Donjon

Histoire

Bours était, au moyen-âge, le siège d'une baronnie et la demeure d'un des pairs de celte Comté de Saint-Pol, qui a jeté tant d'éclat sur l'histoire de notre province.

Nous ne trouvons le nom de cette terre cité ni dans les chroniques ni dans aucun titre, avant l'année 823. Il figure, à cette date, dans un inventaire des propriétés de l'abbaye de Saint-Riquier.

Carpentier, dans son « Estât de la Noblesse du Cambrésis », mentionne, parmi les bienfaiteurs des abbayes de Saint-Aubert et de Saint-André, Hugues de Bours, en 1159.

Duchesne rappelle les donations faites par Jean de Bours et son fils Régnier à l'abbaye d'Anchin (1175).

On trouve aux archives du département du Pas-de-Calais, à la date de 1294, une quittance, donnée par Raoul Delefontaine, au nom de Jehan de Bours.

Cette famille, l'une des plus anciennes et des plus puissantes du pays, s'est surtout illustrée au XVe siècle. Vitard ou Wiscart de Bours est mort glorieusement, en 1415, à la funeste bataille d'Azincourt, où il s'était signalé par sa bravoure. Son fils, Maillotin de Bours, n'avait pas dégénéré de la valeur paternelle. On se rappelle, entre autres prouesses qui ont rendu son nom longtemps populaire en nos contrées, son mémorable duel à outrance contre Hector de Flavy, au milieu de la Grand'Place d'Arras, en présence de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne (1431). Il fut, plus tard, grand-écuyer du duc et bailly de Cambrésis. Vers le milieu du XVe siècle, Guillaume de Bours, dit Wiscart, distingué, comme ses ancêtres, par ses qualités guerrières, possédait encore la terre et le château dont nous nous occupons. Guillaume était, en 1472, chambellan du roi de France, Louis XI. Il n'a pas laissé d'enfants mâles. La terre de Bours est passée, par alliances, à d'autres familles. Elle appartient aujourd'hui à celle de Sainte-Aldegonde Noircarme.

Évolution militaire de la région

Avant d'aborder la description de l'un des plus anciens châteaux fortifiés qui nous restent, il ne sera peut-être pas hors de propos de rappeler, en peu de mots, les causes qui firent, à une certaine époque, couvrir la France de forteresses, et portèrent la noblesse à s'enfermer dans ces sombres demeures.

Subjuguée, asservie quelque temps par le génie supérieur et le bras invincible de Charlemagne, la féodalité avait par degrés recouvré sa force, sous le règne des successeurs de ce grand prince, incapables de retenir d'une main ferme le pouvoir qu'il leur laissait. Pendant un siècle entier, elle avait sourdement lutté contre l'autorité royale. La faiblesse de Louis-le-Bègue lui donnait la victoire. Elle en profita pour fortifier son organisation et assurer sa puissance. Jusqu'alors on n'avait guère élevé de places fortes ailleurs que sur les marches ou frontières : il fallait être comte ou marquis pour bâtir une citadelle. A dater de ce moment, tout baron voulut avoir son fort; tout homme noble habita derrière un rempart ; le plus petit possesseur de fief se construisit sa tour. Toutes nos provinces se hérissèrent de murs crénelés et de donjons.

Dès lors, la défense du territoire fut assurée contre les incursions des barbares. Les châteaux, fournissant un abri aux populations des campagnes, atténuèrent les effets dévastateurs des guerres du moyen-âge. Les seigneurs aussi n'eurent plus à craindre la rébellion de leurs vassaux. Il est vrai qu'ils lurent encouragés, en même temps, à braver quelquefois l'autorité du suzerain et poussés, trop souvent, à des luttes regrettables avec leurs voisins. Mais c'est de cette époque que datent la gloire de la noblesse de France et l'éclat poétique dont a brillé longtemps notre chevalerie.

Les premiers châteaux furent très-simples. Sur une éminence, ordinairement artificielle, on bâtissait un donjon, qui n'était le plus souvent qu'une tour de charpente; puis on l'entourait, à distance, d'un rempart de terre, garni de palissades et défendu par un fossé.

Bientôt ces forteresses s'agrandirent et l'on y multiplia les moyens de défense. L'enceinte extérieure fut muraillée, crénelée, flanquée de tours. Les donjons devinrent de solides constructions en maçonnerie, d'une masse imposante, s'élevant à une grande hauteur, garnies de tourelles qui flanquaient leurs faces, entourées, comme l'enceinte, de fossés profonds, munies enfin de tous les appareils les plus puissants qu'on ait jamais imaginés pour repousser une attaque, avant l'invention des armes à feu. Ce furent de véritables citadelles.

Le château que nous avons à étudier était de ce genre.

La forteresse de Bours

La forteresse de Bours se composait d'un mur d'enceinte, crénelé, flanqué de six tours engagées, et d'un donjon, carré, isolé, flanqué lui-même, à chaque angle et sur deux de ses faces, de tourelles appliquées; le tout solidement construit en grès, de moyen appareil, et protégé par des fossés, toujours remplis d'eau vive, baignant les murs extérieurs et ceux du donjon.

L'enceinte a complètement disparu. On ne possède pas sur sa forme et ses dimensions d'autres renseignements que ceux qui précèdent. On sait seulement que l'on y pénétrait par une seule porte, munie d'un pont-levis et défendue par une herse. Dans celte enceinte se trouvaient des bâtiments d'habitation pour les seigneurs et les gens de leur service, des casernes pour les hommes d'armes, des écuries, des magasins, des dépendances diverses. Au centre de la cour s'élevait le donjon. C'est la seule partie qui subsiste aujourd'hui; elle est intacte. Nous allons essayer de décrire avec quelques détails, et le plus clairement qu'il nous sera possible, cette imposante construction, digne, par sa haute antiquité, son caractère singulier, sa parfaite conservation, de toute l'attention des archéologues.

Qu'on se figure une grosse tour carrée, haute de 13 mètres environ; qu'à chacun de ses angles on applique une tour cylindrique, de pareille hauteur; puis que, sur deux des faces opposées de la grosse tour, et dans leur milieu , l'on ajoute encore une tourelle arrondie, s'élevant au niveau des premières; que l'on couvre la tour carrée d'un grand comble à quatre pentes, avec facettes aux angles; que l'on coiffe d'un petit comble conique chacune des six tours rondes: on aura une idée assez juste de l'ensemble de l'édifice, vu du dehors et à distance.

Les tours rondes sont d'inégal diamètre, mais pareilles deux à deux. Toutes sont portées sur des encorbellements, dont chaque assise est taillée sous forme d'un tore fortement accusé, et qui s'appuient sur un petit pilier carré, partant du sol.

Deux cordons, ou filets saillants, courent autour de tout l'édifice et distinguent les étages. Leur coupe donnerait un triangle presque équilatéral. On ne voit à l'extérieur aucun autre ornement. Seulement, entre deux des tourelles et dans le soubassement, on peut remarquer une tête humaine, grossièrement sculptée, rappelant les modillons de style roman. Elle est peu visible ; elle ne sert pas à la décoration ; elle paraît se trouver là par hasard, la pierre qui la porte ayant été tirée des débris d'une construction antérieure.

Une rampe extérieure, en pierre, de douze degrés, conduit à une porto étroite et haute, de forme rectangulaire, seule ouverture qui donne accès dans l'intérieur. Cette rampe parait avoir remplacé un pont-levis. Elle est percée dans l'une des faces du donjon qui ne portent pas, en leur milieu, de tourelles appliquées. Dès qu'on a franchi le seuil, ou se trouve sous un long et large tuyau rectangulaire, garni du haut en bas de rainures, destinées à guider une herse de fer, dernière défense contre l'ennemi qui aurait pu forcer l'enceinte et les autres obstacles. Si l'assaillant essayait de briser ou de soulever cette barrière, il était exposé, pendant cette difficile opération, à tous les projectiles que les assiégés, à couvert, n'avaient qu'à laisser tomber sur lui pour l'écraser.

Toute la hauteur de l'édifice se divise en quatre parties inégales.

La partie inférieure, placée un peu au-dessous du niveau du sol actuel, est une sorte de cave, peu profonde, recouverte d'une voûte d'un seul arceau, sans moulures, qui paraît être assez moderne. C'est la seule voûte qu'on voie dans toute la construction.

Une grande salle, de 14 pieds sur 16, occupant tout le creux de la tour carrée, forme aujourd'hui le rez-de-chaussée. La porte, accessible par la rampe extérieure, que nous avons décrite, s'ouvre de plein pied sur cette salle. L'étage supérieur est pareil. Au-dessus, viennent les combles.

Un escalier en pierre, de soixante-trois marches, conduit à la salle du premier étage et au grenier. Dans les autres tours se trouvent, à chaque étage, des cabinets communiquant avec la salle centrale.

Je n'ai remarqué dans l'intérieur aucun détail architectonique intéressant. Les petites fenêtres qui éclairent les chambres et les cabinets sont uniforme

Source : Statistique monumentale du département du Pas-de-Calais 1850.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101464
  • item : Donjon
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Bours
  • Code INSEE commune : 62166
  • Code postal de la commune : 62550
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • fort
    • édifice fortifié
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 15e siècle
  • Date de protection : 1965/02/23 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscription 05 09 1946 (arrêté) annulée ; Site archéologique : 62 166 1 AH (motte castrale) et 2 AH (château fort).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : donjon
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • Cette construction a été affectée a l'usage de : mairie

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Donjon (cad. B 179) : classement par arrêté du 23 février 1965
  • Référence Mérimée : PA00108236

photo : joel.herbez

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