Vestiges de l'aqueduc dit de la Gagère

Le ministère de la culture nous informe que ces vestiges correspondent au réservoir de fuite après le franchissement d'une vallée par un système de siphon. Vous trouverez ci dessous la description détaillé de l'ensemble de l'aqueduc dont faisait parti cette construction.

Description de l'aqueduc du mont Pila, Extraite d'un Mémoire de M. DELORME.

Les Romains recueillirent au pied du mont Pila les eaux qui descendaient à l'occident de cette haute montagne pour les conduire à Fourvières. La rivière de Furand coule, vers le midi, jusqu'à Saint-Étienne, d'où elle va à l'occident se rendre dans la Loire. Le ruisseau de Janon a sa direction vers l'occident, et vient déboucher au dessous de Roche-taillée, dans un lieu appelé la Crase du Janon, d'où il va au nord se jeter dans le Gier à Saint-Chamond.

La direction du Gier, en descendant de la montagne, tend au septentrion, et passe à Saint-Chamond, après avoir reçu le Janon et le Langoneau, d'où il porte ses eaux à l'orient dans le Rhône. Le cours du Furand est plus long pour parvenir au bas de la montagne que celui du Gier, et ses eaux sont aussi plus abondantes après la réunion d'un ruisseau qu'il reçoit au-dessus de Saint-Étienne ; de même que le Gier en fournit plus que le Janon.

Il est certain que les eaux du Janon, de même que celles du Gier, furent conduites à Fourvières ; et il est très-probable que les eaux du Furand eurent la même destination. Les eaux du Janon furent prises dans la crase de Janon, à plus d'une lieue au midi de Saint-Chamond, et conduites par un aqueduc souterrain, sur la droite de ce ruisseau, jusqu'au pont-aqueduc dont on voit les ruines près de la petite Varizelle.

La prise des eaux du Gier, quoique en partie ruinée, se voit encore dans le hameau de la Martinière, à demi-lieue de Saint-Chamond. L'eau entrait dans un aqueduc souterrain sur la gauche du Gier, passant sous le village, et suivant son cours jusqu'à sa jonction avec le Janon ; d'où cet aqueduc retourne sur la droite, et le long du Janon, jusqu'au pont-aqueduc de la petite Varizelle, où les eaux du Gier et du Janon se réunissaient dans un seul aqueduc, sur un pont de 100 toises de longueur élevé à cet effet au travers du vallon. M. Delorme fit percer l'aqueduc du Gier entre la Martinière et le village d'Izieux, et il y entra pour en reconnaître la construction et les dimensions.

Quant aux eaux du Furand, elles étaient prises à Saint-Étienne. Du pont-aqueduc de la petite Varizelle, le cours de l'aqueduc se dirige vers Saint-Chamond, au-dessous du grand chemin, jusqu'à la rencontre du vallon de Langoneau dans lequel il entre, et d'où il suit le coteau de ce vallon, qu'il remonte jusqu'à un autre pont-aqueduc sur lequel il est porté au coteau opposé. C'est dans ce lieu que les eaux du ruisseau de Langoneau se réunissent à celles de Pila dans le même aqueduc ; ce ruisseau vient des hauteurs qui sont à l'occident de Saint-Jean-de-Bonnefont, et son aqueduc ne vient pas de fort loin. Toutes ces eaux étaient renfermées dans cet aqueduc commun et souterrain sur la colline de Saint-Chamond , au-dessous du château, en suivant cette colline dans les circuits jusqu'au vallon du Fay, dans lequel l'aqueduc entre et remonte pour le traverser sur un troisième pont, d'où il revient gagner la colline.

Après le vallon du Fay, l'aqueduc entre assez avant dans celui de Chaignon, et assez haut pour le traverser sans pont au-delà du village, sous les eaux du ruisseau de ce vallon qui coulent par-dessus. C'est dans ce lieu qu'une branche d'aqueduc y introduit les eaux d'un ruisseau de la plaine qui est à l'occident; ce n'est peut-être pas la seule branche qui soit ainsi entée sur la principale tige d'aqueduc. Le quatrième pont-aqueduc est à Saint-Genis-Terre-noire ; le cinquième, à Saint-Maurice-sur-Dargoire ; le sixième, à Mornant. Il n'y en a point à Saint-Laurent-d'Agny. L'aqueduc souterrain passe à l'orient du village. Le septième pont sur le ruisseau d'Armenville, de même que le huitième, près l'un de l'autre, sont situés sur les confins de la paroisse d'Orliénas et de Soucieux. Tous ces ponts sont placés dans des vallons.

Le neuvième pont est dans un renfoncement fort étendu sur la hauteur de Soucieux. Il est terminé par un réservoir sur le haut de la colline méridionale du vallon de la rivière de Garou. Pour passer ce profond vallon, les eaux du réservoir coulaient dans des tuyaux de plomb en forme de siphons, couchés sur le penchant de la colline et sur le pont construit au travers du vallon, qui peut être nommé Pont à-siphon, d'où les tuyaux, également couchés sur la colline opposée, versaient leurs eaux dans le réservoir de Chaponost.

De ce réservoir les eaux entraient dans un aqueduc porté par le dixième pont dans la partie méridionale de Chaponost, et qui est souterrain dans son circuit à l'occident du village. Il vient reparaître au nord sur le onzième pont, qui était composé de quatre-vingt-dix arcades, dont il reste encore plus de soixante. Celui-ci était aussi terminé par un autre réservoir, d'où l'eau descendait par des tuyaux dans le vallon de Bonan, plus profond que le précédent, et passait sur le second pont-à-siphon, d'où elle remontait jusqu'à un autre réservoir à Sainte-Foy. Elle coulait ensuite sur un pont-aqueduc, le douzième de cette espèce. Cet aqueduc est ensuite souterrain , et continue de l'être sous la hauteur de Sainte-Foy, jusqu'au treizième pont-aqueduc que l'on voit hors la porte de Saint-Irénée. Là est encore un réservoir dont l'eau descendait dans des tuyaux de plomb qui passaient dans les fossés de Saint-Irénée, et remontaient jusque dans un autre réservoir construit sur la pile que l'on voit dans les murs de la ville, au mail de Fourvières, au-dessus de la porte de Trion, à côté d'une tour. Les tuyaux n'étaient point portés dans ce vallon, sur un pont-à-siphon; il n'y en a aucun vestige. Ils étaient posés sur un massif de maçonnerie.

Les eaux, rendues dans ce réservoir, passaient dans un aqueduc dirigé du midi au nord de Fourvières, terminé par le grand réservoir de la maison Angélique , où il amenait les eaux portées sur un quatorzième pont dont on voit les restes au mail. Il est le dernier de cette suite, sans y comprendre les deux ponts-à-siphon. Il y a même apparence que de cet aqueduc on distribuait une partie de l'eau à l'amphithéâtre des Minimes, et au palais des empereurs, qui était sur l'emplacement où se trouvent à-présent les bâtiments des religieuses Antiguailles, et à une maison de plaisance dont on voit les ruines souterraines dans les fonds de la maison de la Serra. Deux aqueducs souterrains, qui se croisent sous la maison Bourgeat, indiquent leur direction.

Cet aqueduc a plus de treize lieues d'étendue, à cause de ses circuits, quoique la distance droite ne soit que de huit lieues; et sa pente est de 360 pieds , depuis le pont de la petite Varizelle jusqu'à Fourvières; mais si l'on ajoute à cette étendue les différentes branches de prises deau, la longueur de ces constructions peut être portée à quinze lieues.

Construction

Pour construire ces aqueducs, on a commencé par faire une tranchée de 5 pieds de largeur et de 10 pieds de profondeur, en suivant la pente uniforme de 1 pied pour 1oo toises. Dans cette tranchée, on construisait l'aqueduc en maçonnerie, en observant la même largeur dans les rochers que dans le terrain, ainsi qu'on le voit auprès du village de Chaignon.

Sur le fond de cette tranchée on a fait un massif de maçonnerie de 1 pied d'épaisseur, sur lequel on a érigé deux murs de chacun 1 pied 1/2 d'épaisseur et 5 Pieds de hauteur, à 2 pieds de distance l'un de l'autre, formant le canal pour le passage de l'eau. Ces deux murs étaient surmontés d'une voûte en plein cintre, de 1 pied d'épaisseur, et couverte ordinairement de 2 pieds de terre. L'intérieur du canal est revêtu d'une couche de ciment de 6 pouces d'épaisseur par le bas, et de 1 pouce 1/2 sur les murs ; ce qui réduisait l'intervalle entre les enduits de ciment des murs à 21 pouces. Le raccordement des murs sur le fond était fortifié par un arrondissement.

Les murs étaient construits en petits moellons de roche ayant depuis 3 jusqu'à 6 pouces d'épaisseur, posés à bain de mortier, de manière qu'il ne se trouve absolument aucun vide entre les pierres. On a évité de faire usage de moellons plus gros que 6 pouces, parce que les murs en petites pierres, bien garnis de mortier, forment un massif plus solide qu'avec de grosses pierres, à cause de la plus grande quantité de mortier qui y entre. Il n'est point entré de briques dans ces constructions.

Les Romains préféraient le gros sable graveleux pour cette espèce de maçonnerie, au sable fin, qui n'est guère propre que pour les enduits ; et lorsqu'ils étaient obligés de s'en servir, ils avaient soin de le mêler avec de la brique pulvérisée. Ils en faisaient de même pour le sable trop gros. La chaux faite avec de bonnes pierres n'était pas épargnée.

Le ciment employé pour les enduits des aqueducs était composé de parties de briques grosses comme des pois pour les premières couches, et plus fines pour la dernière. Dans l'enduit sur le fond les morceaux sont gros comme des noix et comme des œufs ; le mélange en était fait avec de la chaux nouvellement éteinte, sans autre composition. Ce qui contribue à faire le bon ciment, comme le bon mortier, c'est que l'un et l'autre soient bien corroyés et que le mélange en soit exactement fait avant que de le détremper ; ce qui se connaît quand la couleur du mélange est égale dans toute la masse.

Dans les aqueducs hors de terre, les murs ont depuis 22 jusqu'à 24 pouces d'épaisseur; les parements extérieurs sont en maçonnerie réticulée, dont chaque losange a 3 pouces 6 lignes en carré, sans aucune assise de briques.

La couverture de la voûte de l'aqueduc hors de terre était un peu bombée, pour l'écoulement des eaux pluviales, et assez plate cependant pour servir de chemin pour aller aux réservoirs et dans l'aqueduc, où l'on entrait par des portes de fer en forme de trappes de 2 pieds en carré, pratiquées dans la voûte du réservoir et dans celle de l'aqueduc. Les aqueducs souterrains avaient de semblables portes en forme de puits carrés, élevés de 2 ou 3 pieds au-dessus de terre ; il s'en trouve encore deux entre Mornant et Saint-Laurent-d'Agny.

Pour ménager l'entrée de l'eau dans l'aqueduc, il devait y avoir une vanne ou une porte à coulisse, à chaque prise d'eau, pour n'en laisser entrer qu'une quantité réglée pour chaque branche. Elles ne devaient fournir ensemble que 21 pouces d'élévation, qui suffisaient pour remplir les siphons : sans cette précaution, le volume d'eau, qui aurait été de plus de 4 pieds, serait devenu trop considérable. On levait ou baissait probablement les vannes, en raison de l'augmentation ou de la diminution des rivières ; on pouvait encore obvier à la trop grande quantité d'eau par des déversoirs.

L'aqueduc hors de terre était soutenu sur un massif de maçonnerie de 6 pieds d'épaisseur, lorsque l'élévation au-dessus du sol n'était que de 6 à 7 pieds. Mais, lorsqu'elle était plus grande, on a construit des arcs, et enfin des piles à ces arcs, à mesure que l'élévation augmente. C'est de cette élévation que dépend la largeur des arcades, la grosseur des piles et leur hauteur. Pour une ouverture de 18 pieds de hauteur, la largeur est de 12 pieds; et les pieds-droits, de 6 pieds sur 12 avec un arc en plein cintre. Lorsque l'inégalité du terrain ne permettait pas de donner partout également 18 pieds de hauteur à l'ouverture des arcades d'un même pont, on abaissait les piles sans rien changer aux autres dimensions. Les piles des arcs de la petite Varizelle ont 5 pieds 9 p° d'épaisseur ; celles de Chaponost, 5 pieds 10 p° ; et à Fourvières, 6 pieds. Mais cette épaisseur des piles, de même que celle de leur face, augmentait pour de plus grandes élévations, comme on le voit à Chaponost et à Saint-Irénée. L'arcade qui précède le réservoir de Saint-Irénée a 31 pieds sous clef ; sa largeur est de 15 pieds 6 p° ; et les faces des piles ont la moitié de la largeur des arcades, ou 7 pieds 9 pouces. Comme la partie supérieure, dans laquelle se trouve le canal, n'a que 6 pieds d'épaisseur, pour la raccorder avec les arcades on a fait au-dessus de l'imposte une retraite de 10 pouces en glacis sur chaque face, qui réduit la pile et l'arc à 6 pieds d'épaisseur. Néanmoins on a élevé sur cette retraite un dosseret ou pilastre, de 10 pouces de saillie sur environ 3 pieds de face, pour fortifier l'aqueduc.

Les fondements des piles de moyenne élévation sont de 3 à 4 pieds de profondeur, selon la nature du terrain, et de 6 à 8 pieds pour les plus élevées, avec une retraite de 6 pouces au moins au niveau du terrain.

Tous ces différents supports d'aqueduc sont d'une même construction, en petits moellons posés par assises et à bain de mortier, et les faces apparentes en maçonnerie réticulée. Cette maçonnerie réticulée était reliée de 4 pieds en 4 pieds par deux rangs de grandes briques de 22 pouces en carré sur 2 pouces d'épaisseur ; les angles en petites pierres plates, qui ne formaient pas liaison suffisante avec celles posées en losange, ont contribué à la ruine de ces angles et des piles, parce qu'elles ont été arrachées pour des constructions particulières.

Ces piles n'ont pu être construites que par des encaissements de 4 pieds en 4 pieds, serrés par deux cours de clefs ou de bandes, comme un moule.

Les arcs sont en plein cintre, formés par des voussoirs de pierres plates, d'environ 3 pouces d'épaisseur, et alternativement d'une grande brique. Ils sont extradossés et terminés par un rang de briqués qui forme un filet autour. Au-dessus de la clef règne un double rang de briques dans toute la longueur de l'aqueduc, sans former saillie. C'est sur ce double rang qu'est formé l'évier ou fond de l'aqueduc. Il n'y a que les arcades du pont ou aqueduc de Langoneau, dont il ne reste plus que sept piles, qui ne soient pas en maçonnerie réticulée, mais en pierres plates de 3 à 4 pouces pour les parements.

Le vallon qui est entre Soucieux et Chaponost a 200 pieds environ de profondeur. Cinq ponts l'un sur l'autre auraient été à peine suffisamment élevés pour porter l'aqueduc d'un coteau à l'autre, et le dernier de ces ponts aurait eu environ 400 toises de longueur.

Le vallon entre Chaponost et Sainte-Foy, d'environ 300 pieds de profondeur, et dans lequel passe la rivière d'Izeron, aurait exigé huit rangs d'arcades les uns sur les autres, tous très-longs.

Le troisième vallon, entre la colline du petit Sainte-Foy et celle de Fourvières, aurait exigé trois rangs d'arcades.

Toutes ces constructions auraient occasionné des travaux prodigieux et une dépense énorme, capables d'arrêter l'exécution du projet ; mais l'intelligence des architectes qui en furent chargés leur fit imaginer de substituer à ces constructions des tuyaux en plomb formant siphons, d'un travail et d'une dépense bien moins considérables.

Ainsi, pour le passage du vallon du Garon, l'aqueduc parvenu sur la hauteur de la colline, répandait ses eaux dans un réservoir ou cuvette, placé sur une tour carrée.

Ce réservoir a 14 pieds de long sur 4 g de largeur et 7 d'élévation jusque sous la naissance de la voûte, et. 2 pieds 3 pouces d'épaisseur. La voûte est percée au milieu, d'une ouverture de 2 pieds en carré, qui servait-d'entrée dans le réservoir. Le fond est revêtu d'une couche de ciment de 6 pouces d'épaisseur, avec un raccordement de 3 pouces, pour effacer l'angle des murs avec le fond, ainsi que les angles montants formes par les murs Il y avait deux rangs de tringles de fer de 3 lignes en carré, pour entretenir les murs ou servir à mettre les pieds lorsqu'on entrait dans le réservoir.

Le mur du côté du vallon était percé à 9 pouces au-dessus du fond, de neuf ouvertures ovales de x2 pouces de hauteur sur 10 de largeur, à 7 pouces d'intervalle les unes des autres. C'est par ces ouvertures que l'eau sortait du réservoir de chasse, par autant de tuyaux de plomb qui descendaient dans le vallon, couchés d'abord sur des arcs rampants et ensuite sur un massif de maçonnerie dont la pente était réglée, jusques au-dessus des arcades sur lesquelles ils traversaient le fond du vallon.

De là ces tuyaux remontaient le côté opposé, également couchés sur un autre massif de maçonnerie, terminé par des arcs rampants qui leur donnaient l'entrée dans un autre réservoir qui est de niveau avec l'aqueduc de Chaponost. On a trouvé sur le côté du Garon un reste de ces massifs de maçonnerie d'un pied d'épaisseur, sur lesquels étaient couchés les siphons. Ce réservoir diffère du premier en ce que les tuyaux prenaient à celui-ci, les eaux par le bas du réservoir, et qu'à celui-là il les versait par le haut; c'est-à-dire à 3 pieds environ au-dessus de l'évier, afin que le réservoir et l'aqueduc de fuite pussent contenir 2 pieds de hauteur d'eau. L'eau pouvait s’élever de 3 à 4 pieds dans celui de chasse, à cause de la résistance que l'air opposait à son entrée dans les siphons.

Le pont-à-siphon sur lequel les tuyaux traversaient le vallon, est construit et disposé dans les mêmes proportions que les ponts-aqueducs; ses piles ayant 9 pieds de face, l’ouverture des baies 18, et la hauteur de l'arcade 36. Mais cette partie diffère des autres par sa largeur, qui est quadruple, ou de 24 pieds, et par ses piles élégies d’arcades qui formaient une enfilade très-agréable et un passage couvert sous le pont. Les arcades percées dans les piles ont 14 pieds de largeur sur 21 pieds de hauteur. Leurs arcs sont formés en voussoirs de pierres plates et briques posées alternativement. Les faces sont en maçonnerie réticulée de pierres grises et noires, en forme d'échiquier. Cependant , comme ces percées affaiblissaient les piles les plus élevées, on fut obligé de les murer en plein en maçonnerie du même genre. Deux arcades du pont-aqueduc de Baunan tombèrent en 1757, parce que les retombées n'avaient pas été murées. Un jambage ou pied-droit était renversé depuis long-temps, et cette double retombée formait une clef pendante entre les deux arcs sur une portée de 45 pieds. Le dessous de la clef pendante était formé, dans toute son étendue, de grandes briques de 22 pouces. Les cintres des arcades sont divisés en sept voussoirs par de doubles rangs qui se prolongent dans toute l'épaisseur du pont.

Selon M. Delorme, les neuf siphons qui sortaient du réservoir par autant d'orifices, avaient chacun 8 pouces de diamètre intérieur, qui s'évasaient dans ces ouvertures sur 11 pouces de haut, pour faciliter l'entrée de l'eau. Ces tuyaux, d'environ 1 pouce d'épaisseur, descendaient jusqu'à moitié de la pente du réservoir au pont, à-peu-près de 75 pieds, où ils se divisaient en deux branches d'un peu moins de 6 pouces de diamètre, qui passaient sur le pont et remontaient le côté du vallon opposé jusqu'à 70 pieds, où les deux branches se réunissaient, comme de l'autre côté, en un seul tuyau de 8 pouces qui allait jusqu'au réservoir.

M. Delorme explique cette hypothèse en disant que si chacun des tuyaux de 8 pouces n'eût pas répondu à deux branches de 6 pouces, on n'aurait pas eu besoin de donner 24 pieds de largeur au pont, tandis que les deux arcs rampants des extrémités n'ont que 15 pieds. Comme ces doubles branches ne pouvaient occuper que 18 pieds 1/2, en laissant entre elles une distance de 6 pouces, il resterait encore 5 pieds pour un sentier et deux parapets. Les tuyaux et les branches devaient être supportés par des tasseaux ou supports de pierre placés de 3 pieds en 3 pieds, pour en faciliter la visite et les réparations.

Quant à moi, je crois que les neuf tuyaux partant du réservoir de chasse et allant au réservoir de fuite étaient les mêmes dans toute leur étendue, et qu'ils passaient sur les arcades, auxquelles, par cette raison, on avait donné une largeur d'environ 14 pieds, suffisante pour le passage des neuf tuyaux espacés, de milieu en milieu, de 17 pouces.

Produit présumé de cet aqueduc

Quant à la quantité d'eau que devait fournir l'aqueduc du mont Pila, la largeur du canal de cet aqueduc étant de 21 pouces, et la hauteur de la masse d'eau coulante étant aussi de 21 pouces, la section devait être de 441 pouces; et, en supposant la vitesse de 5 pieds par seconde, M. Delorme trouve, sans avoir égard à la diminution de vitesse, que l'eau qui coule dans un canal éprouve, en raison de sa longueur, un produit de 15 pieds 3 pouces 9 lignes cubiques par seconde ; de 918 pieds 9 pouces par minute ; ce qui fait 55125 pieds par heure, et en vingt-quatre heures, 1,323,000 pieds cubes, ou environ 2397 pouces-d'eau de fontainier, mesure de Paris.

Cette quantité prodigieuse ne vient que de ce que M. Delorme, dans son calcul, n'a pas fait une application exacte des principes d'hydrodynamique, qui servent à déterminer la vitesse de l'eau dans les canaux d'aqueduc : car la vitesse qu'il supposerait cinq fois plus grande que celle de l'eau qui coule dans les aqueducs de Rome, quoique le volume de ces dernières soit beaucoup plus considérable, et qu'elles aient 18 à 20 pouces de pente pour 100 toises.

D'après des expériences faites à Rome avec beaucoup de soin et d'exactitude, la masse d'eau qui coule dans le canal de l'aqueduc Felice, qui a 2 pieds 9 pouces de large, sur 3 pieds 3 lignes de hauteur, la vitesse de l'eau n'a été trouvée que de 12 pouces à par seconde pour une longueur de 100 toises, quoique la pente pour cette longueur soit de dix-huit pouces au lieu de douze.

D'après cette expérience et l'application des principes de l'hydrodynamique, la masse d'eau qui coule dans le canal de l'aqueduc du mont Pila étant de 21 pouces de hauteur, avec une pente de 12 pouces pour 100 toises, sa vitesse pour 100 toises de distance ne devait être que d'environ 8 pouces par seconde, et son produit de 2 pieds cubes ; ce qui donnait 120 pieds par minute, 7200 pieds par heure, et 172800 pieds, environ 300 pouces d'eau de fontainier pour vingt quatre heures, au lieu de 1323000 pieds cubes que trouve M. Delorme.

Autre application

La distance de l'aqueduc du mont Pila depuis la petite Varizelle jusqu'au dernier réservoir de la maison Angélique, tracée et mesurée sur la carte de Cassini, est de 22900 toises, qui à raison de 1 pied de pente pour 100 toises, donneraient 229 pieds ; à quoi ajoutant 45 pieds pour les branches verticales des trois parties d'aqueducs-a-siphons, on aurait 274 pieds de différence de niveau ; ce qui donnerait, en y appliquant le calcul, une vitesse initiale de 90 pieds par seconde, et, pour la vitesse finale, 11 pouces 1 ligne par seconde, sans avoir égard au frottement qui devait avoir lieu tant dans les canaux que dans les tuyaux formant siphons ; ce qui réduirait cette vitesse a 8 pouces, comme nous l'avons ci-devant évaluée.

Source : Commentaire de S. J. Frontin sur les aqueducs de Rome par Frontin Rondelet 1820.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 116978
  • item : Vestiges de l'aqueduc dit de la Gagère
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Rhône
    • Chaponost
  • Code INSEE commune : 69043
  • Code postal de la commune : 69630
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : aqueduc
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : gallo-romain
  • Date de protection : 1991/02/18 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : 1992
  • Détails : Aqueduc dit de la Gagère (vestiges) (cad. AT 134, 229) : inscription par arrêté du 18 février 1991
  • Référence Mérimée : PA00118130

photo : Dominique Robert

photo : Dominique Robert