photo : pierre bastien
L'église présente un plan en croix latine à vaisseau unique et chevet semi-circulaire. Elle est édifiée en moyen appareil et moellons de grès rouge, partiellement recouvert d'enduit. A l'ouest, le clocher-mur du XVIIe siècle, percé de baies en plein-cintre, présente une forme arrondie baroque. Le vaisseau est couvert d'un toit à longs pans et pignon de tuiles creuses, le chevet d'une croupe ronde, tandis qu'un appentis de tuiles creuses protège le portail d'entrée. Le long des murs nord et sud, deux escaliers droits en maçonnerie permettent l'accès aux galeries intérieures en bois soutenues par des consoles sculptées.
A l'intérieur, l'église à reçu un décor en lambris de couvrement peint imitant des voûtes d'ogives, tandis que le choeur a retrouvé son décor originel d'arcatures romanes sculptées. Les vitraux de l'église sont signés Mauméjean d'Hendaye, Jean Lesquibe d'Anglet (1971) ou Ch. Carrère (1985). Ils ornent les baies en plein-cintre ou en ogives néo-gothiques de l'édifice. Le portail ouest, à deux voussures, est orné de chapiteaux feuillagés romans. On trouve des modèles similaires sur les baies du chevet, accompagnés de chapiteaux à personnages, du XIIe siècle également. Restauré récemment, l'édifice retrouve quelque peu son aspect originel.
Au Moyen Age, Bidarray est citée en tant que commanderie-prieuré dépendant de l'abbaye de Roncevaux. Plus tard, l'église devient annexe de celle d'Ossès. Il ne reste de l'église romane d'origine que le choeur, le chevet aux baies sculptées et le portail d'entrée.
En 1625, la nef est allongée, tandis que l'on construit le transept et le clocher-mur.
Au XIXe siècle, les murs de la nef et du chevet sont exhaussés, on perce de nouvelles fenêtres et l'on met en place un lambris de couvrement en voûtes d'ogives.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, de nouvelles verrières sont réalisées. L'église est inscrite M.H. depuis le 19 mai 1925.
Source : Ministère de la culture.
Bidarray, ancien annexe d'Ossès. L'encomendia (commanderie) de Bidarray est cité par Martin Biscay en 1620. Son église du style de transition du XIIe siècle est remarquable par les arcades engagées de l'extérieur de l'abside, sa porte à voussure archivoltée, etc. Elle démontre l'antiquité de cette commanderie-hôpital. Primitivement elle dépendait du monastère de Roncevaux qui, sans doute l'avait fondée dans ce lieu, alors désert, pour les voyageurs et pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Plus tard elle appartint à l'évêché de Bayonne. Voici un extrait de son ancien terrier.
« Un moulin auprès de la maison qui ne sert qu'à moudre la farine de la maison, était éloigné de tout le peuple dont le plus voisin des villages est à demie lieue. Plus, il y a 20 arpents de terre blanche, plus, 500 pieds de pommiers, plus, la jouissance de tout le territoire d'Ossès et l'on peut y mettre si l'on veut, des troupeaux de vaches, plus quatre journées de faucheurs de prairie, plus les canaux ou conduits autour de ladite maison. Je certifie qu'il y aura au feuillet 195 du titre une capitulation comme s'en suit :
« Etat des poules et chapons de rente de chaque maison au monastère de Roncevaux. » Nous avons fait connaître dans l'article précédent le domaine de la commanderie et le nom de son acquéreur à l'époque de la Révolution.
Liste des vicaires de Bidarray :
Les registres paroissiaux de 1677 à 1789 donnent les noms d'Iriberry, Bidarray, Duhalde, Doyhenart, Ruthil, Rippa, Guillamenea, Lambert, Etcheverry, Unate, Goyenex, Peyry, Baihaut, Sorhouet, Forma, Arraïhidu, Gellos, Çabalçogaray, Lacroix, Dübarbier, Jaureg uiberry, Mendiry, Urruty, Diharce, Ossamendy, Uhart, Oxabide, Sallaberry, Argamy, Irriart, Pedeluxe, Istillart et Irigois, prêtres. Quelques-uns de ces noms appartiennent à des ecclésiastiques qui ne furent que de passage dans la commanderie. Les registres sont rédigés en latin, français et espagnol.
Le premier curé de Bidarray fut Martin Hehola, de Saint-Pée.
Nous avons fait connaître dans l'article précédent la conduite du clergé durant ces jours néfastes. A ces confesseurs de la foi, il faut ajouter l'abbé Etcheverry, déporté le 26 aout 1792.
Le Christ de l'église de Bidarray et le général victoire « Il y avait dans l'armée des Pyrénées-Orientales, écrit l'auteur de la Vie de M. Daguerre, un homme qui, après avoir débuté par être tailleur d'habits, avait été porté par les circonstances, des derniers rangs de la milice au grade de général de brigade. Ce soldat de fortune avait sous ses ordres trois bataillons de chasseurs basques qui faisaient partie de l'armée. Ayant pris position sur les hauteurs de Bidarray, il entre le 5 prairial an II (27 août 1794) dans l'église du village dépouillé de ses ornements comme toutes autres églises, fait rompre les bénitiers de pierre restés intacts, enlève deux tableaux et un Christ sculpté qui s'y trouvaient encore, place le Christ à une certaine distance, et commande à ses soldats de s'exercer à la cible en le prenant pour but. Les chasseurs, révoltés de cet ordre impie, n'obéirent qu'en murmurant et en prenant soin de tirer de manière à ne pas toucher la cible. Un d'entre eux cependant, ou plus maladroit ou plus téméraire que les autres, finit par atteindre le Christ au ventre, à la grande satisfaction du général.
Dans la soirée de ce même jour, la redoute de Berdaritz devait être attaquée par les Français. Les chasseurs basques d'ordinaire gais et bruyants quand il fallait aller au feu furent ce jour-là d'une tristesse et d'un silence qui étonnèrent tout le monde. Néanmoins aussitôt que le signal est donné, ils s'élancent comme des lions et emportent la redoute. dès les premiers coups de feu, le général était tombé frappé au ventre, juste à l'endroit où le Christ avait été aussi atteint. Les soldats ne doutèrent point que ce fut là un vrai châtiment du ciel. Le général survécut cinq à six jours à sa blessure ; on aurait dit que la Providence s'était plu à lui conserver assez de temps la vie, pour qu'il devint manifeste, que le coup de feu dont il mourait correspondait à celui qui avait percé le Christ de Bidarray. Ce malheureux avait été transporté au presbytère de Bidarray ; et c'est là qu'il expira dans la matinée du 21 prairial, au milieu des plus atroces douleurs. Son corps fut enterré, non point dans la terre bénite par la prière, mais au pied de l'arbre de la liberté. Nous avons nous même passé naguère en ce lieu, et nous avons regardé partout autour de nous, pour trouver quelque trace de cette sépulture ; mais nos yeux n'ont pu rien découvrir. L'arbre de la liberté lui-même a disparu, et les paysans du village foulent aujourd'hui d'un pied indifférent la terre qui recouvre les ossements du général révolutionnaire.
La Victoire était un nom de guerre, comme on en prenait en ce temps-là. Son vrai nom était, croit-on, Montenotte. Étranger au pays, il vint à St-Jean-Pied-de-Port où il devint maître tailleur du régiment de Mont-Réal, en garnison dans cette ville. Au commencement de la Révolution, il fut élu capitaine d'une des compagnies franches basques, puis commandant de tout le camp et enfin général,de brigade. Avant de se faire recevoir général, il avait dit aux troupes « Vous pouvez compter, mes amis, sur ma fidélité à la cause de la République, car il y a un an, je vous faisais des habits. »
Source : Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne : comprenant les anciens diocèses de Bayonne, Lescar, Oloron et la partie basque et béarnaise de l'ancien diocèse de Dax par M. l'abbé V. Dubarat.