photo : Dominique Robert
Château du XVIIIe siècle, entièrement réhabilité au XIXe par différents architectes, dont Perret de la Menue. Le parc a été aménagé dans le goût classique puis dans l'esprit romantique. Terrasses sur arcades (servant d'orangerie), entrée principale théâtralisée par un escalier monumental à double volée tournante, avec grotte de rocailles, gloriettes-belvédères, bassins, nymphées, fontaines (Ministère de la culture).
Quand on arrive à l’extrémité du pont de la Mulatière, en face du tunnel du chemin de fer, il convient de remonter à Lyon par le chemin des Etroits. C'est, depuis dix ans seulement, une délicieuse route, tenue comme une allée de jardin, garnie de banquettes en pierre du côté de la Saône, et élargie du côté de la colline aux dépens des jolies maisons de campagne qui étalent leurs terrasses, leurs fleurs et leurs ombrages tout le long de la rive.
Au premier rang de ces demeures enchantées, il est juste de citer l’établissement orthopédique et pneumatique, à deux cents pas du pont. Cette institution créée et dirigée par le savant médecin M. Pravaz, participe trop de la nature des établissements publics pour que nous ne la fassions pas connaître à nos lecteurs.
Sur le penchant du coteau, arrosé par de petits canaux sinueux et remplis d’une eau limpide que fournissent des sources vives , tapissé de gazons et de plantes fleuries, rafraîchi par des massifs d’arbres touffus , s’élèvent deux bâtiments destinés au même service, l’un pour les garçons, l’autre pour les jeunes filles. Un gymnase pourvu de toutes les machines utiles, un spacieux cabinet pour les bains d’air comprimé, un bassin couvert pour la natation comme pour les bains d’eau chaude , recommandent cet établissement à l’observateur et au père de famille.
Quant au point de vue dont on y jouit, il est d'une magnificence et d'une variété sans égales. On voit à ses pieds le pont de la Mulatière et le mouvement continuel qui l'anime ; la presqu'île Perrache avec l'agitation des promenades, de la gare, des usines et du chemin de fer ; le Rhône et la Saône qui sont sillonnés de bateaux montants ou descendants, et qui viennent mêler leurs eaux de couleur différente. A droite, les deux fleuves réunis courent à la mer sous les coteaux les plus riants ; à gauche, la ville dans sa longueur, dresse avec orgueil ses innombrables maisons, ses monuments de tous genres et ses hauts clochers ; en face, des plaines immenses montent doucement jusqu’aux Alpes ; et bien loin, à l’horizon, le géant des monts porte sa tête couverte de neiges éternelles au-dessus de la chaîne imposante qui sert de fond à cet incomparable tableau.
Toutes les maisons de campagne situées sur la route des Etroits jouissent de points de vue à peu prés semblables à celui que nous venons de décrire. Mais celle qui est connue sous le nom de Bellerive et qui appartient à la famille Périsse, héréditairement honorée dans la librairie, se distingue par sa position, par ses frais ombrages et par ses jardins dont les dessins sont sortis du crayon de Le Nôtre.
Source : Lyon par Claude-Louis Grandperret, Maison, Dumoulin, Ronet et Sibuet 1852.
La terre de la Mulatière n'eut jamais le titre de fief. Achetée, en 1585, par François de Musino, elle passa au commencement du XVIIe siècle, par suite d'alliance, à Claude-François Fournier ; acquise quelques années plus tard par Jacques Fontanier, elle fut donnée, en 1692, aux jésuites du Petit-Collège.
Le bourg est essentiellement moderne ; de nombreuses industries s'y sont établies : ateliers de construction de la Compagnie P.-L.-M., fabriques d'instruments de pesage, verreries, entrepôts de pierres, de charbons, de bois, usines de toute nature, fonderies, fours à chaux, tuileries, métiers de soieries, etc... Le long du quai sont des restaurants et des guinguettes très fréquentés par les promeneurs du dimanche.
A l'entrée du bourg, du côté de Lyon, un beau pont franchit la Saône; il est divisé en deux parties dans le sens de la longueur, l'une réservée à la circulation des piétons, des voitures et des tramways, l'autre affectée aux voies du chemin de fer P.-L.-M. (lignes de Lyon-Saint-Etienne et Lyon-le Teil) qui pénètrent sous un tunnel immédiatement après la traversée de la rivière.
Le pont actuel a remplacé un ouvrage en bois édifié dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, après qu'Antoine-Michel Perrache eut construit la presqu'île qui porte son nom.
Avant d'arriver au confluent du Rhône et de la Saône, on aperçoit une digue qui oblige les deux fleuves à couler parallèlement sur un certain parcours; de cette façon, leurs eaux se mêlent paisiblement et ne sont pas refoulées pendant les périodes de crues.
D'autre part, un barrage avec écluse a été établi sur la Saône par M. l'ingénieur Pasquau, afin d'élever le niveau de la rivière et de faciliter ainsi la navigation.
En amont du pont de la Mulatière, l’œil embrasse le riant coteau de Sainte-Foy au pied duquel se développe le quai Jean-Jacques-Rousseau ; dans la verdure de la colline, apparaissent de riches maisons de plaisance.
Déjà les Gallo-Romains de l'antique Lugdunum y avaient élevé de superbes résidences dont on a retrouvé d'intéressants débris : citernes, fragments de mosaïques, marbres sculptés, restes d'aqueducs, etc. Au moyen âge et jusqu'à nos jours, la bourgeoisie lyonnaise y a construit, elle aussi, des villas et des châteaux dont quelques-uns sont remarquables.
Il y a lieu de citer notamment le château de Bellerive, de style Louis XV, qui repose sur une série de terrasses soutenues par des arcades ; la tradition prétend que les jardins, égayés par de brillants parterres et des jets d'eau, furent établis d'après les dessins du célèbre Le Nôtre.
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photo : Dominique Robert