photo : joel.herbez
Village du Haut-Boulonnais, sur le plateau qui confine aux communes de Tingry, de Samer et de Doudeauville, Lacres compte une population de 346 habitants sur une étendue territoriale de 823 hectares. Il appartenait anciennement au bailliage d'Etaples et il est du canton de Samer depuis 1790. L'église de Lacres, dont le nom n'a pas changé depuis le moyen âge, était en 1173 dans le patronat de l'abbaye de Samer, où elle est restée jusqu'en 1790; mais ces droits honorifiques ne pouvaient plus s'exercer, attendu que, par suite du malheur des temps, cette paroisse avait dû être annexée à celle de Tingry. L'église de Lacres n'a recouvré son indépendance, que par le décret Impérial du 12 février 1870, qui l'a érigée en succursale. Ce n'est pas un édifice monumental. La tour seule, qui est établie entre le chœur et la nef, a conservé ses voûtes d’arêtes, avec sa vieille cloche de 1533, dont la marraine a été Marie de Luxembourg, dame de Tingry.
Les seigneurs de ce village n'ont guère laissé leur nom dans l'histoire. J'en excepte Wistasse de Lacres, Wale de Lacres et Pierre de Lacres compris tous les trois dans une quittance de gages payés par Moreau d'Anvin, capitaine de Calais, le 16 mars 1296. Perres de Lacres était en 1297 au service du comte d'Artois.
A la fin du XVIIIe siècle, Louis-Alexandre vicomte du Tertre, demeurant à Cormont, était seigneur de Lacres, où il nomma pour bailli Jean-Marie Lapie, avocat en Parlement, avec Antoine-François Lengagne pour procureur fiscal. Le clerc de Lacres était en 1725 Denis Boular, qui ne tenait point l'école « faute d'écoliers, » dit le rapport, et en 1756 François L'Epy.
Les représentants de Lacres aux élections de 1789 ont été Jacques-Adrien Vauchel et Jean-Pierre Moulière (40 feux).
1° Dalles, hameau et ferme, dont le nom (feodum de Dales), est mentionné en 1193 et 1199 dans les chartes de Samer. L'abbaye de ce nom en tenait la dîme (decimam de Dales) qu'elle avait achetée à Isaac de Bezinghem, et qu'elle garda jusqu'à la Révolution française. Josse de Hesmond, seigneur de Dalles, vivait en 1550-1560. Il y existe une ferme, appartenant à madame la comtesse de Clocheville, où se voient des meurtrières et les restes d'un moucharaby qui surmontait la principale porte d'entrée.
2° Sequière, hameau et ferme, dont la dîme (decimam de Sekieses) appartenait à l'abbaye de Samer en 1193-1199. Charles de Wavrans était seigneur de Sequières en 1560. On me signale également à Sequière une ferme à tourelles qui est la propriété de M. Ivart.
3° Les Tombelles, ou les Etombelles, lieu-dit, situé entre Sequières et la Verte-voye, où la tradition prétend qu'ont été inhumés les soldats morts dans une bataille qui se serait livrée autrefois dans la campagne environnante.
4° La Verte-voie, hameau, qui conserve le souvenir de la voie romaine, ou chaussée Brunehaut, qui y passait, venant de Recques par le bois de Longvilliers pour se diriger vers Tingry. Je ne m'arrête pas à contredire ici l'opinion qui fait de Lacres le Lutomagus des Itinéraires j'ai l'habitude, quoi qu'on en dise, de beaucoup pardonner à ceux qui pèchent par ignorance. Hugues Liégeart, sieur de Vertevoye, comparaît aux élections de 1560.
5° On cite encore Beauvoir et Fassurne, tous deux sur la voie romaine, Heurtevent, etc...
Source : Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais. tome 3 / publié par la commission départementale des monuments historiques 1873-1883.
En plein bocage boulonnais, dans l'un des hameaux du village, se dresse le manoir de Séquières. Cette demeure seigneuriale, qui possède une tourelle destinée ... à servir de colombier, semble remonter au XVIIe siècle.
Le hameau de Séquières, qui dépendait de la seigneurie de Frencq, peut revendiquer une lointaine appartenance au comté de Boulogne. Plusieurs de ses enfants se sont illustrés à diverses périodes de notre histoire.
La plus ancienne citation du lieu provient de Yvon de Séquières, qui était écuyer et chevaucheur du duc de Bourgogne en 1445.
L'ancienneté de l'endroit est donc bien attestée. La seigneurie passa dans différentes mains au fil des siècles, ainsi, Ernoul Razonner était propriétaire en 1439, son successeur fut Andrieu Girault, qui revendit le titre à Pierre de Wavrans. Cette famille possédait encore l'endroit en 1653.
C'est là qu'une querelle de propriété existe. En effet, Ambroise de Hesmond, qui était seigneur de Dalles (autre hameau de la commune), revendiquait ce titre dès 1579 sur d'anciens titres.
Qui avait raison ? Bien difficile d'y répondre à moins qu'il n'existât une seconde demeure importante à Séquières. Cela pourrait être le cas si l'on considère qu'à peu de distance, on trouve le fief de La Court de Séquières, qui se composait notamment d'un manoir avec dépendances composées de plusieurs maisons, granges, étables et différents édifices. Alors, homonymie ou accaparence ? Bien malin qui peut l'affirmer.
Par la suite la situation se clarifia. À l'approche de la Révolution, en 1782, Marie-Louise de Hémond, dame de Séquières, épousait François de Lastre de Mespas comme en attestent les anciens registres paroissiaux de Lacres.
Nouvelle évolution sous le Premier empire avec l'arrivée de Charles Ivart, inspecteur général des écoles vétérinaires, qui devenait propriétaire du manoir de Séquières et de ses dépendances, réalisées entièrement en briques quelques siècles plus tôt.
Depuis 1920, la famille Lassagesse a racheté ce bien à Madame Yvart de Paris et la demeure est restée à cette date dans le giron familial. Plusieurs membres de cette fratrie ont occupé le poste majoral, c'est le cas de Jules Lassagesse et de Henri Lassagesse qui lui succèda après son décés, de 1947 à 1983.
La veuve de ce dernier, Raymonde Lassagesse, née Bodin, nonagénaire, a longtemps transformé une partie de la demeure en gîte rural, faisant ainsi profiter des lieux de nombreux amateurs de tourisme rural français ou étrangers.
Source : article de Joël Rochoy pour le journal La voix du Nord le vendredi 01.10.2010.