Colonne de la Grande Armée

Le 20 janvier 1831, la chambre des Pairs renvoyait cette pétition au ministère de l'intérieur, qui, le 4 juin suivant, sur la demande du conseil municipal, du préfet du Pas-de-Calais, de M. le maréchal Soult, décidait que la colonne prendrait le titre de Colonne de la grande armée, décision qui ne tarda pas à exciter des réclamations assez vives.

Je me rappelle les fort bonnes raisons mises en avant contre cette dénomination, presque consacrée aujourd'hui, par un des membres du conseil municipal, dans une séance du 30 septembre 1831, où il demanda avec chaleur que ce nom fût changé en celui de Colonne Napolèone.

En l'an XIII, en effet, le monument avait été voté à la gloire de l'empereur Napoléon par l'armée expéditionnaire et la flottille réunies. Il n'y avait donc pas de bonnes raisons à donner pour exclure de la dénomition le corps de la marine.

La grande armée n'avait pris ce nom qu'après être partie du camp de Boulogne et treize mois après seulement, pendant la campagne d'Austerlitz.

La première pierre posée le 18 brumaire an XIII, porte ces mots: « Première pierre du monument décerné par l'armée expéditionnaire de Boulogne et la flottille à l'empereur Napoléon. »

Et dans le monument même ne trouvait-on pas toutes les indications nécessaires pour prouver sa véritable destination ? La statue devait être celle de Napoléon; les bas-reliefs devaient représenter l'hommage de l'armée à Napoléon, la distribution des décorations de la Légion d'Honneur; le plan des trois ports de Boulogne, Wimereux, Ambleleuse, et la flottille en rade; l'aspect des camps de la colonne et de la baraque Napoléon. C'était donc bien à Napoléon que l'hommage était adressé et non à l'armée.

A cet égard, l'antiquité nous offrait plus d'une utile leçon. La colonne Trajane, élevée par le peuple et le sénat romain en l'an 117, quoiqu'elle soit surmontée maintenant de la statue de saint Pierre, n'en porte pas moins son nom primitif; le grand arc de triomphe de Septime-Sévère, élevé par le peuple romain en mémoire de la victoire que cet empereur remporta sur les Parthes, la colonne Antonine et tant d'autres monuments anciens, du moyen-âge et du siècle dernier, nous disent assez que jamais un monument décerné ne porte le nom de celui ou de ceux qui l'ont décerné, mais bien de celui à qui il a été offert. C'est un vote, un suffrage, une sorte d'autel votif destiné à consacrer un nom célèbre dans les annales d'une nation.

On ne pensa pas d'abord à replacer la statue de Napoléon. Il ne fut question que d'un très-léger changement dans le couronnement. On conservait le globe doré ; et M. Labarre , qui tenait à sa flèche verticale comme caractérisant le monument, comme déguisant la forme banale employée en toutes occasions, comme donnant un air de ressemblance avec les colonnes milliaires que les Romains élevaient sur leurs grandes voies publiques, proposait de remplacer la couronne par un cercle orné d'étoiles. Le conseil des bâtiments civils offrait, lui, une restauration plus économique: c'était de remplacer tout bonnement les quatre fleurs de lis incrustées sur le globe par autant d'étoiles.

Un an après ce premier changement, en 1832, M. Labarre mourut. Le digne homme n'eut pas la consolation de voir terminer le monument qu'il avait fondé. Il fut remplacé par M. Henry, l'un des architectes les plus distingués du Pas-de-Calais, qui était architecte inspecteur des travaux de la colonne depuis plusieurs années et dont le père avait fait partie de la première commission administrative.

A M. Henry, depuis ce moment, échut l'honorable mission de veiller à l'achèvement du monument. Plus heureux que son prédécesseur, et quoiqu'il ait eu à lutter avec autant de persévérance que lui, les événements lui vinrent en aide. On ne craignit plus de rendre à la mémoire de Napoléon les hommages qui lui étaient dus et il fut décidé que la statue de l'empereur reprendrait sa place sur la colonne. C'est celle réhabilitation qu'après trente-sept ans de luttes la cérémonie du 15 août 1841 est destinée à célébrer.

Placée près de la route de Paris, dans un champ de la commune de Wimille, à un quart de lieue de Boulogne, entièrement isolée, la colonne, tout en marbre du Boulonnais, s'élève à 165 pieds du sol, en face de l'Angleterre, dont elle est aperçue de Douvres et de divers points de la côte.

Son aspect sur le rivage est tout à fait imposant. Elle s'élance dans les airs, élégante, correcte et majestueuse, du milieu d'une enceinte en marbre qui en défend l'approche et dans laquelle on pénètre par une grille ornée de chaque côté d'un lion en bronze couché sur un piédestal.

La porte, qui recevra sans doute des ornements en rapport avec les souvenirs que le monument rappelle, laisse pénétrer dans la salle des archives, qui plus tard sera ornée des bustes de Napoléon, du maréchal Soult et de l'amiral Bruix, ces trois historiques souvenirs du camp de Boulogne, et ensuite dans l'escalier, composé de plus de 200 marches, qui conduit à la lanterne de la plaie-forme.

La statue de Napoléon, soutenue par un bouclier autour duquel sont des aigles en bronze, est l'ouvrage de M. Bosio, auquel on doit tant de productions remarquables. Commandée en août 1838 par M. le comte de Montalivet, alors ministre de l'intérieur, elle fut fondue en 1840 par M. Saint-Denis. Aux funérailles de l'empereur, le 15 décembre 1840, elle fut placée sur le bord de la Seine, en face l'Hôtel des Invalides.

L'empereur est représenté debout, en grand costume impérial, portant le manteau orné de broderies et parsemé d'abeilles. D'une main il tient le sceptre, de l'autre il présente les insignes de la Légion d'Honneur. Sa tète est couronnée de lauriers. Tout, dans celte statue, baute de 15 pieds et de 16 pieds et demi avec le bouclier, qui a lui-même 7 pieds de diamètre, rappelle les motifs de la fondation de la colonne rendue aujourd'hui après tant de vicissitudes diverses à sa véritable destination.

Source : Colonne de la grande armée à Boulogne-sur-mer 1841.

Au sortir de la gare de Boulogne, la ligne de Calais, se détache de la ligne d'Amiens pour décrire une grande courbe sur la gauche. Après avoir franchi la Liane, sur un magnifique pont viaduc qui mesure 362 mètres de longueur totale, elle croise successivement le boulevard de l'Impératrice (pont de 8 mètres), la rue Royale (pont de 14 mètres) et deux rues moins importantes. On s'engage alors dans un premier tunnel, long de 466 met. 50, au delà duquel il faut traverser encore la rue Du tertre, sous un pont de 15 mètres, le jardin des Tintelleries, dans une tranchée, et le boulevard des Tintelleries, sur un viaduc de 32 mètres Un second tunnel (880 mètres de longueur), creusé avec une rampe de 8 millimètres par mètre, débouche sur le plateau qui dominé Boulogne au nord. Bientôt on peut admirer à droite la colonne de la Grande-Armée, à gauche, la mer et ses horizons infinis. Plus près de la voie, du même côté, se montrent Terlincthun, son fort et Honvault, puis le hameau de Wimereux, près duquel est établie la station de Wimille.

Source : De Paris à Boulogne, à Saint-Valery, au Tréport, à Calais, à Dunkerque, ... par Eugène Pénel 1866.

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photo pour Colonne de la Grande Armée

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 102091
  • item : Colonne de la Grande Armée
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Wimille
  • Lieu dit : Camp de Boulogne
  • Code INSEE commune : 62894
  • Code postal de la commune : 62126
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction : 3 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • monument
    • colonne monumentale
    • colonne
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 1ère moitié 19e siècle
  • Année : 1841
  • Date de protection : 1905/03/31 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Voir aussi monument de la Légion d'Honneur à Wimereux (notice Mérimée PA00108446).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • jardin
    • maison
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'etat 1992
  • Photo : 64c38661ba560d23926cd38f02185186.jpg
  • Détails : La colonne : classement par arrêté du 31 mars 1905
  • Référence Mérimée : PA00108449

photo : joel.herbez

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