photo : Dominique Robert
Le nom de SAIN-BEL se rencontre dans les anciens titres sous les formes suivantes : Sambael (Cartulaire de Savigny, I, ch. 944, A. 1662), Sambeeli (ib. ch. 805, XIe siècle), Saimbeel (ib., ch. 750, XIe siècle), Senbel (ib., ch. 958, a. 1286) et Sanctus Bellus (ib., II, p. 961, 988, XVIe siècle).
Dès son origine, le bourg appartint à l'abbaye de Savigny. Il ne tarda pas à prendre une certaine importance, puisque déjà, en 1066, un marché y était installé. Nous voyons, à cette date, l'abbé Dalmace établir un droit sur la vente des bestiaux amenés à Sain-Bel. Le produit de cette taxe, ainsi que celui de certains péages étaient consacrés à la nourriture des frères ; nous lisons en effet dans Aubret qu'en 1161 « Milon, abbé de Savigny, reconnoit qu'Odilon et Ponce, ses prédécesseurs, aussi bien que lui, avoient mal fait de mettre dans leur manse et de s'approprier les profits de péage de Sain-Bel, quoique l'abbé Dalmace les eût destinés pour être employés à la nourriture des religieux. Milon rendit le profit de ces péages aux religieux, pour leur nourriture et donna cent marcs d'argent sur les revenus communs pour la restitution qu'il croit devoir faire aux religieux . »
Le château fut bâti, au XIIe siècle, par les moines de Savigny pour protéger leur monastère. C'est dans ce castel que furent dressées, le 3 juillet 1272, les lettres par lesquelles Bernard Aigler, abbé de Mont Cassin, général de l'ordre de Saint-Benoît, accorda à l'abbé de Savigny le rochet et le camail. L'abbé Guillaume d'Albon, né en 1379, fit exécuter à l'édifice des embellissements considérables et, après sa mort survenue le 12 janvier 1456, Sain-Bel devint la résidence préférée des abbés. Ce fut également Guillaume d'Albon qui fortifia le château par ordre du bailli de Mâcon ; ce personnage craignait une invasion sur Lyon des Anglais et des Bourguignons.
Le mardi, second jour de mars de l'an 1489, le jeune roi Charles VII s'arrêta à Sain-Bel.
D'autre part, Benoît Mailliard rapporte qu'en 1495 « une épidémie sévit dans la ville de Lyon et plusieurs autres lieux du pays du Lyonnais, surtout dans la ville de Sain-Bel. »
Celle-ci eut également à souffrir des bandes de Tard-venus : le terrible Séguin de Badefol incendia la cure.
Jusqu'en 1784, la paroisse fut le chef-lieu de la baronnie de Savigny.
Elle prit sous la Révolution, le nom de Bel-les-Mines et fournit en 1793 un contingent important pour la défense de Lyon. Nous lisons, en effet, à la date du 11 août, dans le Bulletin du département de Rhône-et-Loire, imprimé par ordre du Comité de surveillance et de Salut public : « Il arrive continuellement à Lyon, des bataillons nombreux ; Yzeron, Givors, Saint-Étienne nous ont envoyé des frères ; dans la paroisse de Sain-Bel on n'a laissé que trois vieillards... »
La commune de Sain-Bel fut agrandie par une loi du 5 mai 1855, de portions de territoire prises à Savigny, Sourcieux et Saint-Pierre-la-Palud.
Le bourg a quelque peu conservé son aspect féodal à cause du vieux château qui domine là ville. L'antique manoir se présente encore dans un bel état de conservation, mais les tours et les remparts ont disparu, ainsi que les fresques qui décoraient plusieurs salles et la chapelle. Ces fresques étaient attribuées au peintre lyonnais Jacques Stella. Le vieil édifice abrite aujourd'hui des familles de jardiniers ou de tisseurs de soie.
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Édifice construit vers 1190, faisant partie d'une ceinture de fortifications destinées à protéger le territoire de l'abbaye bénédictine de Savigny. Aux XIVe et XVe siècles, le lieu devient la résidence des abbés de Savigny, et connaît une période de reconstruction ou de réparation. A la Révolution, le château est vendu comme bien national. Au milieu du XIXe siècle, les bâtiments sont transformés en habitations. Le bâtiment se présente comme un quadrilatère irrégulier enfermant une cour, cantonné d'une tour carrée, dite la tour de l'Horloge (XVe), et d'une tour semi-circulaire dit la tour du Colombier (XVe-XVIe). La tour des Empereurs autrefois située au sud, a été démolie au XIXe siècle. Le bâtiment sud, qui abritait le logis de l'abbé, a été en partie reconstruit vers 1850. La chapelle a conservé sa porte du XVe siècle et présente des vestiges d'un décor peint du XVIIe siècle.
Le château de Sain-Bel, au pied duquel sont groupées quelques habitations, n'est séparé du reste du village que par le ruisseau appelé Trésoncle ; c'était un manoir des abbés de Savigny, nous croyons qu'il date de la même époque que l'église ; mais il a été restauré sous les d'Albons, dont on trouve encore les armes sur toutes les portes.
Cet ancien château n'a pu traverser les siècles sans éprouver, de nombreuses mutilations, ainsi ses tours et ses enceintes ont été démolies ; mais ce qu'il en reste suffit encore pour faire juger de son antique splendeur. Plusieurs salles sont décorées de fresques magnifiques qui révèlent les talents d'un artiste habile ; nous croyons qu'elles sont dues au pinceau du peintre lyonnais, le célèbre Stella ; ce qui vient à l'appui de notre croyance, c'est le nom de cet artiste qui se lit à côté des fresques et puis le rouge qui domine presque toujours, était précisément la couleur préférée de Stella. Une scène de la passion est représentée dans la chapelle, on voit Jésus chargé de l'instrument de son supplice et en proie à la fureur d'une soldatesque effrénée ; sur une autre face de la muraille est représentée la condamnation du fils de Dieu par Caïphe. Dans la salle de justice qui est au rez-de-chaussée on voit Judith qui délivre les juifs en tranchant la tête d'Holopherne. Toutes ces fresques se font remarquer par le brillant du coloris et par la pureté du dessin ; mais malheureusement elles sont dans un état pitoyable, et au moment où nous écrivons ces lignes, peut-être ont elles disparu ! Les salles servent d'entrepôt pour le bois et le foin, tous ces beaux restes s'en vont par lambeaux et bientôt il n'en existera plus rien.
Sain-Bel était, avant la révolution, bourg et paroisse, archiprêtré de Courzieu, élection et sénéchaussée de Lyon, son château-fort était le chef-lieu de la baronnie de Savigny, en Lyonnais.
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photo : Dominique Robert