Château de la Chaux-Montgros

Le joli château de la Chaux-Montgros date de la renaissance. Il fut donné (1574) par Catherine de Médicis à Jean de la Guesle. procureur général au Parlement de Paris. Mademoiselle de la Guesle transmit par mariage cette propriété dans la maison de Château-vieux qui en a joui jusqu'en 1677. De là, elle entra dans celle de Tenues, originaire du Piémont. Cette dernière la vendit à M. Artaud de Viry originaire du Forêst et fils du receveur des tailles de Clermont. A la mort de M. de Viry, vers la fin du XVIIIe siècle, la maison de Bouillon, créancière de celle de Tenues, fit vendre la terre par décret.

Source : Histoire de la comté d'Auvergne et de sa capitale Vic-le-Comte par Jean Baptiste Maurice Bielawski.

La forme presque exclusive du nom de notre localité est La Chaux-Montgros. Nous avons pourtant rencontré accidentellement les deux formes la Chalin-Montgros, Lachal Montgros. Nous ne reviendrons pas sur la forme la Chalin, qui paraît propre à notre région. Nous avons suffisamment démontré son existence et sa durée dans l'article précédent, soit comme nom de lieu, soit comme patronymique.

Il paraît indubitable que ce fief a été créé en faveur de la famille de la Guesle, qui l'a possédé longtemps. Mais l'époque de cette largesse des comtes d'Auvergne n'est pas absolument certaine. Une liève de 1650 mentionne un échange entre le comte Bertrand et François de la Guesle, écuyer, habitant au lieu de Lachal-Montgros, le 24 décembre 1484. D'autre part, Jean de la Guesle, écuyer, gentilhomme de la cour du comte d'Auvergne et de Lauragais, bailli et gouverneur du comté d'Auvergne, est qualifié seigneur de la Chaux-Montgros, en 1479. Ce sont les deux dates les plus anciennes sous lesquelles nous voyons les de la Guesle posséder la Chaux-Montgros.

Ce fut d'abord un fief rural sans siège de justice. Le 29 mars 1574, Catherine de Médicis signait des lettres par lesquelles elle permettait, en sa qualité de comtesse d'Auvergne, d'ériger un baillage à la Chaux-Montgros en faveur de Jean de la Guesle, procureur général au parlement de Paris, seigneur dudit lieu de la Chaux-Montgros et de Montfleury. Ces lettres, confirmées par Charles IX, au mois de mai suivant, enregistrées à la Cour des Comptes, le 14 juin de la même année, furent renouvelées ou confirmées successivement par Henri III, le 18 novembre 1577, et par Marguerite de Valois, en octobre 1601. Le ressort de ce baillage s'étendit sur les lieux de la Chaux-Montgros, Sallêdes, la Giraudie, les Hoires et le Curtal.

Un document émané de l'Intendance d'Auvergne nous fait connaître les officiers de ce siège de justice, en 1693. Le juge ou châtelain était Antoine Cothon, notaire à Vic-le-Comte ; il avait été nommé à cet office par lettres du marquis de la Vieuville, seigneur de la Chaux-Montgros, le premier mars 1679. Le procureur fiscal était Toussaint Duvernin, bourgeois de Vic-le-Comte, nommé par lettres du 30 juillet 1687. Le greffier était Pierre Duclaux, bailli de Sugères, nommé par lettres du premier mars 1679. Comme les affaires étaient peu nombreuses, il n'y avait pas de procureurs postulants officiellement nommés les fonctions étaient remplies par Jean Cuel, notaire à Vic-le-Comte. Dans la suite, nous trouvons Pierre Guyot, l'aîné, notaire à Vic-le-Comte, bailli de la Chaux-Montgros (1759) et François Martin, notaire à Vic-le-Comte, bailli de la Guesle et de la ChauxMontgros (1780).

L'importance de la terre de la Chaux-Montgros, au point de vue du rapport, nous est indiquée seulement par deux documents. Le 20 octobre 1693, Pierre Chamboissier, bailli du comté d'Auvergne, chargé par l'Intendant de faire ce qu'on, appelait la visite des blés ou enquête administrative sur la quantité des céréales existant dans la province, apprit par Jean Marchand, fermier de la Chaux-Montgros, que le domaine rapportait annuellement trois cents septiers de blé, c'est-à-dire de céréales de toute espèce. Dans le Rolle, fait par M. de Ballainvillers, intendant, fixant les sommes qui devaient être payées, en 1765, en exécution des édits royaux de mai 1749, de la déclaration du 7 juillet 1756, et de l'article 3 de l'édit du mois d'avril 1763, Monsieur de Tane, seigneur de la Chaux-Montgros, paroisse de Sallêdes, était taxé à 198 livres. Dans toute la région, qui compose aujourd'hui le canton de Vic-le-Comte, il n'y eut que les terres du Montel de Busséol et de la Guesle, dont la taxe se trouve supérieure ; celle de la Guesle étant de 275 livres, et celle du Montel de 330 livres. Nous ne parlons pas de celle de M. de Fredefont, seigneur de St-Georges, qui fut de 525 livres, parce que cette taxe reposait sur la terre de Saint-Georges, sur cinq autres domaines, sur une directe à Saint-Julien et sur une dîme à Dreuil.

Château de la Chaux-Montgros à Salledes Puy de dome

Les seigneurs de la Chaux-Montgros

Les premiers seigneurs de la Chaux-Montgros furent les de la Guesle, qui possédèrent ce fief jusqu'en 1625, époque où il passa dans la famille de Châteauvieux de Vienne par le mariage de Marie de la Guesle avec René de Châteauvieux de Vienne. Leur fille, Marie-Françoise de Vienne, le porta dans la famille de la Vieuville par son mariage avec Charles marquis puis due de la Vieuville (25 septembre 1649). Vers 1740, les de Tane achetèrent cette terre.

Famille de Tane

La famille de Tane était originaire d'Allemagne. On fait remonter son origine au douzième siècle. Hugues de Tane, maître d'hôtel de l'empereur Frédéric Barberousse, accompagna son maître en Italie et se maria dans la ville de Quiers ou Chiéri près de Turin.

Antoine compte de Tane, chevalier, baron de Monton, seigneur des Martres, Corent, Chalus-les-Bussières, Chadieu, Talende le Majeur et le Mineur, né le 25 novembre 1711, est le premier de sa famille, que nous trouvons qualifié seigneur de la Chaux-Montgros et de Sallêdes. Le 14 mai 1743, par devant Pouyet et Guyot, notaires à Vic-le-Comte, il exerçait son droit de collateur de la vicairie de la Chaux-Montgros, fondée par François de la Guesle en l'honneur de Notre-Dame, desservie dans l'église paroissiale de Sallêdes, en la chapelle dite de la Chaux-Montgros, située à main gauche de ladite église. Le prêtre investi par lui de ce petit bénéfice était Gabriel Mestre, curé d'Aulhat, en remplacement d'Antoine Rochette, curé de Laps, qui avait donné sa démission. Le nouvel élu prit possession le 5 juin, et fut installé par Michel Pouyet, curé de Manglieu.

Une lettre de M. du Saunier à M. Redon, datée de Bansat, le 12 janvier 1786, nous apprend ce qui suit sur l'acquisition de la Chaux-Montgros par les de Tane.

« Quant à la Chaux-Montgros, cette terre vient de la maison de la Vieuville. Elle était en décret depuis près de quarante ans, lorsque la maison de Tane l'acquit. Elle se vendit 42.000 livres, compris les droits parisys sur les grefs de Riom. L'argent pour solder cette terre provint, de la vente des biens, que la maison de Tane d'Auvergne avait en Piémont, faite au comte de Tane vice-roi de Sardaigne. Lesquels biens étaient substitués à je ne sais combien de générations ; et pour parvenir à cette vente il fallut le concours des deux puissances de France et de Piémont pour le transport de la substitution, qui fut faite sur la Chaux-Montgros, dont le vieux Bélestat, l'homme de confiance de la maison de Tane d'Auvergne, fut garant ».

La même lettre nous apprend que les de Tane ne jouirent pas de la Chaux-Montgros en bons pères de famille. Ils démantelèrent le château et diminuèrent considérablement la propriété. Voici ce qu'écrivait M. du Saunier : « D'ailleurs en différent temps, l'on a cruellement mutilé cette terre. Les droits parisys, quoiqu'ils ne fussent point attachés à cette glèbe, ne faisaient pas moins partie de l'acquisition, ont été vendus à Chassaing de Riom, une directe à Chamerlat de Billom ; le domaine de Mercurol au sieur Pellissier de Clermont : une dîme de vin, à Mirefleurs à je ne sais qui ; un bois appelé du Devis, le branlan et les racines, à des paysans de Sallêdes ; jusqu'au château, dont l'on a enlevé un ou deux couverts des corps de logis, d'une charpente superbe, pour en faire des portes, fenêtres et parquets dans le corps de logis neuf de Chadieu. Dans le pays de droit écrit, on se joue de son fief ; mais on peut dire que cette maison s'est jouée cruellement de son fief dans cette terre ».

Plus loin l'auteur de la lettre indiquait ce qui restait de cette terre : « Il reste encore à cette terre trois domaines, celuy du Château Monay et la Géraudie, une directe, quelques dîmes, et des broussailles éparses de peu de valeur en taillis. Vous pourriez en avoir un état plus circonstancié par Fayon » [...]

A l'époque de la Terreur, le château de la Chaux-Montgros donna un moment d'émoi aux Jacobins de la région. Le bruit se répandit que les prêtres réfractaires et les aristocrates en avaient fait un lieu de conspiration et une citadelle de résistance aux lois de la République, citadelle, que l'imagination populaire se représentait très forte et remplie d'armes. Le comité de surveillance du district de Billom se laissa envahir par cette émotion. Dans sa séance du 20 germinal an 2 (9 avril 1794), « soupçonnant que le ci-devant château de la Chaumongros (sic) renferme des prêtres réfractaires et contient des armes, que d'ailleurs le ci-devant château est isolé, placé dans les bois et très fort, a arrêté qu'il y serait fait Une visite. Et pour l'exécution de cette masure a nommé commissaire le citoyen Vauris, qui s'assistera de la force armée ».

Chapelle

Dans la fondation d'une vicairie faite par François de la Guesle, en 1551, est mentionnée la chapelle du château de la Chaux-Montgros. L'acte prévoit en effet le cas où le prêtre titulaire de cette vicairie viendrait dire la messe dans cette chapelle, au lieu de la dire dans l'église paroissiale de Sallêdes. Les procès-verbaux des visites pastorales du 25 juin 1665 et du 5 mars 1672, mentionnent également une chapelle au château de Lachaux (sic), bien tenue, avec ses ornements décents, où il y a une vicairie fondée par le seigneur dud. Lachaux, desservie; par François Gardie, ci-devant curé de Sallêdes. Là visite du 25 septembre 1699 n'en dit mot ; l'article des oratoires et chapelles de la paroisse porte qu'il n'y en a point. Les visites du 5 mai 1726, 27 avril 1732, 25 avril 1741, disent aussi qu'il n'y a point de chapelle domestique, mais une vicairie dite de la Chaux, desservie dans l'église paroissiale, chargée de deux messes par semaine, moyennant une fondation de 45 livres et un char de foin. Il est à croire que cet oratoire fut abandonné à partir du moment où le château ne fut plus habité par ses propriétaires, les de la Vieuville, dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Source : Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand

Description actuelle

Construit vers 1550 pour le duc d'Albany, ce château présente une architecture d'un type assez inhabituel en Auvergne : plan massé rappelant le Moyen Age ; utilisation assez rare de chaînages de briques ; position centrale et majesté de l'escalier. Il a cependant adopté les grands caractères de symétrie et de régularité de l'architecture classique. Les toitures viennent d'être restaurées dans leur état du 19e siècle.

Source : Ministère de la culture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 103686
  • item : Château de la Chaux-Montgros
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Puy-de-Dôme
    • Sallèdes
  • Code INSEE commune : 63405
  • Code postal de la commune : 63270
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • milieu 16e siècle
  • Année : 1550
  • Enquête : 1992
  • Date de protection : 2000/05/25 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscriptions 13 07 1926 (château) et 26 01 1998 (ensemble du domaine) (arrêtés) annulées.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • portail
    • jardin
    • communs
    • terrasse
    • terrasse en terre-plein
    • port
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Château en totalité avec ses terrasses, portail, jardins et dépendances (cad. AC 60 à 64, 67, 70, 101, 102) : classement par arrêté du 25 mai 2000
  • Référence Mérimée : PA00092402

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien