Eglise Saint-Cyprien

Mendionde, canton de Hasparren, Mendiondo XIIIe siècle (coll. Duch. vol. CXIV, P 36) ; Sanctus-Cyprianus de Mendionde, 1766 (collations du diocèse de Bayonne) (Source : Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées par Paul Raymond 1863).

L'abbé Jean-Baptiste d'Ississarry et la commune de Mendionde en 1798-1799

La paroissede Mendionde (canton de Hasparren) fut une de celles qui, dans le Labourd, se firent remarquer par leur fidélité à la foi de leurs ancêtres, durant la période révolutionnaire. Quand la tourmente éclata, la cure de cette belle et importante paroisse était occupée par l'abbé Pierre Duhalde, né a Greciette, le 9 juillet 1736, et ordonné prêtre le 13 juin 1767. Prêtre zélé et exemplaire, il avait pour vicaire Augustin Salaberry, enfant de la paroisse, croyons-nous, et ordonné le 14 mars 1736.

Tous les deux se refusèrent a publier le Mandement de l'évêque constitutionnel Sanadon et à prêter le serment civique. Après avoir administré quelque temps les sacrements en cachette à leurs chères ouailles, ils durent prendre le chemin de l'exil. L'abbé Duhalde fut remplacé par un certain Mesplouet, prêtre assermenté. L'accueil fait au curé intrus fut celui d'une population profondément attachée à sa foi et a ses prêtres fidèles. La municipalité le porta entête d'une liste de jeunes gens appelés sous les armes. Son ministère fut rejeté par la population, malgré les injonctions et les menaces des agents révolutionnaires. Parmi ces derniers - pour ne nommer que ceux du pays - figure M. Duhalde, commissaire du Directoire exécutif près l'administration municipale du canton de Macaye.

Sans avoir la furie des Aguerressar et autres, il avait pris sa tâche odieuse au sérieux.

Par une lettre du 5 frimaire an VI, adressée au citoyen Berlio-Harreguy de Greciette, commandant de la garde nationale du canton de Macaye, il lui enjoignit de mieux organiser et de multiplier les patrouilles. Entre autres malfaiteurs, « les émigrés, les prêtres condamnés à l'exil, les étrangers devaient fixer son attention. Ainsi jamais, ajoutait-il, notre territoire ne sera souillé par les courses des émigrés et des prêtres, qui de nécessité sont des oiseaux de nuit. » Notre commissaire était-il trop révolutionnaire ou le commandant sieur de Harreguia ne l'était-il pas assez ? Ce dernier reçut, le 7 fructidor de la même année, une lettre de blâme émanée du même commissaire.

«Les prêtres de nécessité oiseaux de nuit » circulaient, en effet, dans le pays. Parmi eux était Jean-Baptiste d'Ississarry. Fils de Pierre d'Is. et de Marie d'Intalats, il était né à Mendionde, le 31 juillet 1753, et avait été ordonné le 16 mars 1782. Après son ordination, il fut employé quelque temps dans sa paroisse natale. La Révolution le trouva vicaire de Cambo, nous disent les Notes et Documents sur la Révolution, par M. V. Porte. Il refusa le serment civique pur et simple et fut déporté. Nous ignorons le lieu de son exil. Il en était de retour, et se cachant dans les replis de la montagne d'Utsuya, il administrait les sacrements en cachette, quand, sur la dénonciation, croit—on, de Mesplouet, il fut arrêté, le 18 germinal an VII, dans la maison de Zabalza de Mendionde, par les gendarmes nationaux.

Ces derniers n'étaient pas a leur premier essai ; aussi voulurent-ils fêter leur capture en passant trois ou quatre heures dans de copieuses libations dans une auberge de Artizane (section de la commune de Mendionde). La population lasse et indignée voulut les utiliser ; elle s'arma et s'attroupa pour délivrer la victime. Formée en quatre pelotons, dont deux au nord et deux au midi de la route, a 67 toises de la pierre-borne qui, sur le chemin de Mendionde à St-Jean-Pied-de-Port, sépare les communes de Helette et Mendionde, elle se présenta devant les gendarmes. L'action fut chaude et le succès resta aux assaillants, qui amenèrent avec eux l'abbé d'Ississarry en triomphe. Ce n'était pas tout : de là, un grand procès pour lequel la commune de Mendionde dut envoyer et payer à Pau, a grands frais, un fondé de pouvoir (M. Diharassarry) sans compter les avocats, etc. De là, enfin, une amende de 6000 livres, que dut payer la commune de Mendionde.

L'abbé d'Ississarry voulut naturellement payer sa part et il la fit la plus large possible. A la fin de l'année 1800, nous le trouvons dans la gêne ne pouvant fournir ce qu'il avait promis. Il n'en fut que plus estimé et aimé par ses compatriotes. L'abbé Duhalde ayant repris sa cure à l'Ouverture des églises, d'Ississarry devint Son vicaire, puis son successeur, lors de son décès arrivé en 1809. Il vécut jusqu'en 1829, année où il fut remplacé par l'abbé Durruty, de Briscous, décédé en 1890.

Source : Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne comprenant les anciens diocèses de Bayonne, Lescar, Oloron et la partie basque et béarnaise de l'ancien diocèse de Dax par M. l'abbé V. Dubarat, directeur ; M. l'abbé P. Haristoy, fondateur-collaborateur 1892.