Château de Rosamel

Ce hameau fait partie de la commune de Frencq.

La terre de Rosamel appartenait au sieur Augustin de Gouffier, comte de Rosamel, le 15 avril 1700 ; elle fut cédée à dame Françoise-Antoinette de Gesson, veuve de Joseph de Houssaye, seigneur d'Anault, et à ses enfants, qui, par décret de la sénéchaussée du Boulonnais, la vendirent à Louis du Camp de Rosamel, seigneur de Tardinghem. Elle échut en succession à Benoît-Antoine du Camp de Rosamel ; puis, le 28 novembre 1756, à son fils, Claude-Marie du Camp de Rosamel, lieutenant-général.

Ce fut lui qui, vers 1778, jeta les fondations du château, qui ne fut complètement terminé qu'en 1820.

Située dans une riche vallée, traversée par une rivière, cette demeure est une des plus belles et des plus remarquables du département.

Son fondateur fut l'un des principaux rédacteurs du cahier des doléances présenté par la noblesse à l'assemblée des trois ordres, à Boulogne-sur-mer, le 16 mars 1789.

A sa mort, le château, après être resté dans l'indivision entre ses quatre enfants, Marie-Claude, capitaine de cavalerie, Charles-Claude, vice-amiral, Armand, capitaine de cavalerie, et Elisabeth, devint en 1840 la propriété du vice-amiral.

Né à Frencq en 1774, Charles-Claude du Camp de Rosamel entra dans la marine à 17 ans, fit partie de la flottille amarrée au port d'Etaples, en 1803, en qualité de lieutenant de vaisseau, et se distingua dans plusieurs combats. Contre-amiral en 1823, il fut successivement préfet maritime à Toulon en 1830, vice-amiral en 1831 et pair de France en 1839.

Les nombreux services qu'il rendît, particulièrement à la marine d'Etaples, l'avaient fait surnommer le Père du Matelot. Il ne profita de sa haute position que pour secourir les malheureux, et se retira du ministère sans avoir augmenté sa fortune.

Mort à Paris en 1848, il fut, selon ses dernières volontés, inhumé dans le cimetière de Frencq, où il repose sous une modeste pierre, ainsi qu'il en avait manifesté le désir. Si son cortège n'eût pas toute la pompe militaire due à son rang, il n'en fut pas moins une preuve de l'attachement de toute la contrée ; la population d'Etaples se transporta spontanément à son château, précédée de la garde nationale et des autorités auxquelles se joignirent les habitants des communes voisines. L'église et le cimetière étaient trop étroits pour contenir ceux qui étaient venus rendre leurs derniers devoirs à ce bienfaiteur du pays. Le chagrin que l'on voyait sur toutes les figures était bien plus éloquent que les discours d'usage et les cortèges de commande qui étaient interdits dans un temps où la France était en pleine révolution.

Le domaine de Rosamel appartient aujourd'hui à M. Charles du Camp de Rosamel, son fils aîné, capitaine de vaisseau, qui vient d'être appelé à siéger au Conseil général par les électeurs du canton d'Etaples.

Source : Bulletin de la Commission des Antiquités Départementales 1862.

Le château de Rosamel à Frencq a été élevé sur un plan de forteresse médiévale par l'architecte boulonnais Giraux-Sannier en 1770.

De nos jours (XXIe siècle)

La réhabilitation du château et de ses abords porterait sur la création d'un hôtel et d'un centre de bien-être pour des clients, touristes ou professionnels. Le projet général entrerait dans le cadre du développement de la politique de séminaires avec l'atout de la proximité du Touquet. restaurants, bars, hébergements, salle de conférences, spa, piscine, tennis... Le tout labélisé grand luxe avec l'idée de tourner toute l'année (séminaires l'hiver) pour rentabiliser les énormes investissements à consentir pour faire aboutir le projet. (source : La voix du Nord Juin 2011)

Le château de Rosamel et ses Jardins

J'ai eu la bonne fortune d'avoir en communication les plans du château de Rosamel, situé près d'Etaples, et je les ai copiés en les réduisant. Ce château et son parc sont l'oeuvre de Giraud Sannier, architecte qui eut une certaine célébrité à la fin du XVIIIe siècle. Il a créé là un ensemble intéressant : il s'est certainement inspiré du plan du moyen âge, du donjon flanqué de quatre tours et il a utilisé les fondations préexistantes d'un donjon médiéval ; mais son modèle choisi, il l'a interprété et lui a donné très nettement l'aspect Louis XVI, tant par sa dispo sition intérieure et son décor extérieur, que par tout son entourage.

En y pénétrant on trouve un bel escalier orné d'une rampe en fer forgé. Au premier étage se trouvent de vastes appartements de réception, d'une hauteur tout à fait exceptionnelle pour une habitation particulière ; mais ils ne sont pas en enfilade ; l'architecte a rompu avec la tradition. De plus le salon ne donne pas du côté du parterre, ce qui paraît une faute. Cependant ce n'est qu'une légère critique : le château est très beau.

Autour de lui s'étalent les dépendances, avec une chapelle bâtie en 1779, ornée de stucs représentant des trophées formés d'attributs religieux.

Encadrant le tout se trouve le parc. On sera peut-être étonné de le trouver tracé entièrement à la française en cette fin du XVIIIe siècle qui nous a donné la ferme du petit Trianon, Ermenonville, Mortefontaine et autres jardins paysagers, inspirés par les tableaux d'Hubert Robert et les idées de Jean-Jacques Rousseau ; mais avant eux les jardins réguliers avaient des ennemis : Charles Rivière du Fresny avait présenté à Louis XIV un plan de jardin paysager ; il est vrai qu'il n'eut pas de succès. La vérité est qu'en 1778, date du plan de Rosamel, les deux genres de jardins avaient leurs partisans : l'Encyclopédie constatait l'amour des allées tortueuses, mais sur les plans de Le Rouge parus bien après, les dispositions françaises se mêlent à d'autres, et le Cours d'architecture de Blondel, qui fut professé de 1750 à 1770, préconisait encore les jardins réguliers.

Giraud Sannier, lui, jugea que ce serait ce qui ferait la meilleure transition entre le château et la campagne environnante, et il présenta à M. de Rosamel un plan nettement français, s'harmonisant bien avec le château, dont il prolonge l'architecture, au moins en partie. On n'y trouve pas l'ampleur de Versailles, le terrain ne la comportait pas ; on peut plus justement lui reprocher un certain manque d'unité et la dispersion de certaines parties : le canal, par exemple, est assez mal relié au château ainsi que la promenade le long de la rivière en allant vers le bassin rond ; mais tout cela cependant offre une bonne utilisation du terrain, dont malheureusement on juge mal sur un plan seul ; il faudrait y joindre des profils indiquant les pentes rapides de la colline. L'ensemble est joli, conçu avec simplicité, tant dans le château que dans les parterres.

Au sujet de ceux-ci, il faut signaler l'abandon complet des broderies de buis ; ce ne sont plus que des platebandes bordées de gazon. Tout en étant moins compliqués et en utilisant le cercle au lieu du losange, ils s'apparentent à ceux dont Neufforge avait donné des dessins dès 1757. Par contre Giraud Sannier a conservé les haies de charmilles taillées en portiques, telles qu'on les voit dans la Théorie et la Pratique du Jardinage de Dezallier d'Argenville.

Le château de Rosamel fut commencé en 1770, mais il n'était pas encore très avancé en 1778, date du plan ; on ne le termina que peu avant la Révolution, si toutefois tout fut achevé. Après, les jardins français étaient passés de mode ; cependant beaucoup subsistaient et les auteurs du temps, Lalos en particulier qui écrivait en 1830, ne perdent pas une occasion de les critiquer. Leurs instructions portèrent leurs fruits ; beaucoup de chefs-d'oeuvre furent alors détruits. Dans une propriété m'appartenant, en Champagne, j'ai retrouvé les notes assez considérables payées pour le transport de terres destinées à combler les fossés. Ce meurtre fut épargné à Rosamel qui repose toujours sur son miroir d'eau : mais une partie du jardin tomba dans l'abandon, précisément celle que je qualifiais tout à l'heure de hors-d'oeuvre, celle qui s'étend au nord, vers le village ; elle était, par sa position, en dehors du parc. Celui-ci fut conservé dans ses lignes principales et il s'étale toujours vers l'est au delà de la pelouse qui a remplacé le parterre et les murs soutenant les terrasses. Les acquéreurs du château semblent vouloir le respecter ; souhaitons-le, car il ne subsiste plus dans notre département qu'un bien petit nombre de jardins français, peut-être plus un seul en Artois: Vélu, détruit par la guerre, vient d'être vendu et son parc sans doute démembré. Dans le bois de Boyaval subsiste une étoile, mais ce n'est pas un ensemble, de même que deux bouts de charmille à Fiers. Dans le Boulonnais on a encore la Cocherie qui conserve ses parterres ; le reste du parc a été détruit : mais on le connaît par l'article que son propriétaire, M. Robert de Rosny, lui a consacré dans le Bulletin de la Société Académique de Boulogne. Citons encore Audisque avec son avenue, ses terrasses, son haut degré de pierre, son miroir d'eau ; ce très séduisant petit château, bâti par les La Fitte d'Audisque, appartient à M. Gaultier qui a imprimé plusieurs de nos publications ; il l'apprécie à sa valeur et l'entretient soigneusement. Peut-être y a-t-il encore d'autres jardins ; je souhaite qu'on nous les fasse connaître, ils contribueront à faire tomber la critique qu'on fait aux jardins français d'avoir un plan rigide. En les étudiant, on voit au contraire qu'ils s'adaptent aux situations les plus variées. Celui de Rosamel est très particulier. Le château et le jardin furent, en leur temps, de l'art moderne inspiré par le passé ; ce ne sont pas des pastiches et l'architecte a fait vraiment là œuvre originale.

M. de La Charie début du XXe siècle.

photo pour Château de Rosamel

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101597
  • item : Château de Rosamel
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Frencq
  • Code INSEE commune : 62354
  • Code postal de la commune : 62630
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 4e quart 18e siècle
  • Année : 1778
  • Date de protection : 1966/11/07 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • communs
    • douves
    • pavillon
    • douve
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une société privée 1992
  • Photo : 92f829d1e7fa7bc92eeededbece0cf38.jpg
  • Détail :
    • Façades et toitures du château et des communs, y compris celles des deux pavillons accolés aux communs
    • douves (cad. B 79) : inscription par arrêté du 7 novembre 1966
  • Référence Mérimée : PA00108283

photo : joel.herbez

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