photo : joel.herbez
Mgr. de Pressy, qui pendant le cours de son long épiscopat, avait témoigné en de nombreuses circonstances l'intérêt qu'il attachait à la bonne direction de l'instruction de la jeunesse, avait bien fondé (1774) à ses propres frais une école gratuite pour les enfants pauvres des marins ; mais le généreux prélat ne devait point borner là ses sacrifices, et déjà il songeait à compléter l'œuvre commencée par l'un de ses prédécesseurs, François de Perrochel.
Ce dernier évêque avait, en effet, créé à Boulogne (1668), dans la maison même qu'il habita après sa retraite de l'évêché, un séminaire dont il avait confié la direction à des prêtres de la mission de Saint-Lazare. Cet établissement avait été d'un grand secours à tout le diocèse qu'il avait rempli de prêtres instruits et pieux. Mais Mgr. de Pressy étant parvenu à se débarrasser (1774) de l'intervention des collateurs ou patrons ecclésiastiques dans la nomination aux cures de la portion artésienne de son diocèse, et y ayant établi le concours libre, l'on reconnut bientôt l'insuffisance du Grand-Séminaire auquel le collège de l'Oratoire ne prêtait qu'une assistance incomplète et un peu équivoque aux yeux de l'évêque. C'est alors que le prélat s'occupa activement du moyen de fonder l'œuvre importante qui couronna son épiscopat et sa noble carrière. Un vaste bâtiment s'éleva bientôt sur l'emplacement de l'ancien cimetière de la haute-ville, attenant à la cathédrale; les élèves d'un pensionnat dirigé à Wimille par le curé Laurent-Joseph Cossart fournirent le premier contingent. Après y avoir dépensé la plus grande partie de sa fortune, l'évêque y institua en outre plusieurs bourses gratuites; l'un des vicaires-généraux du diocèse, M. l'abbé de Montgazin, se démit en faveur du nouvel établissement du titre et des revenus du prieuré de Notre-Dame d'Ardres ; le roi le dota (lettres-patentes de juillet 1786) « de tous les privilèges et exemptions dont jouissent les autres séminaires du royaume.» Ainsi fut créé dans notre ville le Petit-Séminaire que la révolution devait sitôt enlever à son utile destination, mais dont un avenir prochain disposera peut-être selon le vœu de l'éminent fondateur.
Boulogne comptait alors plus de dix mille habitants, non compris la garnison qu'y entretenait l'État, ni la colonie anglaise qui depuis longtemps déjà s'y était établie et dont le chiffre s'accroissait chaque année.
Source : Histoire de Boulogne-sur-Mer par Louis Bénard 1860.
Le ministère de la culture précise que la création, l'ouverture, du petit séminaire a lieu en 1786, qu'il sera détruit entre 1871 et 1876 et, pour finir, que sur l'emplacement, la construction d'un presbytère selon les plans de l'architecte boulonnais Pichon en 1881 sera entrepris et exécuté par Louis Dubourt entrepreneur à partir de 1882.