Château

Ronno ou Rhones, Ronnus villa, cartulaire de Savigny, année 1087, charte 825.

Bourg du canton de Tarare, à quatre myriamètres cinq kilomètres de Lyon. C’était une annexe de la paroisse d'Amplepuis, en Beaujolais , archiprêtré de Beaujeu , élection de Villefranche, justice du marquisat du Sauzey. Il y avait dans la paroisse trois châteaux et fiefs: Ronno dans la famille de Bissuel de Saint-Victor ; Pierrefitte, aux familles de Saint-Victor et de Ressein ; et d'Ornaison, qui appartint successivement aux familles d'Ornaison, de Terrail-Bayart, de Montd'Or et Foudras.

Théodore Ogier

Plusieurs hameaux sont disséminés autour de Ronno : au nord, les Molières, prés du bois de ce nom, qui est à 845 mètres ; Darval, au centre-nord ; la Grelotière, a l’ouest ; au dessous, la Feuillée ; au centre, les Bruyères, Momet, la Montagne et Ronno ; la Graviche, au dessus ; et la Goutte, Maisons-Neuves, les Tardières, au centre ouest ; les Barges, Giraudon et Pinay, au sud. Entre ces derniers se trouve un point culminant dont l'élévation est de 797 mètres. Les vallées sont arrosées par quelques petits ruisseaux qui, réunis, se déversent dans le principal, appelé le Rhins, qui coule du nord-est au sud-est.

Les hameaux de cette commune étant nombreux et assez forts, l'agglomération de maisons qui forme Ronno n'est pas considérable; une ou deux rues, et une place située vis-à-vis de l'église, voilà de quoi se compose ce village, que l'entourage du château garnit presqne aux deux tiers.

L’église de Ronno, sons le vocable de saint Martin, se compose de trois nefs voûtées, séparées par des colonnes. Elle a trois chapelles : deux latérales, et celle du château. Les croisées y manquent ; le style gothique ogival semble avoir été appliqué à la construction de cet édifice vaste, bien distribué et qui est moderne ; il paraît avoir été construit à diverses reprises ; on peut en faire remonter le commencement à la fin du siècle dernier, et la fin à 1827. Il y avait primitivement une chapelle à laquelle, vers 1740, on fit des agrandissements, et ces agrandissements ont, en se renouvelant, composé l’édifice tel que nous le voyons maintenant. Cette église est bien tenue.

Ce qui surprendra, en considérant l'importance actuelle de la commune et de la paroisse de Ronno, c'est que, vers le milieu du siècle dernier, c'est-à-dire il y a un siècle environ, cette paroisse n'était qu'annexe de celle d'Amplepuis; elle n'a été érigée en succursale que le 12 septembre 1788. La justice de Rébé la régissait, et son seigneur était le marquis de Sauzey, major des gardes françaises, et brigadier des armées du roi. Quelle heureuse circonstance a favorisé l'émancipation de cette paroisse ? A qui doit-elle une augmentation de population aussi considérable, et une importance industrielle et agricole aussi grande ? c’est ce que l'histoire ne dit pas.

En ce qui concerne le château, nous trouvons dans l'Almanac de Lyon (1757), que ce château était bâti à la moderne ; que c'était un fief avec rente noble considérable et droit de dîme ; qu’il était situé en la paroisse de Ronno, rière la châtellenie d'Amplepuis, et que M. Bissuel de Thizy en était seigneur. Rien encore, dans ce qui a trait à ce manoir, ne nous explique la cause de l'émancipation de Ronno, de ce progrès, de cet accroissement de population, dont nous parlions plus haut. Quelle que soit cette cause, et puisqu'elle ne peut nous être connue, nous ne nous attacherons qu'à eu constater les effets. Nous constaterons que Ronno renferme des habitants nombreux, laborieux et actifs ; que les travaux agricoles y sont productifs ; que l'industrie y est répandue, et se voit maintenant représentée par 600 métiers qui fonctionnent pour le tissage des étoffes de soie, de coton et de fil. Tous ces effets concourent à constituer au profil des habitants un classement honorable comme commune, et une position aisée au point de vue agricole et industriel.

Au sud-est du village de Ronno, se trouve un corps de bâtiment, qui fut jadis un château appelé Ornaison. Ce château ou maison était un fief, dont nous ne pouvons citer les propriétaires. Pierrefitte, qui est à l'ouest-sud, était aussi un château, dont la construction indiquait une certaine importance ; il avait tours et fossés, ainsi que de vastes habitations. C'était encore un fief avec rente noble ; de temps immémorial, il a appartenu à M. Bissuel de Thizy, et depuis à M. de Saint-Victor. Il y a en outre, à l'est du territoire, un domaine appelé Charme, que l'on dit avoir été château ; le lieu dans lequel ce domaine se trouve est près du bois des Molières, et non loin d'un point culminant dont l'élévation au dessus du niveau de la mer est de 878 mètres. On prétend aussi que, dans le hameau les Tardières, situé à l'ouest, on a découvert des fondations qui, par l'examen qu'on en a fait, sembleraient indiquer que les constructions dont elles étaient les bases existaient au XIII^e siècle.

Source : La France par cantons et par communes par Théodore Ogier 1856