photo : pierre bastien
Façade pignon classique ; 2 chapelles latérales formant transept-haut.
Construction de la chapelle vers 1840-1850 à l'intérieur du séminaire fondé en 1733 par l'abbé Jean Daguerre. Fourniture en 1870 de sept verrières figurées par Edouard Didron, maître-verrier parisien (datation et attribution par source).
Source : Ministère de la culture.
Arrive la loi du 26 août 1792 qui condamnait à la déportation tous les prêtres insermentés. Le supérieur et les directeurs attendirent qu'on vint les déloger de leur propriété. Ils étaient, on le voit, pour la résistance passive. Au-mois d'octobre, un membre du Directoire du district, muni d'un arrêté du 4 du même mois, vint leur intimer l'ordre d'évacuer l'établissement et « alors, comme écrit l'auteur de la Vie de M. Daguerre, ils s'éloignèrent pour toujours et, la douleur dans l'âme, de cette maison, témoin de leurs, récentes épreuves et de tant de bien opéré pendant près de soixante ans ».
Le séminaire de Larressore possédait à cette époque, une, vingtaine de mille francs de revenu ; sans parler de ses vastes jardins ; il avait des vergers, des vignes, des fermes à Larressore et dans les paroisses d'Ustaritz, d'Espelette, de Halsou, une maison à Bayonne etc. Nous avons dit, à l'Appendice du tome 1 et dans les numéros de juillet et août 1895 des Etudes que le « séminaire avait été évalué 34354 livres et Larressore avec dépendances par approximation 250000 livres » Cette évaluation ne concorde pas avec une autre faite, à Larressore, par les arbitres Jean Dormaletche, de Halsou, et N. Marithurry, en exécution des arrêtés du 19 floréal an IV (8 mai 1795) et du 8 prairial an VII, 27 mai 1798. Il est vrai que pour lors, on avait pu distraire et vendre quelques immeubles. Quoi qu'il en soit, le 28 février 1793, on fit huit à dix lots des biens et dépendances du séminaire pour les affermer en attendant leur vente comme biens nationaux. Le séminaire ne trouva point d'acquéreur. Il resta propriété nationale. Lors de l'invasion des armées républicaines, il servit de caserne et d'hôpital. Malgré les dévastations de tout genre, on respecta le tombeau du saint fondateur son corps, inhumé au pied du maître-autel de la chapelle, y reposa intact jusque l'année 1828 où il fut transporté dans un caveau sous la nouvelle chapelle (Il a fait le chemin inverse depuis).
A la Restauration, l'établissement de Larressore fut racheté des mains du gouvernement pour la somme de 6000 francs. En 1818, les nouveaux propriétaires le rendirent à sa première destination et Mgr d'Astros, ce réorganisateur du diocèse de Bayonne, après des réparations des plus urgentes, en fit l'ouverture au bout de deux années. Le nouveau supérieur fut l'abbé Jean Capdevielle, remplacé, en 1821, par Jean Claverie. Sous ce dernier, en 1818, se fit ce que nous appellerons la première restauration de Larressore, ainsi que la construction de la chapelle. Le clergé basque y contribua largement par ses aumônes recueillies de presbytère en presbytère par l'abbé Sabarots, alors curé de la paroisse de Larressore, décédé doyen d'Ustaritz.
L'auteur de Cambo et ses alentours, parlant dé cette maison, écrit « L'établissement est placé dans des conditions hygiéniques si heureuses, qu'il serait à désirer que toutes les maisons d'éducation pussent les réunir. Atmosphère pure, circulation facile de l'air dans les salles, source d'eau excellente dans la maison même, cours spacieuses et commodes, position topographique qui domine une fraîche vallée fertilisée par les eaux de la Nive. rien n'y manque de ce qui peut contribuer à la bonne santé des élèves. » Qu'eût-il écrit s'il avait connu la seconde restauration, faite sous l'abbé Maisonnave, quatrième supérieur ?
Le séminaire de Laressore est aujourd'hui un des plus beaux édifices diocésains du Midi de la France. Nous donnons une image qui le reproduit dans ses détails, sauf le magnifique but de promenade et de récréation, appelé Eskanda, avec bâtisse, hangar, allées et jeu de paume, à quelques centaines de mètres. On vient d'inaugurer cette année des réunions annuelles auxquelles assistent les anciens élèves, tant laïques qu'ecclésiastiques, pour se retremper dans cet esprit de famille, caractère tout particulier de l'éducation donnée dans cette maison dont le souvenir est toujours agréable·
La Révolution enleva de la chapelle du séminaire, en sus des objets que nous avons signalés ailleurs, un ciboire, un encensoir avec navette, 4 calices, 5 patènes et un ostensoir. On sauva deux ou trois tableaux de la chapelle en les cachant sous un tas de paille.
Source : Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne : comprenant les anciens diocèses de Bayonne, Lescar, Oloron et la partie basque et béarnaise de l'ancien diocèse de Dax par M. l'abbé V. Dubarat 1892.
photo : pierre bastien