Chapelle conventuelle (ancienne)

Alix (ali, alio) possédait autrefois un château fort et un prieuré dont l'origine est assez ancienne.

Suivant une tradition que l'on trouve consignée dans un mémoire provenant des archives du monastère, la maison d'Alix aurait été fondée au VIIIe siècle, à proximité d'un prieuré d'hommes édifié en même temps et placée comme lui sous la règle de saint Benoît et la dépendance de l'abbaye de Savigny. Ses principaux bienfaiteurs auraient été les anciens comtes de Lyon et les sires de Beaujeu.

« Cette tradition qui peut, à la rigueur, être exacte en ce qui concerne l'ancienneté de la fondation, est très probablement erronée en ce qui touche à la coexistence du prieuré d'hommes dont on ne trouve nulle mention. Ce qu'il y a de certain, c'est que la maison d'Alix, comme celle de Neuville-les-Dames, en Bresse, était administrée par un prieur au nom de l'abbé de Savigny et dirigée par une prieure. » (Georges Guigue, Les Possessions du Prieuré d'Alix en Lyonnais.)


Un acte datant de 1219 nous apprend que Guichard III, sire de Beaujeu, promit de protéger ce chapitre contre l'archevêque de Lyon qui revendiquait sans doute certaines prérogatives aux dépens de la communauté. Il est probable que cette protection ne fut guère efficace car les religieuses s'adressèrent par la suite à Marie Stuart. Sur les instances de sa femme, François II les prit sous sa sauvegarde en 1559. Ce monarque étant mort, le monastère eut à souffrir des guerres de religion et perdit une partie de ses biens ; le baron des Adrets dispersa le chapitre qui ne fut reconstitué définitivement que longtemps après.

En 1598, Henri IV adressa des lettres au sénéchal de Lyon, « pour qu'il travaillât au recouvrement des biens du chapitre d'Alix ». En 1754 Louise de Muzy de Véronin en fut nommée abbesse. On présume qu'elle était fille naturelle de Louis XV qui l'aimait beaucoup. Grâce à l'ascendant qu'elle possédait sur l'esprit du roi, le chapitre reçut d'importantes dotations ; une belle église fut érigée, c'est celle qui sert encore à la paroisse. On lit sur son fronton l'inscription suivante :

A LA GLOIRE DE DIEU
Cette église a été élevée par les bienfaits de Louis XV le
Bien-aimé obtenus par Madame Louise de Muzy de
Véronin, prieure de ce chapitre, qui en a posé la
première pierre, au nom de Sa Majesté, l'an
MDCCLXVIII, du dessin et sous la conduite
du sieur Marin de Crenicé, architecte à
Lyon.

Le chapitre d'Alix fut toujours composé de la meilleure noblesse de la province, plusieurs chanoinesses appartenaient aux Maisons souveraines des Dauphins du Viennois, des sires de Beaujeu et des comtes de Forez.

Un arrêt royal portant la date de 1754 ordonna qu'à l'avenir aucune chanoinesse ne serait admise sans justifier de cinq quartiers de noblesse. L'année suivante, Louis XV leur permit de porter comme marque honorifique « sur leur robe et en baudrier un cordon rouge avec une croix émaillée à huit pointes, couronnée d'une couronne de comte fermée à la royale, ayant en coeur un médaillon portant l'effigie de la Vierge avec cette légende : Voti nobilis insignia, et au revers un autre médaillon portant l'effigie de saint Denis avec la légende : Auspice Galliarum patrono, cantonnée de quatre fleurs de lis d'or ».

Mme de Genlis fit un séjour de six semaines au chapitre d'Alix où elle reçut le titre de comtesse de Lancy ; ses mémoires font mention des agréables souvenirs qu'elle avait conservés de son passage au prieuré.

Lors de la sécularisation des moines de l'abbaye de Savigny, en 1780, le chapitre de Saint-Denis d'Alix reçut une part importante des biens de ce riche monastère. Toutefois, la Révolution étant survenue, les religieuses furent dispersées et l'ordre anéanti.

En 1807, le cardinal Fesch fonda un séminaire dans les bâtiments de l'ancien prieuré ; cet établissement constitue une section du séminaire métropolitain.

Avant la Révolution, le village d'Alix faisait partie de la paroisse de Marcy-sur-Anse ; l'abbesse était dame du clocher et de l'enceinte du chapitre, le dernier seigneur du village fut M. Giraud de Montbellet de Saint-Try.

Le Laboureur indique le château d'Alix comme étant le berceau des de Marzé.

Un Vicard de Marzé apparaît déjà en 1081. Il signe comme témoin une donation que Humbert de Beaujeu et sa femme Richarde font à l'abbaye de Savigny de la moitié de l'église de Saint-Pierre-de-Montmelas (Bernard, Cartulaire de Savigny, t. I, charte 154). Ce fut lui, comme ami et conseiller intime de Humbert de Beaujeu, qui engagea ce noble sire à se rendre en Terre-Sainte, afin de faire cesser certaines apparitions surnaturelles d'un chevalier décédé. Ce spectre venait sans cesse lui recommander de ne pas suivre le comte Amée de Savoie dans ses expéditions. Le sire de Beaujeu partit pour la Palestine, et s'enrôla dans l'ordre du Temple, sans le consentement de sa femme Alix de Savoie, ce qui fut, par la suite, la cause d'un procès entre les deux époux.

« Ce Vicard ou Guichard eut pour fils Bernard de Marzé qui fut chevalier croisé en 1137 avec son frère Humbert. Pour subvenir aux frais de leur expédition, les deux frères en partant pour la Palestine vendent à l'abbaye de Savigny tout ce qu'ils possèdent par héritage paternel à Apinost (Bully), ainsi que les serfs du domaine... Et cela pour la somme de 4 marcs et demi d'argent. » (Cartulaire de Savigny, charte 937.)

« Cette famille qui eut un grand nombre d'hommes illustres, posséda la seigneurie de Belleroche, qu'elle obtint des sires de Beaujeu. Elle s'éteignit en Théode de Marzé, seigneur de Belleroche, qui légua son héritage, en 1549, à sa nièce Jeanne Mitte de Chevrières, mariée à Philibert de Nagu, seigneur de Varennes et de Laye, en 1542.

« Des de Nagu le fief de Marzé passa vers 1600 aux du Gué, seigneurs de Bagnols, de Morancé et de l'Izérable ; par suite d'une alliance, il fut transmis aux de Chaponnay en 1661. Ceux-ci le vendirent, vers 1820, à la famille Chartron et cette dernière aux Lassalle de Morancé qui le possèdent aujourd'hui.

« Les de Marzé avaient de grands biens sur le territoire de Chazay et sur les paroisses circonvoisines qui dépendaient du mandement du château des abbés d'Ainay. Ils furent non seulement seigneurs de Marzé et de Belleroche, mais dans le Roannais, ils possédaient Saint-Cyr-de-Favières, Périgneux et Perreux. Ces biens du Roannais passèrent aux de Gletteins, en la personne de Thomas, damoiseau, par le fait de l'héritage de sa mère, dame Béatrix, fille de Jacques de Marzé. »

Il existe une légende concernant une demoiselle de Marzé, d'une beauté remarquable, qui, voulant se vouer à Dieu, avait refusé la main d'un des plus puissants chevaliers de la contrée. Celui-ci la surprit alors qu'elle allait se baigner dans un étang voisin du château, la violenta et la laissa sans vie sur le terrain. Le lieu témoin de ce crime est nommé le chemin de la Damizéla Mourta.

Avant que les chanoinesses aient eu la seigneurie, le village appartenait à une famille d'Alix ; le château fort fut acquis plus tard par les de Marzé devenus vidames ou vicomtes de la seigneurie pour les dames chanoinesses.

« L'on y voit encore de belles ruines qui présentent quelques traces d'architecture sarrazine, ce qui pourrait faire croire qu'un des nobles chevaliers d'Alix avait séjourné en Orient, à l'époque des croisades. Les gens de la contrée prétendent que ce château correspondait par de longs souterrains avec les châteaux forts de Châtillon et de Charnay. On y remarque encore une de ces sombres prisons, qu'on appelait oubliettes, et qui est assez bien conservée, servant de cave à un vigneron de la localité. Ce château était défendu par un mur d'enceinte fort bien fortifié et flanqué de grosses tours rondes dont on aperçoit encore les vestiges. » (Pagani)

Des familles de cultivateurs avaient aménagé leur logement dans les restes du vieux château, mais un incendie, survenu récemment (avril 1899), a détruit une partie importante de l'antique manoir. Notre gravure le représente avant cet accident.

Alix fut le théâtre, en 1793, d'un massacre de Lyonnais qui fuyaient leur ville après le siège.

Source :

  • Titre : Dictionnaire illustré des communes du département du Rhône.
  • Auteur : MM. E. de Rolland et D. Clouzet
  • Éditeur : C. Dizain (Lyon)
  • Date d'édition : 1901-1902

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 116949
  • item : Chapelle conventuelle (ancienne)
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Alix
  • Code INSEE commune : 69004
  • Code postal de la commune : 69380
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : chapelle
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 3e quart 18e siècle
  • Année : 1768
  • Dates de protection :
    • 1981/10/06 : inscrit MH partiellement
    • 1984/08/29 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :4 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • nef
    • coupole
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détail :
    • Façades et toitures (à l' exception de la façade Ouest et du choeur moderne) (cad. U 714) : inscription par arrêté du 6 octobre 1981
    • Rotonde centrale et partie ancienne de la nef (cad. U 714) : classement par arrêté du 29 août 1984
  • Référence Mérimée : PA00117705

photo : Dominique Robert