photo : Dominique Robert
Les diverses formes orthographiques du mot Popey, Popée, Popez ont donné naissance aux étymologies les plus fantaisistes. N'est-on pas allé jusqu'à prétendre que ce nom rappelle l'établissement, à Saint-Romain, d'un camp retranché par le grand Pompée ! D'autres, non moins hardis, rapportent que Néron, charmé de la beauté du site, y aurait fait bâtir un château pour sa concubine Popée, « la divine augusta », qui prenait des bains dans les eaux minérales de la Turdine. Le nom de la favorite aurait été accolé à celui de saint Romain — singulier assemblage — pour former la dénomination actuelle !
Plus simples dans leurs conceptions, d'autres, enfin, ont vu dans Popey une corruption du mot « poupée » par lequel on désignerait la montagne voisine, dont le sommet ressemble vaguement à une tête humaine.
Quoi qu'il en soit, cette paroisse dépendait de l'archiprêtré de Courzieu, de l'élection et de la sénéchaussée de Lyon. Elle relevait pour la justice de Saint-Forgeux et de l'abbé de Savigny, lequel nommait à la cure.
Le chamarier de la puissante abbaye possédait, avec le mas des Artauds, quelques terres aux environs du bourg. Les d'Albon, marquis de Saint-Forgeux, étaient seigneurs du clocher et de la plus grande partie de la paroisse.
En 1306, Guillaume de Varey, d'une famille d'échevins lyonnais appartenant à la corporation des drapiers, acquit, de Jean de Varennes, les terres d'Avauges et de Varennes, à Saint-Romain-de-Popey, avec tous les droits qui relevaient de ces deux seigneuries dans les paroisses de Saint-Forgeux, Villechenève, Ancy, Montrottier, Longessaigne et, généralement, tout ce que possédait le vendeur depuis la Saône jusqu'au pont d'Alaï.
Le château d'Avauges est situé entre la Turdine et le ruisseau de Batailly, il avait le titre de baronnie. Toutes ses fortifications ont disparu, probablement à la suite des guerres de religion qui ensanglantèrent la fin du XVIe siècle. Un château moderne a remplacé l'ancienne maison forte dont les seigneurs, Varey et d'Albon, relevaient des « moinillons » de Savigny.
La famille d'Albon, au dire de certains généalogistes, serait une des plus anciennes de France, se rattachant aux dauphins de Viennois par Guy ou Guigues 1er, comte d'Albon, en 1044.
Dès le XVIIe siècle, d'après Claude Le Laboureur, on protestait contre ces prétentions outrées, faisant, sans doute, remarquer que le nom de Dalbon ou Darbon était commun à des familles nobles et à des familles roturières, et que le sens bien connu de ce mot en dialecte lyonnais ne permettait nullement de le rattacher à la terre d'Albon, en Dauphiné. Quoi qu'il en soit, des d'Albon furent, dans nos pays, seigneurs de Curis, de Saint-Forgeux, de Bagnols, de Châtilon, d'Avauges, etc., et, en dernier lieu, princes d'Yvetot.
Au XIXe siècle, un majorat au titre de marquis a été constitué, le 11 juillet 1820, par André-Suzanne d'Albon, ancien maire de Lyon.
Debombourg, dans son Atlas historique, mentionne deux autres petits fiefs : Batailly, déjà possédé par la famille de ce nom et cité, en 1080, dans le cartulaire de l'abbaye de Savigny, et Montbloy, château que le XIIe siècle vit construire et disparaître.
Au hameau de Clévy, on remarque une chapelle gothique dédiée à la Vierge. Au même lieu aurait existé un couvent du tiers-ordre de Saint-François qui fut vendu comme bien national, lors de la Révolution. En face de la chapelle, on signale une pierre à écuelle sur laquelle les mères inquiètes de la santé de leurs enfants viennent en pèlerinage.
A Varenne, qui fut autrefois siège de la justice, existent encore les ruines d'une tour qui date, dit-on, des Romains.
La partie sud du village a été témoin d'une défaite de la petite armée du général de Précy, cachée dans les bois de l'Arjoux et du Popey. Des soldats de l'armée conventionnelle, guidés par des paysans de Saint-Romain, trouvèrent les fugitifs dans les bois des vallons de Varenne et, après les avoir mis à mort, les enterrèrent, à la place même où avait eu lieu le massacre. Des défrichements ont fait découvrir il y a quelques années des ossements humains qu'on suppose provenir de ces malheureux « muscadins ».
Le sommet du Crêt de Popey a été considéré, de tout temps, comme un poste d'observation remarquable. La découverte d'objets d'origine romaine ne laisse aucun doute sur l'occupation de ce point culminant par les vainqueurs du monde. Rappelons également qu'au moyen âge le sire de Beaujeu reçut de l'abbé de Savigny l'autorisation de fortifier la montagne de Popey.
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