photo : NP
Placé dans la même position que Lucenay, qu'il joint au midi, le village de Morancé offre beaucoup de ressemblance avec son voisin. Une rue irrégulière, et dans son tracé et dans ses constructions, compose presque tout le village ; on remarque seulement devant l'église une assez jolie place plantée d'arbres, et autour de celle-ci, quelques maisons d'une certaine apparence. Les habitants de Morancé ont pourtant la réputation d'être riches, et cela est vrai pour la généralité.
L'église, dédiée à Notre-Dame, est d'une construction très ancienne : son style est partie byzantin, partie gothique, et le clocher présente des cordons de brique rouge, comme on avait coutume d'en placer dans les premiers temps du moyen-âge. Elle se compose d'une nef voûtée avec chapelles latérales.
Les dames de l'abbaye de Saint-Pierre-de-Lyon possédaient une propriété dans cette commune ; la porte qui existe à la maison d'école et qui est d'un bon style, est le seul objet qui en reste. Cette propriété leur avait été donnée dans le IXe siècle par le roi Lothaire, ainsi qu'il résulte d'une charte datée de Lyon, le 18 des calendes de juin 864, dans laquelle il est dit que « tant à cause de son amour pour Dieu, que de l'avantage qu'en retireraient les âmes de son père et de sa mère, de Louis son frère, empereur d'Allemagne et de son frère Charles, roi de France, qui avait reçu la sépulture dans le monastère de Saint-Pierre, Lothaire fait donation aux religieuses dudit monastère ; pour, aider à leur entretien, des biens considérables dans le comtés de Maurensis. »
Au hameau de la Ronze existent plusieurs souterrains que l'on attribue aux Sarrasins ; c'est encore là un exemple de cette croyance répandue dans nos localités, qui fait attribuer aux Sarrasins la construction des objets qu'ils ont au contraire dévastés. Ces constructions, d'origine évidemment romaine ; nous ont semblé avoir appartenues à un aqueduc ou conduit.
Dans les hameaux ; dépendant de cette commune, se trouvent plusieurs châteaux remarquables. Au dessus, du Village se trouvent les ruines assez considérables d'un édifice appelé château Dupain. La plus belle de toutes ces propriétés est le magnifique château de Beaulieu, appartenant à M. le marquis de Chapouay, d'une noble et très ancienne famille du Lyonnais. Situé au hameau du Tredo, ce château a été construit sur les ruines d'un château-fort, et son nom Belli locus, lieu de la guerre, indique assez qu'au moyen-âge il a dû être l'occasion de bien des combats. Nous voyons dans Claude-le-Laboureur que c'est là que se retirèrent, en 1378, les habitants de Morancé, lorsque les Anglais vinrent assiéger Chazay. Dans le parc dépendant de ce château, se trouve une fort jolie chapelle, qui sert de sépulture aux membres de la famille. Cette famille possède encore, dans la même commune, le territoire et les ruines de l'ancienne seigneurie de Lizérable, qui était très ancienne et très considérable ; car, en 1350, le cardinal de Montholon avait acquis du seigneur du lieu un domaine dont il affecta plus tard les revenus à la fondation de deux messes qui devaient être perpétuellement célébrées, pour le repos de son âme, dans l'église de l'abbaye d'Ainay à Lyon.
La commune de Morancé possède deux écoles, une pour les garçons, une pour les filles, dirigées par des laïques ; elle est administrée par un maire, un adjoint et dix conseillers municipaux.
Un curé dessert la paroisse.
Boite aux lettres, bureau d'Anse.
Le territoire communal et le village sont traversés par la grande voie de communication n° 6, de l'Arbresle à Saint-Bernard.
Source : La France par cantons et par communes: département du Rhône par Théodore Ogier 1856.