Ruines du château fort

Description

Les maisons de Murol sont bâties sur la lave qui est sortie de Tartaret. Comme cette lave est très-près de son point d'origine, elle forme plusieurs étapes superposés qui rendent le sol très inégal, et qui ont obligé de bâtir une partie de la commune en amphithéâtre. La Couze a creusé son lit au milieu de cette pierre volcanique ; elle a formé un ravin dont elle a poli les parois, et dans lequel ses eaux glissent avec rapidité. La forêt descend jusqu'aux premières habitations, plusieurs arbres sont aussi disséminés dans le village, qui est un des plus pittoresques de l'Auvergne.

Le château est complètement isolé. Il est construit sur un monticule composé d'argile et de graviers, à travers lesquels un filon de basalte s'est fait jour. C'est sur le sommet de cette butte basaltique, escarpée de tout côté, que fut construit le château de Murol. On a profité soigneusement de tous ces escarpements pour asseoir les fondations du corps de la forteresse. Ses murs sont très épais comme ceux de tous les châteaux forts. Sa forme est un polygone régulier, auquel est jointe une tour ronde qui domine non seulement le château, mais tout le pays des environs.

Une galerie règne au sommet du château; on peut en faire le tour ; elle est cependant dégradée sur un point assez circonscrit, mais pourtant capable d'empêcher quelques personnes de s'exposer à traverser ce passage. Elle est garnie d'un parapet dans lequel on a ménagé des mâchicoulis. C'est de cette galerie qu'on peut le mieux étudier le château. On distingue encore dans l'intérieur, des appartements garnis d'armoiries, les prisons, la chapelle et les cachots. Une petite cour située au milieu de ces ruines, nous offrit des ronces qui couvraient les murailles, et une touffe de sureau qui ombrageait une espèce de source ou de citerne. Les murs d'enceinte sont très étendus, et interrompus de temps en temps par des tours bien conservées. On voit encore des barbacanes près de la porte d'entrée, et la loge du garde est tout à fait intacte. Cependant, quelque étendue que puisse avoir l'enceinte extérieure, on ne peut supposer, comme le pense Chabrol , qu'elle soit ni qu'elle ait jamais été assez étendue pour renfermer un lac, des sources abondantes, et des terres cultivées assez grandes pour produire le grain nécessaire à la nourriture de sa garnison. Ces détails s'accordent parfaitement à Chastel Marlhac, ancienne forteresse située près de Mauriac, et qui sciait le castrum meroliacense dont parle Grégoire de Tours ; c'est du moins l'opinion émise par dom Ruinant, dès 1699, et adoptée ensuite, en 1739, par dom Bouquet.

En effet, quoique quelques auteurs aient cru retrouver dans Murol ce castrum meroliacense, dont Grégoire de Tours fait un si pompeux éloge, ces deux châteaux forts n'ont de commun que leur position sur un rocher escarpé, et ce n'est vraisemblablement pas Murol, qui, en 532, soutint un siége contre Thierry.

histoire

A propos de ce siège, un avis complémentaire est donné par la "Biographie ou Dictionnaire historique des personnages d'Auvergne" (1836 de P. Aigueperse) qui mentionne l'issue du combat pour cette partie de l'histoire :

"ARCADE, sénateur d'Auvergne, comte de Clermont, fils ou parent d'Apollinaire, fils de saint Sidoine, attira bien des maux à sa patrie. Ayant répandu la fausse nouvelle que Thierry, roi d'Austrasie, avait été tué dans une bataille contre Hermainfroy, roi de Thuringe, il engagea Childebert, roi de Paris, son frère, à venir prendre possession de l'Auvergne. Celui-ci, tenté par le voisinage et la beauté de la Limagne, s'y rendit aussitôt, et par intelligence avec Arcade , il s'empara de Clermont en 532, et de quelques autres villes où il établit son autorité; mais son règne dans ce pays fut de peu de durée; en apprenant que son frère vivait et revenait vainqueur des Thuringiens, il abandonna précipitamment ses conquêtes et rentra dans ses états. Thierry, justement mécontent de ce qui venait de se passer en Auvergne, ne fit pas long-temps attendre ses punitions. A la tête d'une puissante armée, à qui il promit de l'or, de l'argent, des bestiaux, des denrées et des habillemensen abondance, il se dirigea vers Clermont en 532; Il l'assiégea et s'en empara; il força les châteaux de Vollore et Murol qui passaient pour imprenables; brûla ceux de Thiers et de Clermont. Partout ce prince dut éprouver une vigoureuse résistance, parce qu'il déploya partout un caractère féroce et cruel. Grégoire de Tours dit que ses barbares soldats (c'est ainsi qu'il les appelle) ne laissèrent rien dans cette malheureuse contrée, que le sol de la terre qu'ils ne pouvaient emporter. Arcade, pour se soustraire à la colère de Thierry, avait pris la fuite, et s'était retiré à Bourges. Ce fut lui qui fut le premier ministre du détestable assassinat commis par Childebert et Clotâire, dans la personne de leurs neveux, fils de Clodomir, en 532."

Nota : une controverse a eu lieu sur la destination du siège de "Meroliacense Castrum" effectué par Thierry en 532. il faut donc relativiser la citation ci dessus, qui, si elle relate bien un évènement historique général, peut comporter des erreur quant à la destination de Murol. Même si il semble bien établi de nos jours que "Meroliacense Castrum" ne corresponde pas a Murol, je n'ai toujours pas trouvé de document permettant de démêler proprement cette histoire qui doit donc être prise sous un angle anecdotique.

On ignore l'époque précise de la construction de ce château.

Robert Chambe-Chevarier en était seigneur en 1225, et Jean Chambe en 1272. Il n'eut qu'une fille qui épousa Guillaume Sam, dit de Murol, qui fut caution au contrat de mariage d'Anne Dauphin, avec Isabelle de la Tour, en 1354. Le fils de ce Guillaume de Murol fut père du cardinal de Murol, et d'Amblard de Murol, qui vivait en 1406. La seigneurie de Murol Appartint ensuite à Dauphine et Jeanne de Murol. Cette dernière épousa, en 1455 Gaspard de l'Estaing (écrit Esteing par certains), et eut en partage la terre de Murol en 1504. Elle resta long-temps dans la maison d'Estaing, et fut vendue, par décret du 31 mare 1770, à M. de la Garlaye, évêque de Clermont. Elle appartient maintenant à la maison de Chabrol.

les archives généalogiques et historiques de la noblesse de France précisent que :

De MUROL (de Murolio), seigneurs de Murol et du Broc, vicomtes de la Rochebriand. Murol était un château très élevé, chef-lieu de la baronnie du même nom, situé près de la rivière de la Couse, à 4 lieues de Clermont, et dont relevaient un grand nombre de fiefs. L'ancienne maison de Murol, selon Audigier, avait une origine commune avec celle d'Apchon-Comptor. Rertrand de Murol vivait en 1196. Jeanne, dame de Murol et du Chambon, héritière de cette maison, en porta les biens en mariage, en 1455, à Gaspard d'Estaing, seigneur de Lugarde. D'or, à la fasce ondée d'azur.

mais aussi :

Annet, seigneur D'aubières, de Peyrols et de Maubec, chevalier, conseiller et chambellan de Louis de Bourbon , comte de Montpensier, dauphin d'Auvergne, et son bailli de Dauphiné d'Auvergne, du comté de Clermont, et de la terre de Mercoeur, paraît dans un acte de 1461 , relatif à Pierre et Louis d'Aureille, seigneurs de Colombines. En 1463, il épousa Dauphine De Murol, fille de Jean de Murol. Il mourut en 1473 , et fut inhumé aux Cordeliers.

George Sand nous apporte la conclusion

A l'intérieur, le château de Murol est d'une étendue et d'une complication fantastiques. Ce ne sont que passages hardis franchissant des brèches de rocher à donner lo vertige, petites et grandes salles, les unes gisant en partie sur les herbes des préaux, les autres s'élevant dans les airs sans escalier qui s'y rattachent ; tourelles et poternes échelonnées en zigzag jusque sur la déclivité du monticule qui porte le dyke; portes richement fleuronnées d'armoiries et à moitié ensevelies dans les décombres; logis élégants de la renaissance cachés, avec leurs petites cours mystérieuses, dans les vastes flancs de l'édifice féodal, et tout cela brisé, disloqué, mais luxuriant de plantes sauvages aux arômes pénétrants, et dominant un pays qui trouve encore moyen d'être adorable de végétation, tout en restant bizarre de forme et âpre de caractère.

photo pour Ruines du château fort

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 103020
  • item : Ruines du château fort
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Puy-de-Dôme
    • Murol
  • Code INSEE commune : 63247
  • Code postal de la commune : 63790
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 13e siècle
  • Date de protection : 1889 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : a2c9099d15a85c29620468f2094eb5c3.jpg
  • Détails : Château (ruines) : classement par liste de 1889
  • Référence Mérimée : PA00092213

photo : Lomyre

photo : Aveline