photo : pierre bastien
La position du prieuré d'Anzy est vraiment admirable et justifie l'enthousiasme du moine anonyme, auteur de la vie de saint Hugues. Elevé à l'extrémité d'une colline qui s'avance vers le nord en forme de promontoire et empiète sur la jolie et et riche vallée de l'Arconce, il voit à ses pieds un tapis toujours vert et animé, formé par de vastes prairies et terminé, dans le sens de sa longueur, par les hauteurs de Montceaux et de la Chassagne, sur la gauche ; de Saint-Christophe et de Varennes, à droite.
La belle église romane, dont nous allons bientôt parler, frappe d'abord les regards par sa grâce et son élévation qui paraît doublée, vue du côté de la vallée. Sur la crête orientale du mamelon, et du nord au midi, s'élevaient les édifices réguliers, devenus une magnifique et spacieuse habitation moderne. Mais on a tenu à conserver la grande salle de réception avec sa cheminée du XVIe siècle, ornée de fresques et de dorures. Une vaste cour est formée par cet édifice à l'est, l'église au nord et les murs de clôture au sud et à l'ouest. A l'angle sud-ouest s'élève encore, dans toute sa pureté primitive, une élégante tour carrée où se rendait la justice au nom du prieur. La porte d'entrée, qui est aujourd'hui à l'ouest et à l'endroit où le capitaine Desprès avait ouvert une large brèche aux murailles, était antérieurement au midi, appuyée contre la tour dont nous venons de parler et qui servait à la protéger.
A cette porte primitive venait aboutir directement un embranchement de route qui partait de la voie romaine signalée par Courtépée et par les Annuaires de Saône-et-Loire, dans la direction de Semur à Avrilly.
Le temps et les révolutions changent tout. La vieille porte murée, suspendue au-dessus d'un ravin, n'est plus sur la voie publique, qui a changé de direction. Elle est encore fort remarquable malgré l'incorrection du dessin et la grossièreté de l'exécution. Un cintre orné de feuilles d'acanthe encadre le tympan divisé en trois compartiments. Là, se trouvent gravés sur la pierre, comme la profession de foi des habitants du cloître : la chute originelle, la rédemption, le jugement. C'est l'abrégé de tout le symbole chrétien. La chute nous représente Adam et Eve au pied de l'arbre fatal. A droite, ils mangent le fruit défendu ; à gauche, ils cherchent à couvrir leur nudité. La rédemption est figurée par le mystère de la vocation des Gentils, dans la personne des Mages. Le jugement occupe à lui seul toute la partie inférieure du tympan. Un monstrueux serpent semble réclamer sa proie. Les âmes sont figurées par de petits bonshommes qui sont pesés plusieurs ensemble, soulevés de terre avec une corde tendue horizontalement. Les uns sont reçus par les anges et directement sauvés. D'autres le sont sic tamen quasi per ignem, comme s'exprime saint Paul. Ce sont celles qui passent par le purgatoire. Elles paraissent d'abord torturées de toutes manières par les démons, puis arriver néanmoins au ciel. D'autres, enfin, sont livrés au démon pour le feu éternel. Le langage de la pierre est exact comme celui de l’Écriture. Le symbole catholique ne change point. Aux deux extrémités, mais en dehors de la lugubre scène et du tympan, on voit deux chevaliers armés et à cheval, expressive figure de la vie présente. Pour se faire une juste idée de ces intéressants débris, qui doivent remonter au XIe
Source : Le bienheureux Hugues de Poitiers : le prieuré, l'église et les peintures par François Cuchera 1862.
Le hameau de Saint-Quentin, qui occupe le sommet d'une haute montagne presque à pic, et qui dépendait, avant 1861, de la commune de Saint-Marcelin-de-Cray, portait autrefois le nom de Pierre-Fixe. On voit dans Perrard (cartulaire de Perrecy) que, en 876, le chevalier Letbald, fondateur du prieuré d'Anzy-le-Duc, tenait en bénéfice du comte Eccard, fils de Childebrand, la terre de Pierre-Fixe, Petra-Fixa, non loin du Mont-Saint-Vincent. L'église dont fut doté ce village avait été dédiée à Saint-Quentin. Elle est désignée dans le même cartulaire sous le nom de Ecclesia Sancti-Quentini adpetram flxam. C'était une pierre limitante.
Source : Notes pour sevir à l'histoire du département de Saône-et-Loire par ses monuments par Aimé Emmanuel Monnier 1873.
(ministère de la culture) :