photo : Dominique Robert
Oullins, Aulins, Ulins, Avliana. Très-joli et très-riche village sur la route de Lyon à Brignais, en partie dans une vallée riante et accidentée, sur la droite de la rivière d'Yzeron, dans le canton de Saint-Genis-Laval, à six kilomètres de Lyon. Le pays est beau et est occupé presque entièrement par des jardins, des vergers et des maisons de campagne, dont quelques-unes sont remarquables. Le célèbre mécanicien Jacquart habitait une petite maison de campagne, où résida aussi J.-J. de Boissieu. Le fief de Chanzieu était dans la commune ; il appartenait, en 1789, à M. Bouilloud de Chanzieu, ancien conservateur en la cour des monnaies de Lyon.
Le château du Perron mérite plus d'attention; il fut bâti, dans les premières années du seizième siècle, aux frais d'Antoine de Gondy, originaire de Florence et établi à Lyon en qualité de banquier. Quoique cet édifice n'eût rien d'extraordinaire, à en juger du moins par ce qu'il est aujourd'hui, il reçut d'illustres visites, par exemple celles de François Ier, en 1515, de Charles IX, de Catherine de Médicis, du duc d'Anjou, quelques années après, et de Henri IV, en 1600, à l'occasion de son mariage avec Marie de Médicis. Le château du Perron avait changé plusieurs fois de maîtres avant de devenir la propriété de l'administration des hôpitaux, qui y établit une succursale de cent dix lits pour les incurables. Il était question, récemment, de le transformer en un grand établissement départemental d'aliénés ; ce projet est au moins ajourné.
Oullins fut un des lieux que l'édit de Nantes assigna en 1598, aux calvinistes pour l'exercice autorisé de leur culte ; les protestants s'y installèrent, y tinrent un synode provincial cinq ans après, et y restèrent paisiblement jusqu'en 1630, année pendant laquelle l'archevêque de Lyon, Denis-Simon de Marquemont, devenu seigneur de la paroisse, obtint un arrêt du conseil qui les contraignit à transporter leur prêche a Saint-Germain de Couzon.
La seigneurie d'Oullins appartint d'abord aux chanoines-comtes de Lyon. Guillaume de Quincampoix, écuyer de Charles de Bourbon, fut nommé par ce prince, en 1476, châtelain de Francheville, et, l'année suivante, seigneur d'Oullins. Ce titre passa à un fils du riche marchand florentin, Thomas de Gadagne, et fut cédé par lui aux archevêques de Lyon. Le château moderne fut bâti, vers le milieu du dix-huitième siècle, par le cardinal de Teucin. Il est construit avec goût et élégance, et est dans une admirable exposition, sur le versant d'une colline couverte de bois. Thomas, de l'Académie française, mourut dans cette belle résidence, où l'avait reçu, en 1786, l'archevêque Malvin de Montazet, qui lui fit élever un tombeau dans le cimetière d'Oullins. Le château et le parc devinrent la propriété de Tolozan de Montfort, dernier prévôt des marchands, qui y acheva, en 1811, son honorable carrière. Ses héritiers vendirent la plupart des terres, et il ne resta guère que le château, dont un négociant de Lyon, M. Beauvais, fit l'acquisition. De nos jours, le château d'Oullins est devenu un établissement pour l'éducation des jeunes gens, fondé par l'abbé Dauphin et dirigé maintenant par des dominicains du tiers-ordre, qu'il ne faut pas confondre avec les PP. dominicains.
Source : Histoire monumentale de la ville de Lyon par Jean-Baptiste Monfalcon 1869.