Ancienne abbaye de Saint-Michel de Cuxa ou Cuixà

L'abbaye de Saint-Michel de Cuxa a juridiction épiscopale dans près de quinze paroisses du Conflent; celle d'Arles sur six autres dans le Vallespir : les autres composent le diocèse d'Elne, transféré à Perpignan en 1602.

Les cures de la province du Roussillon sont partagées en douze archiprêtres. Les moindres, avec le casuel, Roussillon. valent 600 livres ; il y en a quelques unes qui approchent de 5000 livres, mais ce ne peut être qu'une approximation.

L'abbaye de Saint Michel de Cuxa est anjourd'hui la plus considérable ; les étrangers y sont fort bien reçus; elle s’appelait anciennement monasterium exaltens ; elle était située à l'extrémité occidentale du Conflent, au bord de l'Agly & de la Tet. On ne peut remonter son ancienneté que vers l'an 843 ; ses commencements ne furent point considérables : mais Witisa et six autres prêtres du diocèse d'Urgel s'y étant retirés en 871, obtinrent un privilège de confirmation de Charles le Chauve. Une grande inondation arrivée dans la même année, entraîna le monastère avec ses effets. Les moines seuls se sauvèrent, ces fugitifs surent jeter les fondements du monastère qui existe aujourd'hui sous le titre de Saint Michel de Cuxa. Louis d'Outremer le mit fous sa protection avec ses possessions, en 953 et 958. Lothaire, roi de France, confirma les bien de cette abbaye en 974. Sinnarius, évêque d'Elne , en consacra la nouvelle église qui est la même que celle d'aujourd'hui ; Guarinus qui était alors abbé de ce monastère, fit un voyage à Rome, passa par Venise, à son retours Pierre Urceole, doge de cette ville, eut avec lui quelques conférences, résolut de le suivre et d'embrasser la vie monastique sous cet abbé ; il exécuta son dessein à l'insu du sénat et des habitants de Venise ; il prit l'habit de Saint Benoît, et mourut en 997, après avoir été l'exemple des autres religieux. On trouve dans les archives de ce monastère une légende contenant sa vie remplie de faits miraculeux. On dit que plusieurs ont été guéris de maux extraordinaires par l'intercession de ce bienheureux, que même on lui rend d'un temps immémorable un culte public dans cette abbaye, et dans la paroisse de Ria qui en dépend ; c'est ce qui confie d'une enquête qui en a été faite, il y a longtemps, à la requisition du sénat de Venise ; en conséquence de laquelle, il a permis de le déclarer saint, ordonnant qu'on en ferait l'office publiquement à Saint Michel de Cuxa et dans les terres de la république de Venise ; son tombeau est dans l'église de ce monastère.

L'abbé et ce chapitre ont accordé à ce sénat une relique insigne de ce saint, à la prière de M. le cardinal de Fleuri, laquelle fut portée à cette république par deux députés, en 1752 , qui remportèrent pour présent un basin d'argent et son pot, dont le travail est beau sans être rare, et dont la valeur intrinsèque peut aller à deux mille quatre cents livres. On n'a pas dû avoir recours à la banque ! Il reste à l'abbaye un morceau de la peau de ce saint dans une châsse.

Il y a dans les jardins un bassin de pierre de cinq pieds de circonférence, d'un seul morceau, qui est fort beau ; et il existe encore une église souterraine , qui servit du temps des Maures, Les orgues de l’église sont fort belles, le maître autel n'en est pas beau, il doit être changé ; mais il s'en trouve deux fort riches en dorure, qui furent construits par les Espagnols.

Ce monastère est grand et bien distribué, d'une structure qui convient au dixième siècle dans lequel il fut bâti ; mais les maisons y font modernes. Cette abbaye appartient aux bénédictins non réformés, les religieux, au nombre de six, y vivent en leur particulier, et outre la place monacale qui vaut 800 livres, ils ont la plupart des offices claustraux, qui rapportent depuis 300 livres jusqu'à 3000 livres. L'abbé, qui est régulier, a 10,000 livres de revenu ; il a les honneurs épiscopaux et juridiction presque épiscopale sur environ quinze paroisses dont il est aussi seigneur ; il tient son synode & approuve pour la confession, en sorte qu'à l'ordination près, il fait dans son territoire ce que les évêques font dans leurs diocèses.

Portail extérieur de l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa

Source : Essai historique et militaire sur la province de Roussillon par De La Grave 1787.

Plusieurs grands personnages y vinrent terminer leur vie, entre autres un doge de Venise, Pietro Orseolo, qui suivit l'abbé Garin dans cette solitude et mourut l'an 987, en grande réputation de sainteté. Grâce aux munificences des fidèles, Saint-Michel devint peu à peu très-riche. En 1011, le territoire de l'abbaye s'étendait sur le vaste espace compris entre le sommet du Canigou au S., et les rives de la Têt au N.; en outre, plusieurs monastères situés en Cerdagne, dans le Toulousain, dans le Fenouillet, en Espagne, et jusque dans l'île de Minorque, dépendaient de l'abbé de Saint-Michel, qui commandait en maître à la fois temporel et spirituel, dans 42 paroisses et dans 234 villages, alleux et vallées. Il jouissait de tous les honneurs dus au rang d'évêque, et quelques auteurs affirment que les religieux avaient chacun leur maison et leurs domestiques. Au XIIIe siècle, commença pour cette riche abbaye une période de décadence qui se prolongea jusqu'à sa chute.

L'église, construite en 974, fut détruite en 1794 ; c'était un bel édifice roman, et les ruines qui en restent encore sont classées parmi les plus belles des Pyrénées-Orientales. Presque toutes ses murailles étaient de marbre commun; toutes les colonnes du cloître étaient en marbre rouge, provenant des carrières voisines; et plusieurs portails, ainsi que l'entrée de la maison abbatiale, étaient en marbre blanc.

Chapiteaux du Cloître de l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa

« Ce qui reste de l'enceinte, a dit M. Edouard Barthélémy (Bulletin monumental, publié par M. de Caumont), est environné de murs soutenus par des contre-forts et percé de plusieurs portes, dont une a conservé de curieux débris; elle est entourée d'une épaisse et large bordure de marbre rose; sur les montants, dans l'intérieur, sont sculptés saint Pierre et saint Paul: à l'extérieur, des sculptures représentent un hibou, des lions et des animaux fantastiques. Les sculptures, notamment celle des deux saints, ont un singulier air de famille avec le style byzantin et semblent remonter au moins au XIe siècle. On entre dans une vaste cour toute jonchée de débris, et on arrive au cloître, c'est-à-dire à son emplacement, car il n'en reste que 9 arcades en plein-cintre, avec de magnifiques chapiteaux en marbre rose : plusieurs de ces chapiteaux ont été transportés à Prades, où ils ornent un établissement de bains: un de ceux qui restent dans le cloître représente trois hommes bizarrement accroupis, les mains posées sur les genoux, supportant avec effort le poids de la corniche.

« Derrière le cloître est l'église avec transept et nef à cinq arcades; le chœur est du style ogival; tout le reste est en plein-cintre. Chacun des transepts se terminait par une tour carrée à trois étages; mais, en 1839, l'une de ces tours s'est écroulée. En arrière du choeur est une chapelle carrée, à dôme, communiquant par une petite porte avec le maître autel, et éclairée par le haut : son état de dégradation ne permet pas de lui appliquer de date précise.

Portail de la maison abbatiale de l'abbaye de Saint Michel de Caxa

« A l'autre extrémité de l'enceinte était située la maison abbatiale, dont le portail en marbre, élevé sur un perron de plusieurs marches, présente encore un très-bel aspect. Il est couvert de sculptures du XIe siècle : des guirlandes de fleurs, des loups, des ours, des dragons, un lion levant une patte et tenant de l'autre un livre ; un bœuf tenant une sorte de feuille sur laquelle on lit : LVE.HAS. etc. »

Source : Itinéraire descriptif et historique des Pyrénées, de l'Océan à la Méditerranée par Adolphe Joanne, Victor Petit 1858.

photo pour Ancienne abbaye de Saint-Michel de Cuxa ou Cuixà

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 106097
  • item : Ancienne abbaye de Saint-Michel de Cuxa ou Cuixà
  • Localisation :
    • Languedoc-Roussillon
    • Pyrénées-Orientales
    • Codalet
  • Code INSEE commune : 66052
  • Code postal de la commune : 66500
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Type d'enregistrement : site classé
  • Date de protection : 1958/04/15 : classé MH
  • Date de versement : 1993/10/21

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site classé 17 01 1977 (Décret)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 6d25675500fcfb5e5e4ee72c91a96f9f.jpg
  • Détail :
    • L'ensemble comprenant : église abbatiale, son clocher et l' arcade à corniche remontée sur la face Nord de l' édifice
    • cloître et son aire
    • bâtiments situés à l' Ouest du cloître
    • crypte
    • restes de la chapelle située au-dessus de la crypte
    • terrains dépendant de l' ancienne abbaye délimités par un trait rouge sur le plan annexé à l' arrêté (cad. B 366, 76, 77) : classement par arrêté du 15 avril 1958
  • Référence Mérimée : PA00103995

photo : joel.herbez

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