en tuiles. Enfin, pour achever la description extérieure de ce bâtiment, vingt et un gros pilastres en soutiennent les murs avec autant d'arcs-boutans qui leur répondent et qui soutiennent la poussée de la voûte supérieure, et tout l'édifice est planté an bas de la pente de la montagne et sur le bord du rû de La Chapelle, ce qui la rend un peu humide.

Description intérieure

An dedans, cette église est ornée de galeries qui règnent tout au tour, entièrement voûtée en plâtre et accompagnée de deux ailes ou collatéraux. Ceux-ci se terminent en apside on rond-point ainsi que le sanctuaire qui est éclairé de trois rangs de vitrages l'un sur l'autre.

La nef et les bas-côtés sont soutenus par 16, tant gros piliers en faisceaux que colonnes rondes fort déliées et disposées de manière qu'elles ménagent un grand jour dans l'église. Ces piliers supportent les arcs, et ceux-ci soutiennent les galeries; les cintres qu'on y voit aux deux tiers de leur hauteur, portent des croisillons ou nervures de pierres et de fer, où il ne manque que des vitres, et ces croisillons sont terminés en haut par de secondes arcades destinées à soutenir la voûte du chœur et de la nef: cette voûte, beaucoup plus exhaussée que celles des collatéraux, s'étend d'un bout à l'antre de l'église par le milieu de sa longueur, qui est de 100 pieds dans oeuvre depuis le grand portail jusqu'au chevet, et sa largeur de 56 pieds aussi dans œuvre , depuis la porte du midi jusqu'à celle du nord. Sa hauteur actuelle est de 45 pieds sous elef, sans compter 18 pieds d'espace entre le dessus de la voûte et le faîte du bâtiment. Enfin, il ne manque à cette église, d'ailleurs magnifique, qu'une croisée dans la voûte et un contour derrière le sanctuaire.

La décoration intérieure ne répond point à la délicatesse du gothique ni à la beauté de cet édifice. Quelques légers sacrifices ou offrandes volontaires produiraient une somme plus que suffisante pour faire des embellissements qui donneraient à ce vaisseau la distinction qu'il mérite.

On voit, à la voûte du milieu, un grand nombre de barres de fer transversales qu'il a été besoin d'y mettre pour en empêcher l'écartement.

On reconnait par les chapiteaux des grands et petits portails, et par ceux des piliers de l'église que le sol de celle-ci a été relevé et le pave exhaussé de dix pieds. Cette église contenait des tombes anciennes dont les inscriptions renfermaient certaines particularités ; mais il faut observer que lors du carrelage, en 1641, ces tombes ont été visiblement déplacées et changées de leur situation primitive, plusieurs même étant mises de travers.

Le cimetière paroissial et le presbytère de La Chapelle anciennement étaient contigus à l'église du côté du midi, et tenaient d'orient à la grande route de Coulommiers, d'occident à une grande rue que les habitants de Serbonne appelaient alors le Chemin de la Messe, parce qu'il conduisait directement de ce hameau à l'église, où il aboutissait à l'endroit même où l'on aperçoit encore une ancienne porte collatérale, qu'on appelait la Porte Saint-Martin. Cette porte a été murée, le chemin supprimé, le presbytère détruit, et le cimetière transféré de l'autre côté de la route qui sépare les deux terrains. Celui des chemin et cimetière, ainsi que l'emplacement du presbytère susdits font aujourd'hui partie du jardin du château. Le nouveau cimetière a éprouvé le même sort que le premier, ayant été supprimé, ferme et abandonné, et le terrain vendu en 1817 à feu M. le marquis de Moustiers, qui en a fait le lieu particulier de sa sépulture et de celle de sa famille. Le cimetière actuel est établi et pratiqué sur le sommet d'une haute montagne, à la distance d'un kilomètre et au sud-est de l'église. Il est clos de haies vives. Avant l'an 1817, c'était une terre profane plantée de vignes.

Cette paroisse s’étendait, avant la révolution, sur les trois quarts environ de la ville de Crécy, dont elle n'est éloignée que d'un demi-quart de lieue. En 1792, au mois de novembre, conformément à la loi du 4 mars 1790, qui dispose que les villes emportent tout le territoire soumis à l'administration directe de leurs municipalités, cette portion de Crécy cessa de dépendre de la paroisse de La Chapelle, et les habitants furent attribués, pour le spirituel, à la paroisse de Saint-Georges, et pour le temporel, réunis à la municipalité de Crécy.

Source : Essais historiques et statistiques sur le département de Seine et Marne par Louis Michelin 1841.

image en médaillon : Aquarelle sur traits à la mine de plomb, 21,2 x 13 cm ; Collectionneur : Destailleur, Hippolyte (1822-1893).

photo pour Eglise Notre-Dame de la Chapelle-sur-Crécy

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 125399
  • item : Eglise Notre-Dame de la Chapelle-sur-Crécy
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Seine-et-Marne
    • Crécy-la-Chapelle
  • Code INSEE commune : 77142
  • Code postal de la commune : 77580
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 15e siècle
  • Date de protection : 1846 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 54032dc0478c07e0cb9b49eaf3b6924a.jpg
  • Détails : Eglise de la Chapelle-sur-Crécy : classement par liste de 1846
  • Référence Mérimée : PA00086915

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin