Château de Vallières

Dès l'origine, SAINT-GEORGES-DE-RENEINS acquit une certaine importance, en raison de sa situation près de la Vauxonne, sur la route de Lyon à Paris.

Les sires de Beaujeu en furent les premiers seigneurs.

« En l'an 967, Humbert de Beaujeu donna à Mayeul, abbé de Cluny, une chapelle dédiée à Saint-Georges, située au pays de Lyon, au village de Renins, avec un mas où un nommé Girard habitoit et deux seitérées de terre pour l'entretien du pescheur qu'ils mettroient au port (qui est le port de Bivière). »

En 1195, « Bonens » est cité dans le premier testament de Guichard IV de Beaujeu.

Divers dons faits à l'église ou à l'hôpital, aux XIIIe et XVIe siècles permettent d'établir les différentes orthographes de Saint-Georges: Rogneins, Beneins, Renins, Ronnens, Renain, Reoignain, etc.

M, de Beaujeu reprit du duc de Bourgogne les fiefs qu'il tenait de lui, en 1326; l'on y avait ajouté Saint-Georges-de-Reneins, depuis 1317.

Saint-Georges, qui était paroisse du diocèse de Lyon et de la collation de l'abbé de Cluny, dépendait de la justice de la châtellenie de Villefranche.

En 1400, il échappa aux sires de Beaujeu, comme d'ailleurs toutes leurs autres possessions.

« L'on prétend qu'Edouard de Beaujeu, dégénérant de la vertu de ses ancêtres, s'était jeté depuis longtemps dans la débauche, et qu'il enleva publiquement une fille de bonne et honnête famille de Villefranche ; que les parents de cette fille en portèrent leur plainte au roi, et que le parlement de Paris auquel ressortissait le Beaujollois à la part du royaume, où ce rapt avoit été commis, prit connoissance de ce crime et envoya un huissier pour ajourner ce seigneur...., que la signification de cet ajournement fit entrer ce prince dans une si grande colère contre la hardiesse de cet huissier, qu'il l'obligea à manger l'arrêt avec son sceau et la signification, et qu'il le fit ensuite jeter par les fenêtres du château de Pouilly, où cet acte lui fut signifié.

« L'on prétend que pour réparation du rapt, il fut obligé de donner la seigneurie de Saint-Georges-de-Beneins au sieur de la Bessée, père de la demoiselle. Cependant Louvet qui rapporte ce fait dit, dans la suite, que Véran de la Bessée avoit acquis cette justice de François Ier, en 1537, ce qui me fait douter du premier fait qu'il avoit avancé, car Louvet ne dit point comment cette terre étoit revenue à MM. de Beaujollois, et comment ils l'auroient retirée de M. de la Bessée, en sorte que François Ier eût pu la revendre à un des parents de cette fille, près de 130 ans après ce rapt. »

Quant à Edouard de Beaujeu, il se trouva trop heureux d'acheter sa grâce par l'abandon de tous ses biens à Louis II de Bourbon.

Les hommes des seigneurs de Reneins étaient tenus d'aider les habitants de Villefranche à faire le guet et à réparer les fortifications.

« Belleville, dit Ogier, crut devoir réclamer une pareille aide et prétendit que les habitants de Saint-Georges dont les demeures étaient au nord de la Vauxonne lui devaient le même service qu'ils rendaient aux gens de Villefranche. »

Après de longs débats, cette prétention fut repoussée.

En 1574, un gentilhomme gascon, le sieur de l'Arthuisie, attaché à la maison de Tavannes, acheta la seigneurie de Saint-Georges au roi de France.

Seize ans plus tard, Henri IV céda à « Mre Antoine Guillermin, chevalier de l'ordre du roi, seigneur de l'Arthuisie, la justice de la paroisse de Saint-Georges-de-Reneins, que le sieur de l'Arthuisie souhoitoit parce qu'il y avoit sa maison et que ses ancêtres avoient eu cette justice par engagement.

« Mais le Sr de l'Arthuisie qui avoit promis de quitter la Ligue et de restituer quelques villes à Henri IV.n'ayant pas exécuté sa promesse, le contrat de cession de la justice de Saint-Georges en faveur du Sr de l'Arthuisie n'eut pas lieu. »

A cette époque Belleville revendiquant Rogneins « comme une partie de son ressort, un conflit de juridiction assez grave s'éleva entre elle et Villefranche. Un arrêt du Parlement repoussa les prétentions de Belleville.

« En 1592, la veuve d'Antoine de Guillelmon, soeur de l'Arthuisie, vendit la paroisse de Saint-Georges au duc de Montpensier qui y établit aussitôt une justice et un châtelain auquel furent confiées les premières informations. Défenses furent faites aux habitants de se pourvoir dorénavant à Villefranche comme aussi aux officiers de Belleville d'exercer à l'avenir aucune juridiction sur Saint-Georges.

« Vers 1601, le châtelain, François Mabiez, résigna son office à Jean Bottu le jeune. »

Avec le temps, les droits de justice se subdivisèrent en trois parties : la principale, avec le clocher, apppartenait au duc d'Orléans, comme seigneur du Beaujolais; la deuxième était à M. de Monspey, comte de la Vallière et comprenait les mas de Bussy, Chaffrey, Gandoger, etc. ; enfin, la troisième était celle de Marsangue, dont était seigneur M. d'Espinay de Laye.

Pendant la Révolution, Saint-Georges prit le nom de Reneins-les-Sables et fut rattaché au canton de Villefranche.

Quelques belles demeures, siège des anciens fiefs, se trouvent encore dans les environs du bourg.

Ces fiefs étaient au nombre de sept :

Bussy, Laye, Marsangue, Montchervet, Marzé, Vallières et Boistrait.

Bussy. En 1339, M. de Beaujeu donna « 30 livres de rente en fief à Philippe de Bussy qu'il promit lui assigner sur des terres en l'empire, c'est-à-dire dans cette souveraineté, moyennant quoi Philippe de Bussy promit de servir notre prince dans les tournois envers et contre tous, et à la guerre contre tous, excepté l'empereur, le comte et Louis de Savoie.

« je crois que notre prince ne trouvant pas une terre commode en Dombes pour assigner ces 30 livres de rente à Philippe de Bussy, il donna à ce seigneur le fief de Bussy, situé dans la paroisse de Saint-Georges-de-Reneins, et que c'est de lui que ce fief a pris son nom. »

« En 1539, dit La Carelle, Bussy appartenait à Claude de Baronnat, sieur de la Martizière et du Moulin-au-Comte, juge d'appeaux de Beaujolais, qui donna le dénombrement de son fief le 27 janvier de la dite année. Ses héritiers le vendirent, vers 1645, à Noël Mignot, écuyer, qui en prit le nom et dont les descendants le possédaient encore en 1789. »

Laye a donné son nom à une illustre et puissante maison, éteinte au XVIe siècle, après avoir possédé, pendant près de quatre cents ans, les plus belles seigneuries en Beaujolais, en Dombes et en Bourgogne.

En 1260, Hugues de Thélis était titulaire de ce fief qui passa, en 1450, à la famille de Nagu-Varennes. Philibert de Nagu en donna le dénombrement le 25 février 1539. Le 11 avril 1601, François de Nagu passa une procuration pour faire au duc de Montpensier les foi et hommage de ses terres et fiefs. En 1653, Alexandre de Nagu, chanoine comte de Lyon, vendit à Antoine Perrachon, baron de Senozan, la terre de Laye. Vers le milieu du XVIIIe siècle, elle fut acquise par la famille d'Espinay (Despiney) qui la conserva jusqu'en 1789.

Marsangue appartint longtemps à la famille de Rétis, originaire de Lucques, venue en France, sous le règne de François Ier.

En 1580, Jean de Rétis était seigneur de ce fief que Zacharie, son fils, transmit à César de Rétis, lieutenant particulier, assesseur au bailliage de Beaujolais, en 1605. Des mains de Gabriel de Rétis il passa à celles de M. de la Chaize d'Aix (1698), et de Rombaud (1740).

A cette époque, Marsangue, ainsi que Champrenard, furent réunis à la seigneurie de Laye, tout en demeurant le siège de la justice seigneuriale. Dans le château se trouvaient, en effet, les prisons et la justice de Laye-Espinay.

Le fief de Montchervet appartenait, au XVe siècle, à Claude Agnot, écuyer, qui le tenait de sa femme Catherine de Montchervet. En 1649, Marie de Montchervet, unique héritière des Agnot de Montchervet, l'apporta en dot à son mari qui le vendit à Jean Bottu de la Barmondière. La famille de Monspey l'acquit ensuite et le conserva jusqu'en 1789.

Marzé appartenait, en 1541, à Jacques de Rosset, qui le dénombra le 23 août de la même année.

Jean de Nanton, sieur de Chaintré, en Mâconnais, se rendit acquéreur de ce fief, qui fut vendu par décret, en 1548, à Jean Gay, avocat au Parlement.

Le fief de Vallières, longtemps possédé par la famille de l'Arthuisie, fut donné, vers 1640, par le dernier héritier de ce nom à un membre de la famille David, dont la fille épousa Louis de Monspey, en 1652.

Boistrait, appelé autrefois la Grange-Baudet, appartint fort longtemps, dit La Carelle, à la famille Baudet, ancienne en Beaujolais, André Baudet, écuyer, maître des comptes en était seigneur, en 1476. Philibert, son fils, étant sans enfants, institua, par son testament du 26 novembre 1519, pour son héritier Jacques de Mareschal, seigneur de Sénozan, son beau-frère. Celui-ci n'eut qu'une fille, Françoise, qui épousa Jean Mitte de Chevrières. Leurs descendants vendirent le fief de Boistrait à la famille de Bellet, qui le conserva assez long-temps. En 1670, ce fief passa à la famille de Villonière. La dernière héritière le porta vers la fin du XVIIIe siècle à M. de Brévannes.

C'est près de Saint-Georges, au lieu des Tournelles, que le 18 avril 1814, Augereau soutint un combat desespéré contre les troupes autrichiennes du prince de Hesse.

Inférieurs en nombre, les Français subirent de grosses pertes mais purent se retirer en bon ordre sur Lyon.

En 1853, près du même lieu, la construction de la ligne de chemin de fer a amené la découverte d'une ancienne ville gallo-romaine. Les médailles trouvées dans les fouilles témoignent que cette petite cité fut détruite l'an 250 de notre ère.

Une chapelle, située non loin de l'église et dite Notre-Dame des Eaux, était jadis un lieu de pélerinage fréquenté à l'époque des sécheresses.

Source : Dictionnaire illustré des communes du département du Rhône par MM. E. de Rolland et D. Clouzet.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 117091
  • item : Château de Vallières
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Rhône
    • Saint-Georges-de-Reneins
  • Code INSEE commune : 69206
  • Code postal de la commune : 69830
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 17e siècle
    • 1ère moitié 17e siècle
  • Années :
    • 1600
    • 1650
  • Dates de protection :
    • 1974/07/19 : classé MH
    • 1974/07/19 : inscrit MH
    • 1988/07/11 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :10 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • salle
    • décor intérieur
    • communs
    • salon
    • grange
    • salle à manger
    • charpente
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Façades et toitures en carène de vaisseau de la grange (cad. C 190) : classement par arrêté du 19 juillet 1974
    • L' escalier intérieur du château (cad. C 190) : inscription par arrêté du 19 juillet 1974
    • Façades et toitures du château
    • à l' intérieur : salon et salle à manger avec leur décor
    • façades et toitures des communs (cad. C 190) : inscription par arrêté du 11 juillet 1988
  • Référence Mérimée : PA00118039

photo : Dominique Robert