Eglise

Le Wast, situé dans la plaine, où coule le Wimereux. L'ancienne église prioriale de St.-Michel du Wast, bâtie à la fin du 11e siècle par Ide, comtesse de Boulogne, mère de Godefroi de Bouillon, subsiste encore en partie. Le portail, dans toute sa beauté byzantine, est resté debout. La comtesse Ide fut inhumée dans cette église le 20 avril 1113. On peut voir la pierre sculptée qui recouvrait son tombeau.

Source : Nouveau guide dans Boulogne-sur-Mer et ses environs par J. Brunet en 1839.

Description de 1851

L'église, avait autrefois trois nefs: il n'en est resté qu'une.

Les arcades en maçonnerie sur lesquelles s'appuyaient les colonnes qui soutenaient la voûte, ont été bouchées; mais les colonnes sont restées, avec leurs chapiteaux coniques sans ornements. Le tracé des arcades se distingue encore facilement ; on y peut constater que le plein-cintre se brise, et tend à se transformer en ogive.

Le bénitier de l'église, posé sur des tréteaux en bois, affecte la forme d'un chapiteau du XIIe siècle. Nous ne pouvons dire si, comme cela arrive fréquemment, on s'est servi d'un véritable chapiteau, dont on aura ainsi changé la destination ; ou bien si l'on n'en a adopté que la forme: mais, sur la partie supérieure du tailloir, on a gravé des dessins qui ont l'air d'appartenir à la même époque. Il n'est peut-être pas impossible que le bénitier chapiteau ait été autrefois engagé dans le mur de l'une des nefs, pour l'usage auquel il sert actuellement, et qu'on l'ait rapporté plus tard dans la seule partie de l'église qu'on a restaurée , après la destruction du prieuré. Les fonts baptismaux n'ont rien de remarquable: ils sont octogones, et paraissent être de la fin du XVIe siècle.

La cloche de l'église date de l'an de grâce 1850; elle a été fondue à Tournehem. Celle qu'elle a remplacée portait en inscription:

IE. MAPPELLE. ELISABETS. POVR. PARIN. LOVIS. MARIE. LE PORCQ. DSERLAN. ET. MAREINE.
ELISABETS. MVTINOT. DIMBRETVJX. HVBERT. RENARD. MA FAICT. A. LILLE. 1697.

Outre cette inscription, (dans laquelle la lettre H avait été, par l'inhabileté du fondeur, remplacée par un S, dans les mots d'HERLEN et ELISABETH,) on voyait sur cette cloche des armes mirées d'argent et de sable, de cinq traits, qui appartiennent à la famille du prieur, dom Louis de Pestinien (ou Pestivien) de Cuvillers, qui habitait le Soissonnais.

Le morceau d'architecture le plus important que cette église puisse offrir à l'histoire de l'art, est le beau portail romano-byzantin, dont le plan a été publié dans la collection des Antiquités départementales , avec exactitude pour l'ensemble, mais de nombreuses incorrections de détail. Les piédroits des baies sont ornés de trois colonnes aux chapiteaux diversement sculptés, assez semblables à ceux de l'ancienne cathédrale de Boulogne. Ces colonnes supportent avec élégance et légèreté, une triple archivolte en retraite. La plate-bande de l'archivolte supérieure, est couverte de chevrons. Ces trois arcades sont couronnées par une corniche, décorée d'une double rangée de pointes de diamants, au-dessus de laquelle s'élève un fronton aigu, plus communément appelé gable ou pignon. Le tympan de ce pignon a conservé un reste de sculpture, dont il ne nous a pas été possible de définir l'intention.

Cinq travées seulement sont restées debout de l'ancienne nef centrale; elles forment la nef actuelle de l'église du Wast.

Le cœur se compose des bases méconnaissables de la tour, qui dut se trouver au centre de la croisée. Le mur qui ferme rectangulairement, à l'est, l'église actuelle, est bâti dans l'arcade, encore visible, qui ouvrait l'entrée de l'ancien cbœur. C'est là, au chevet de l'église actuelle, à l'entrée de l'ancien chœur, et du côté de l'Evangile, que reposa pendant cinq siècles et demi, la sainte femme qui porta dans son sein le héros des Croisades, Godefroy. de Bouillon. Ce que la fureur des guerres laissa subsister de l'église du Wast, après la ruine du prieuré, n'abritait plus le tombeau de la bienheureuse comtesse. On construisit en conséquence un petit édifice, séparé de l'église, où les fidèles purent continuer d'aller vénérer la bonne sainte qui les guérissait de la fièvre, ce mal rebelle que la science ne savait point combattre en ces temps reculés.

Cependant, par la négligence coupable de ceux qui était chargés d'entretenir ce pieux sanctuaire, il se trouvait en 1669, dans un état d'abandon et de ruine, qui fut cause de l'enlèvement des saintes reliques. Un cordelier, nommé le père Salure, y étant allé dire la messe, fut indigné du peu de soin avec lequel on conservait ce précieux dépôt. On en parla à Mme la duchesse douairière d'Orléans, Marguerite de Lorraine, qui avait avec la sainte comtesse de Boulogne quelques relations de parenté. Cette princesse obtint un ordre de la Cour, pour transporter à Paris le corps de sainte Ide, et elle envoya à Boulogne M. Batailler , évêque de Béthléem, pour s'entendre avec François de Perrochel, à l'effet d'opérer la translation des ossements vénérés. Le pieux évêque de Boulogne ne put résister aux ordres formels qui lui étaient intimés. S'étant rendu au Wast, le 28 septembre de cette même année 1669, il apporta à Boulogne les restes de la sainte, et les remit à l'envoyé de la duchesse d'Orléans..

Source : Compte rendu des travaux par M. Henri de Laplane en 1851.