Eglise

La paroisse d'Heuchin faisait partie de l’ancien diocèse de Boulogne, elle dépendait du doyenné de St-Pol, et elle avait pour annexes Fontaines-les-Boulans et Prédefin qui en furent détachés à la suite du concordat de 1802. Prédefin devint succursale, avec Fontaines pour annexe. La paroisse était desservie par un curé et trois vicaires, dont l’un résidait à Heuchin, un autre à Prédefin, et le troisième à Fontaines. Ces trois vicaires étaient chargés en même temps de faire l'école chacun dans leur résidence.

Outre l‘église paroissiale, il y avait plusieurs chapelles bénéficiales : l’une dédiée à St-Jean-Baptiste était située dans l'enclos du château, richement dotée par les seigneurs et desservie par un chapelain spécial ; une autre était à Prédefin même, dédiée en l‘honneur de Notre-Dame de la Leau (ultra aquam) ; elle avait pour patron le seigneur d’Heuchin, et pour collateur l’évêque de Boulogne, comme il conste d'un acte de nomination de chapelain en 1737, que nous avons trouvé dans un registre de l’ancien évêché de Boulogne conservé aux archives de l’évêché d'Arras : Capellam sive capellaniam sub titulo et invocatione B. Marie Virginis nunrupatam vulgo de la Leau, de Preudefin intrà limites Ecclesiæ Parochialis pagi d‘Heuchin, dictæ nostroe diœcesi fundatam, erectam et deserviri solitam, cujus occurente vacatione nominatio et præsentatio ad dominum temporalem dicti loci d’Heuchin,jure patronatûs, collatio vero, provisio, institutio et omnimodo alia dispositio ad nos, ratione dignitatis nostræ episcopalis spectant et pertinent. Vacantem nunc et liberam per obitum magistri Petri Resnoy presbyteri, illius ultimi et immédiati possessoris pacifici, tibi magistro Ludovico Francisco Empis presbitero, sufficienti,capaci et idoneo, debite nominato et præsentato contulimus et donavimus tenore præsentium. On voit par cet acte de nomination les précautions que l’on prenait alors pour ne pas conférer de bénéfice à ceux qui auraient été suspects de jansénisme, puisque le chapelain n’est nommé qu’à la condition d’une profession préalable de la foi catholique, apostolique et romaine, et de la signature du formulaire que le Pape Alexandra VII avait prescrit pour mettre fin aux subterfuges des jansénistes sur le sens de la condamnation des cinq fameuses propositions. Une troisième chapelle était consacrée à St-Martin, patron de la paroisse ; on la nommait vulgairement la chapelle des petits bois d’Esquincourt ; elle était aussi à la nomination des seigneurs d’Heuchin. Enfin une dernière chapelle était dédiée à St-Nicolas, sous le patronage de l'abbé de St-Bertin.

Quant à l’église même d‘Heuchin, elle dépendait entièrement de la collégiale de St-Pierre d’Aire. En 1097, Gérard, évêque de Thérouanne accorda la collation de la cure à l’abbaye de Saint-Bertin. Ces religieux y bâtirent un prieuré, et longtemps ils desservirent cette paroisse. En 1227, Bauduin, châtelain d’Aire leur avait conféré la dîme d’Heuchin, privilége qu’ils conservèrent jusqu’à l’époque de la révolution; toutefois, ils abandonnèrent plus tard la cure à l’évêque de Boulogne qui y nommait, et n’en retinrent plus que le patronage.

Description de l'église d'Euchin

L’église d'Heuchin offre un des monuments les plus remarquables d’architecture romane dans nos contrées, et elle était bien digne d'attirer l’attention de la Commission des Antiquités départementales. Les proportions, comme nous l'avons fait observer, en sont grandes. Elle a trois nefs, un transept et un chœur assez vaste. Elle se compose de deux parties distinctes, l‘une romane, l’autre ogivale du style tertiaire. Tout le bas de l’église jusqu’au transept est roman et semble, d'après les caractères qu’il présente, remonter au moins jusqu’au XIe siècle. Le chœur et les deux chapelles qui forment le transept sont de la fin du style ogival. La voûte du chœur porte la date de 1601, et la chapelle de la Sainte-Vierge, du côté de l’évangile, celle de 1630. Les bras de croix sont flanqués à l’extérieur ainsi que le chœur par des piliers avec clochetons garnis de crochets ou feuilles de chou. Les religieux de St-Bertin furent condamnés à les rebâtir à la suite d’un long procès jugé au Conseil d’Artois. Cette partie plus récente de l'église offre de belles proportions, de gracieuses nervures. Malheureusement les fenêtres du chœur ont en leurs meneaux mutilés, plusieurs mêmes ont été bouchées par suite de la construction d’une sacristie, ce qui dénature l’effet que produirait la perspective du fonds de l’église.

La voûte de la chapelle de gauche est assez remarquable par les dessins de ses nervures qui représentent une croix à branches égales enclavées dans une étoile. Dans le caisson formant la partie supérieure de la croix se trouve sculpté l’agneau crucifère entouré d’une auréole de flammes. Dans le caisson de la partie latérale de gauche on voit des armoiries dont le blason a malheureusement disparu.

La nef principale se compose de cinq travées. Au-dessus de ces travées sont des fenêtres à une seule ouverture dont les baies vont s’amoindrissant à mesure qu’elles avancent dans l’épaisseur du mur. Ces fenêtres sont du style roman, elles sont actuellement bouchées depuis qu’à la fin du siècle dernier on a recouvert d'un seul et même toit la nef et les bas côtés. Les deux dernières travées du côté de la porte sont séparées du reste de l’édifice par un mur s’élevant du sol à la voûte, et elles forment ainsi une espèce de campanile au grand détriment de la perspective de la nef qui, se trouvant trop rétrécie en proportion de sa hauteur, et de plus privée de la lumière qu’elle recevait des fenêtres supérieures, est trop obscure, n’étant plus éclairée que par les fenêtres inférieures.

Les nefs latérales anciennes ont disparu. Elles s’étendaient jusqu’au portail comme le montrent évidemment les deux arcades bouchées des deux premières travées, séparées, comme nous l’avons dit, du reste de l’église. Comme elles menaçaient ruine, elles furent détruites en 1770 et rétablies seulement sur la longueur de trois travées, ce qui, donnant à l’église actuelle la forme carrée, en a rompu les belles proportions. Ces nefs latérales ont été faites d’ailleurs sans aucun style, et ne font que défigurer ce monument précieux.

Le portail quoique fruste, présente un aspect assez imposant. La porte s’ouvre au fond de trois voussures enrichies de moulures composées d’un cylindre terminé de chaque côté par un petit socle carré, puis d’une gorge ronde. Elles sont portées à leurs extrémités par trois colonnes annelées dans leur milieu par une moulure cylindrique et terminées par un chapiteau à feuilles. La façade, à sa partie inférieure, est flanquée de chaque côté par un contrefort massif et aux angles par une colonnette qui s’appuie contre un contrefort plus élevé.

Ces colonnettes portent une moulure qui traverse la façade dans sa largeur et en sépare la partie inférieure des autres. Au-dessus est une bande plate, puis une autre moulure portant trois ouvertures séparés par un panneau, au milieu duquel est une double colonnette dont on aperçoit à peine les bases et les chapiteaux mutilés sans doute par l’injure du temps. Les angles sont flanqués de chaque côté par une colonnette avec base et chapiteau. Les trois ouvertures renfermées dans trois arcades sont toutes unies et sans ornements. Enfin, dans le fronton sont percées trois ouvertures simples qui ne sont relevées par aucun ornement. Les proportions de cette façade dans les parties diverses qui la composent, sont généralement bien prises et présentent un ensemble assez harmonieux.

La nef principale de l'église d'Heuchin offrirait donc un monument remarquable d’architecture romane, si les deux travées qui en sont séparées lui étaient rendues, et si elle recevait comme autrefois le jour par les fenêtres supérieures et celles du portail. Espérons que la commune d’Heuchin qui a l’honneur d’être chef-lieu de canton, ne voudra pas rester en arrière de ce mouvement qui porte de toutes parts à l’intelligente restauration des monuments que nous ont légués les siècles passés, et qu’elle saura s’imposer les sacrifices nécessaires pour rendre à sa beauté primitive une église qui serait une des plus remarquables de la contrée.

Nous ne terminerons pas cette notice sans signaler les fonts baptismaux que renferme l’église d’Heuchin. C’est un monument en grès dont le style indique le XVIIe siècle. La forme en est octogonale de la base à la cuve, il se compose de trois parties bien distinctes :

  1. La base qui est formée d’une gorge ou cavets est composée à chaque face de deux compartiments;
  2. Le fût formé de deux doucines réunies au milieu par quelques moulures.
  3. La cuve garnie de côtes en creux et terminées a la partie supérieure par des listels ou tores variés en dimensions.

L’ensemble de ce monument est assez gracieux, et l’ornementation dentelée qui circule à différentes hauteurs contribue à en alléger les formes.

Source : Statistique monumentale du Département du Pas-de-Calais 1873.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101658
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Heuchin
  • Code INSEE commune : 62451
  • Code postal de la commune : 62134
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 11e siècle
    • 12e siècle
    • 17e siècle
    • 2e quart 17e siècle
  • Année : 1630
  • Date de protection : 1926/06/10 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :3 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • transept
    • nef
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détail :
    • Deux premières travées de la nef
    • façade ouest
    • bras nord du transept : inscription par arrêté du 10 juin 1926
  • Référence Mérimée : PA00108318

photo : joel.herbez

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