photo : pierre bastien
Les guerres qui se renouvelèrent si fréquemment dans le Roussillon furent fatales à Notre-Dame d'Arles, comme, du reste, à tous les établissements religieux de la campagne ; faible encore, l'abbaye ne pouvait traverser cette épreuve qu'au risque de se voir dépouillée de la plus grande partie de ses domaines ; il paraît en outre que la règle monastique y était suivie d'une manière peu rigoureuse ; aussi voyons-nous, en 1078, Bernard, comte de Bésalu, après avoir racheté le monastère à Giffred, archevêque de Narbonne, au prix de cent onces d'or, se dépouiller de son droit de choisir l'abbé qui lui appartenait et le donner à l'abbé de Moissac.
Depuis ce temps le monastère grandit réellement ; les rois d'Aragon lui donnèrent de fréquents témoignages de bienveillance et ne cessèrent de favoriser les intérêts des moines. Le roi Alphonse, en 1178, défendit à tous seigneurs et autres d'élever aucune fortification à moins d'une lieue d'Arles ; puis bientôt les guerres se multipliant au point que, comme on le sait, il fallut la tenue d'un concile a Toulouse, près Perpignan, pour décréter la trêve de Dieu et amener ainsi bon gré mal gré un peu de calme au milieu des luttes incessantes, ce prince dut songer a fournir aux Bénédictins les moyens de défendre eux-mêmes leurs domaines, singulièrement dévastés au milieu de ces continuelles hostilités. Alphonse permit donc a l'abbé Robert de construire des fortifications dans la paroisse de St-Martin de Fourques (août 1188) ; ce dernier se hâta d'élever le château de Fourques et d'entourer le village de remparts et de fossés.
Source : Bulletin monumental par Société française d'archéologie.