photo : branddan
On se ferait difficilement une idée de l'état des aliénés dans la ville du Mans tel qu'il était autrefois, qu'il me suffise de dire qu'ils habitaient de vrais cachots, qu'ils étaient confondus avec des prisonniers, qu'ils étaient enchaînés et qu'ils ne pouvaient entrer dans l'hôpital qu'après un séjour plus ou moins prolongé dans la prison, où ils étaient retenus pour être traités et pour être interdits.
Ces malheureux sont aujourd'hui dans une belle maison de santé bâtie depuis quelques années par les soins de l'administration départementale.
Il est impossible d'offrir une ordonnance de construction plus simple, plus saine et plus favorable au service, à la surveillance et au bien-être des aliénés. A l'ouest de la ville du Mans, à une petite demilieue, baigné par la petite riviere de l'Huyne, sur un très-grand carré clos de murs, isolé de toute habitation, on a construit cet établissement. L'entrée en est imposante, les bâtiments sont précédés d'une grande cour demi-circulaire entourée d'une galerie, au centre s'élève un bâtiment à deux étages pour le logement des sœurs, de l'économe, de la lingerie, de la pharmacie, des cuisines, la chapelle y est admirablement bien distribuée pour une maison semblable.
Derrière ce premier bâtiment, on a construit l'appareil hydraulique et les bains. Les habitations des malades sont disposées sur les côtés de ces bâtiments et forment deux divisions, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes.
Chaque division se subdivise en quatre pavillons perpendiculaires aux constructions centrales, parallèles entre eux, séparés par des cours plantées, réunis par une galerie couverte, les rez-de-chaussée sont destinés a des réfectoires, des salles communes, des salles de travail, et l'étage au-dessus forme des dortoirs de douze lits; ces dortoirs, plafonnés, sont éclairés par de grandes baies de croisées, garnies de treillages en fer.
Deux des quartiers, un pour les hommes et l'autre pour les femmes, sont disposés en cellules à rez-de-chaussée. Les baies sont fermées par des croisées vitrées et par un volet. Elles s'ouvrent en dehors par la galerie. La maison du médecin est indépendante et séparée par le mur des jardins, qu'il suffit de traverser pour être auprès des malades.
M. le docteur Etoc, élève de la Salpêtrière, a été nommé médecin en chef de cette maison ouverte en 1834. Le savoir, l'activité, le zèle de ce jeune médecin, répondaient de l'excellente direction donnée à ce bel établissement, qui doit consoler ceux qui ont connu l'état déplorable des aliénés dans la ville du Mans. Un élève en médecine seconde M. Etoc. Un règlement qui détermine les attributions de tous les employés, et règle tous les services, a été rédigé. Une commission presidée par le préfet de la sarthe, administre cette maison; un receveur économe pourvoit aux besoins matériels de tous les services. Trois sœurs de Charité, ayant à leurs ordres des infirmiers et des infirmières, dirigent, surveillent les soins donnés aux malades. Elles sont chargées de la pharmacie, de la cuisine, du maintien de l'ordre et de la propreté, et de la conservation des vêtements.
Les infirmiers reçoivent les ordres immédiats du médecin, qui peut les suspendre de leurs fonctions. Le préfet ordonne l'admission des pauvres. Les pensionnaires doivent être pourvus d'un certificat de médecin, constatant leur état de folie, visé par le maire du domicile du malade. Le prix des pensions varie de 400, 700 a 1200 fr.
Source : Des maladies mentales considérées sous les rapports médical Par Etienne Esquirol
Fondé en 1828, l'asile est construit d'après le plan-type donné en 1818 par Hippolyte Lebas base sur les théories novatrices du docteur Esquirol.
Oeuvre de l'architecte Félix Delarue. Plan suivant un axe longitudinal occupé par une cour de circulation comprenant le bâtiment d'administration et des services, et terminé par la chapelle.
Autour du bâtiment sont disposés les pavillons des différentes classes de malades, séparant les hommes et les femmes. Certains bâtiments conservent leurs installations d'origine, notamment l'aile des agités et l'amphithéâtre de dissection.