Eglise

L'année 1598 nous fournit deux cloches intéressantes.

Celle de Longvilliers d'abord. Elle se balance dans la tour hexagone, gracieuse dans son originalité bizarre, qui surmonte le transept de la jolie église du XVe siècle. D'un faible volume 0m75 de diamètre cette cloche ne correspond guère à l'importance de l'édifice, et pourtant elle semble y avoir toujours été seule au moins depuis le XVIe siècle, car dans son testament du 15 décembre 1679, dame Marthe de Levrien, veuve de Messire Antoine de Lumbre et dame de Longvilliers, lègue à l'église de cette paroisse 150 livres, « pour avoir une seconde cloche », donation qui paraît du reste n'avoir été suivie d'aucun effet. Mais on peut présumer, sans trop de témérité, que le clocher contenait autrefois une belle sonnerie, car les grands seigneurs des maisons de Cayeu, de Blondel et de Créquy n'étaient pas hommes à lésiner sur ce chapitre. Sans doute, les cloches de Longvilliers furent razziées vers 1595-1598, par les Espagnols des garnisons d'Hesdin ou de Saint-Omer, et quand fut signée la paix de Vervins, le clocher était vide. Ce qui obligea a fondre la cloche actuelle.

Voici l'inscription qu'elle porte :

En-dessous, se voit la double empreinte d'un scel circulaire, d'environ 3 centimètres de diamètre. Dans le champ, un écu surmonté en cimier d'une aigle naissante, entouré de lambrequins et supporté par deux lions aux formes contournées du XVIe siècle. L'écu porte : mi-parti à dextre : de gueules, semé de croix recroisetées au pied fiché d'or, à la bande du même brochant sur le tout, qui est de Belleval ; à senestre, au lion rampant en pointe et un lièvre (?) en chef, qui est de Sourhouette du Halde. La légende circulaire, qui est circonscrite par deux filets, est ainsi conçue : SCEL DV BAILLIAGE - DE - LA CHAST DE LONGVILLIERS. — C'est la seule empreinte connue de cet intéressant sceau, qui est depuis longtemps perdu.

Il est encore à noter que l'une des deux empreintes est accompagnée de 3 grandes feuilles d'eau.

Chaque ligne de l'inscription est séparée des autres par un filet. Au bourrelet de la cloche, il y a encore quatre filets, sans autre ornement.

La seigneurie et châtellenie de Longvilliers appartenait, en 1589, à Charles de Sourhouette du Halde, gentilhomme de la chambre du Roi et très attaché au parti de Henri III. Il arma donc son château pour la cause royale, et François des Essarts de Maigneulx, gouverneur de Montreuil pour la Ligue, vint l'y assiéger; Longvilliers était l'une des quatre clefs du Boulonnais ; la place fut réduite après huit jours de siège.

Charles de Sourhouette mourut peu après, des suites de ses blessures ; il laissait pour héritière sa sœur Diane, veuve de Robert de Halluin, tué lui aussi à l'armée du Roi. Diane du Halde et Robert de Halluin, seigneur châtelain de Ronsoy, s'étaient mariés le 4 février 1587, à Paris, et Henri III, non content de faire à la mariée un présent de 20,000 écus, avait été « à la nopce après souper, en masque, et y fit un beau ballet de cinq hommes et cinq femmes avec excellente musique ». Mais, le 30 octobre de la même année, Robert de Halluin périt à la bataille de Coutras.

La jeune veuve était un des plus riches partis de la province, et l'on peut voir, dans le Journal historique du siège de Boulogne, les mille machinations qui s'ourdirent autour de sa dot et de ses beaux veux. Après son frère et son premier mari, tués à la guerre, Diane du Halde vit supplicier un de ses prétendants, Jean de Senlis, décapité à Boulogne le 22 avril 1589. Ligueurs et royalistes se disputaient sa main. Fidèle aux traditions de sa famille, c'est dans ce dernier parti qu'elle choisit son second mari, François de Belleval de Rouvroy, celui-là même qui avait pris une part prépondérante au châtiment de Senlis, son rival.

François de Belleval était fils puîné dé François, écuyer, seigneur de Rouvroy, et de Françoise d'Oultreme puis ; son père avait été tué le 10 novembre 1567 à la bataille de SaintDenis. Les hasards de la guerre civile le mirent en possession de son château de Longvilliers, dont les ligueurs avaient été chassés. Mais pour n'avoir pas voulu y garder la garnison de soixante arquebusiers qui y était placée, il dégarnit sa forteresse, et fut réduit, le 13 janvier 1593, à capituler devant M. de Maigneulx, gouverneur de Montreuil. Les querelles de la Ligue approchaient cependant de leur terme ; en 1598, quand M. de Belleval fit fondre la cloche qui nous occupe, la paix était faite avec l'ennemi du dedans et l'ennemi du dehors.

François de Belleval mourut jeune, en février 1602, laissant deux filles mineures, Diane et Marie de Belleval, qui décédèrent toutes deux sans alliance. Leur mère leur survécut et se remaria en troisièmes noces à Jacques de La Meschaussée, seigneur de La Coste et de Pompadour. Elle vécut très âgée et ne mourut que le 14 janvier 1650, ayant vu fondre entre ses mains une énorme fortune, et périr avant elle presque tous ses proches. La dalle funéraire de cette femme brillante et éprouvée se voit encore dans le choeur de l'église de Longvilliers.

On remarque sur la cloche, après le nom du curé Carluy (qui devait être natif de Maintenay, car cette famille y existe encore), ceux de plusieurs habitants de Longvilliers, les marguilliers sans doute.

Source : Mémoires de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais.

photo pour Eglise

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101689
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Longvilliers
  • Code INSEE commune : 62527
  • Code postal de la commune : 62630
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 16e siècle
  • Date de protection : 1932/08/05 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscription 10 06 1926 (arrêté) (église) non annulée.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 9efe8fb1f417baac17a20f3679d333cf.jpg
  • Détails : Eglise : classement par arrêté du 5 août 1932
  • Référence Mérimée : PA00108338

photo : joel.herbez

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