Hôtel de Ville de Boulogne sur Mer

L'hôtel de ville (place Godefroi de Bouillon, haute ville), bâti en 1734 et restauré en 1854, occupe, dit-on, l'emplacement de l'ancien palais des comtes de Boulogne, où naquit Godefroi de Bouillon. C'est un édifice en briques, derrière lequel se dresse un beffroi plus intéressant, composé de deux tours superposées, l'une carrée et flanquée aux angles de tourelles rondes, en encorbellement, l'autre octogonale et couronnée d'une balustrade à jour.

La première, percée de baies ogivales, date du XIIIe siècle, la seconde, moins ancienne, renferme l'horloge. De la plate-forme, qui atteint 47 mètres de hauteur, on découvre une vue magnifique. On signale, à l'intérieur de l'hôtel de ville, dans les deux grandes salles de réception, les portraits en pied des ducs d'Aumont, gouverneurs de Boulogne, et une grande toile de M. Claudius Jacquand, qui a figuré au salon de 1855: Les magistrats et le peuple de Boulogne jurant de s'ensevelir sous les murs de leur ville plutôt que de se rendre à Henri VIII (1544).

Source : De Paris à Boulogne par Eugène Pénel 1866.

Godefroid de Bouillon est-il né dans le Brabant ou à Boulogne-sur-mer

Tel est le problème historique à la solution duquel, Belges ou Français, nous devons chercher à fournir des arguments exempts de toute animosité.

La chose semble n'avoir pour la Belgique qu'une importance secondaire; car, vassal de l'empire germanique, soit comme marquis dans la marche d'Anvers, soit comme duc de la Basse-Lotharingie, Godefroid est incontestablement un prince belge, qu'il soit né dans le Brabant ou à Boulogne. Né Français, Godefroid en perdit évidemment la qualité en acceptant l'héritage de son oncle maternel, Godefroid le Bossu, héritage qui, indépendamment des deux fiefs pré-mentionnés, le forçait à faire hommage à l'Empereur. Dès lors la France peut-elle réclamer Godefroid comme prince français, elle qui, à la fin du Xe siècle, ratifia l'usurpation de Hugues Capet, et repoussa l'héritier légitime, Charles de France, duc de Lothier, par l'unique considération qu'à ce titre de vassal de l'Empire il n'était plus digne de porter la couronne ?

Reconnaissons que si Godefroid de Bouillon est né à Boulogne, il n'en résulte en aucune façon que cette ville puisse encore le revendiquer comme sien : sa gloire est irrévocablement attachée à la couronne du duc de Lothier, et ce dernier était prince de l'Empire. C'est ce que dit avec beaucoup de sens le moine contemporain Robert : Associatur cuidam duci Teutonicorum, nomine Godefrido, qui erat Eustachii Boloniensis comitis filius, SED, OFFICIO DIGNITATIS, DUX ERAT TEUTONICUS. C'est ce qu'indique aussi très-bien l'Art de vérifier les dates, où se trouve l'extrait suivant : « Le comte de Flandre se mit en marche l'an 1096... il emmena avec lui l'élite de la noblesse flamande; Eustache, comte de Boulogne, qui avait pris les mêmes engagements, préféra, comme vassal de la France, la compagnie de Robert à celle de Godefroid de Bouillon, son frère. Arrivés en Vermandois, le comte Hugues le Grand, frère du roi, se mit à leur tête. ».

Godefroid de Bouillon, fils puîné du comte de Boulogne et d'Ida, sœur du duc de Lothier, était né prince français; adopté par son oncle, ou plutôt institué son héritier, il répudia ce titre pour se faire le sujet de l'Empereur; il mourut duc bénéficiaire de la Basse-Lotharingie, et ce ne fut qu'à sa mort qu'il fut remplacé en cette qualité. Lui élever une statue à Boulogne, c'est comme si la ville de Pau s'avisait d'élever une statue au roi de Suède, Charles XIV. Or, n'est-il pas évident qu'en acceptant la couronne de Suède, le général français Bernadotle a cessé d'appartenir à la France, pour prendre rang, légitimement et historiquement parlant, parmi les princes suédois ?

Que la ville de Boulogne ne fasse donc point pour Godefroid de Bouillon ce qu'il serait absurde de faire à Pau pour le général Bernadette.

Avant d'examiner si les prétentions du Brabant sont fondées, examinons celles de Boulogne-sur-mer.

Dans un mémoire rédigé en 1832 pour la Société des Arts de Boulogne, M. P. Hédouin a tenté d'établir les droits de cette localité à la paternité du héros chrétien, et dans la dernière édition de ce mémoire il assure que M. Michaud avait manifesté l'intention de l'insérer dans une nouvelle édition de sa Bibliographie des Croisades. Il lui prête en outre ces paroles : Désormais on devra regarder comme certain le fait de la naissance de Godefroid à Boulogne-sur-mer.

M. Michaud abandonnait donc sa première opinion, puisque, dans son Histoire des Croisades, il avait reconnu que Godefroid était né à Baisy, dans le Brabant, près de Genappe.

Ce mémoire ne m'a aucunement convaincu; je vais en exposer sommairement le contenu.

Ferry de Locres, dans sa chronique de Belgique, et Malbrancq (de Morinis, tome II, p. 746 et 828) avaient soutenu que Godefroid reçut le jour à Watten (Wastenée), près de Saint-Omer; ils ajoutent que, du château de ce nom, il fut conduit à Boulogne, et élevé dans l'endroit où fut érigée l'abbaye de Saint-Wulmer. Cette désignation de Watten serait, d'après M. Hédouin, une première erreur résultant de la confusion de noms de lieux se ressemblant sous le double rapport de l'orthographe et de la consonance. En effet, dit-il, il existe dans le Boulonais un bourg nommé Le Wast, où les comtes faisaient souvent leur résidence dans un château qu'Ida, mère de Godefroid, affectionnait, et où elle fonda un prieuré. Ferry de Locres et Malbrancq auraient donc confondu Le Wast avec Wasta ou Walten en Artois.

D'autres ont placé le berceau de Godefroid dans le château de Longvilliers (Longum Villare), uniquement parce qu'on y voyait une vieille tour crénelée, appelée tour de Godefroid. Or, la tradition rapporte seulement que, durant son enfance, Godefroid y avait été transporté de Boulogne, à cause d'une maladie qui y faisait des ravages.

M. Hédouin ne doute pas que Godefroid ne soit né à Boulogne môme : « Comment, dit-il, s'est-on éloigné de celte idée si simple, si naturelle, que Godefroid est né dans la ville où son père et sa mère résidaient, et où était le siège du comté auquel il devait succéder ? »

Ceci n'est point exact. L'aîné des enfants d'Ida était Eustache, et c'est ce dernier qui devait hériter du comté de Boulogne. C'est ce que dit formellement Guillaume de Malmesbury, t. IV, p. 143:

« Ida ergo... magnis spebus ad comitatum Lotharingorum petendum filium Godefridum erexit, nàmque seniori filio Eustachio haereditas paterna obligerat. » N'est-ce même pas pour cela qu'on avait donné à ce dernier le prénom de ses aïeux ?

M. Hédouin triomphe surtout de l'opinion de Guillaume de Tyr, liv. IX : « Godefridus oriundus fuit de regno Francorum, de Remensi provincia, civitate Boloniensi, quae est secus mare anglicum sita »: Godefroid était originaire du royaume de France, de la province de Reims et de la ville de Boulogne, située sur le rivage de la mer d'Angleterre.

Ce témoignage rend complète, dit-il, la démonstration du fait de la naissance de Godefroid de Bouillon à Boulogne-sur-mer.

M. Bédouin perd de vue que le mot oriundus, originaire, constate, non pas la naissance proprement dite de Godefroid, mais son origine. Né accidentellement hors du comté, d'un prince français, il en était néanmoins originaire. C'est ainsi que l'on dit de Rubens, qui naquit à Cologne d'un père anversois, qu'il était originaire de la ville d'Anvers.

L'opinion de Guillaume de Tyr ne confirme donc en rien la thèse de M. Bédouin.

Passons à ses autres arguments, à ce qu'il appelle des preuves positives, parfaitement en harmonie avec toutes les vraisemblances.

On lit dans un manuscrit du prêtre Lulo, qui vivait au commencement du siècle dernier : « Les registres de la ville de Boulogne marquent un lieu où Godefroid, surnommé de Bouillon, est né; c'est dans l'endroit où sont aujourd'hui les boucheries de la ville, au-dessous du beffroi, où était autrefois le palais des comtes. »

L'opinion de Luto, savant très-laborieux, mort en 1746, mérite d'autant plus de confiance, dit M. Bédouin, qu'il avait feuilleté les archives de Boulogne, et que c'est dans les registres qui les composaient qu'il avait copié les détails que fournit son manuscrit (II est fort étrange, dit avec raison Mgr De Ram, dans sa note de 1857, que le P. Lequien, natif de Boulogne-sur-mer, mort en 1733, n'ait pas connu ces registres! ou n'en fasse pas mention dans son Abrégé de l'histoire de Boulogne-sur-mer et de ses comtés, imprimé en tête du Commentaire de Leroy de Lozembrune sur les coutumes de la sénéchaussée du Boulenois.).

M. Bédouin poursuit : « En outre, dans un manuscrit de 1650, provenant de la bibliothèque de notre modeste et laborieux compatriote Benry, et dont l'auteur est inconnu, on lit ce passage confirmatif du fait énoncé par Luto: « Aucun disent que Ide, la mère de Godefroid, accoucha en la ville de Boulogne, en l'hôtel de ville (M. Hédouin assure qu'antérieurement à l'an 1231 le palais des comtes de Boulogne existait sur le terrain de l'hôtel de ville actuel, et était bien certainement la résidence d'Eustache-aux-grenons, père de Godefroid) qui est sur la place, et auquel on a élevé un beffroi ou clocher pour servir à ladite ville pour les découvertes; autres qu'il est né dans le bâtiment vis-à-vis, qui a été depuis dédié en abbaye nommée Saint-Wulmer. »

Voilà donc les preuves positives de M. Hédouin : deux traditions contradictoires, consignées dans les manuscrits du siècle dernier, et le témoignage de Guillaume de Tyr !

Ce dernier témoignage, nous l'avons réduit à sa véritable valeur; quant à la tradition constatée au XVIIIe siècle par M. Luto et son acolyte inconnu, n'est-elle pas bien faible, bien suspecte et bien intéressée ?

Bien faible, car une tradition n'est respectable que lorsqu'elle remonte à un temps immémorial, et se trouve constatée d'âge en âge par des témoignages irrécusables.

Bien suspecte et bien intéressée. En effet, l'idée de s'attribuer la paternité de celui que la voix publique et populaire s'obstine à appeler le chef de la première croisade, le roi de Jérusalem, quoiqu'il n'ait été ni l'un ni l'autre, ne devait-elle pas venir naturellement à l'esprit de ceux qu'avaient gouvernés ses ancêtres et de la ville qui lui devait des reliques précieuses, souvenirs de sa piété et de sa bienveillance ?

Cette tradition se forma naturellement, et découla logiquement de l'enchaînement des faits qui se rapportaient à la famille à laquelle appartenait Godefroid; mais, suspecte et intéressée elle ne mérite pas d'être accueillie sans réserve.

Source : Godefroid de Bouillon à Boulogne-sur-Mer par Alexis-Guillaume-Charles-Prosper de Hody (baron) 1863.

photo pour Hôtel de Ville de Boulogne sur Mer

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 161840
  • item : Hôtel de Ville de Boulogne sur Mer
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • pas de calais
    • boulogne sur mer
  • Adresse : place Godefroy de Bouillon
  • Code INSEE commune : 62160
  • Code postal de la commune : 62200
  • Ordre dans la liste : 35
  • Nom commun de la construction : 3 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • hôtel
    • hôtel de ville
    • ville
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Année : 1734
  • Enquête : 1982
  • Date de versement : 1990/03/23

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 3 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • calcaire
    • brique
    • appareil mixte
  • Couverture : On remarque 7 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • croupe
    • terrasse
    • pignon couvert
    • toit à longs pans brisés
    • pignon
    • toit
  • Materiaux (de couverture) : 2 types de matériaux de couverture entrent en jeux dans le couvrement de cet ensemble
    • ardoise
    • zinc en couverture
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages : 3 types d'étages mentionés :
    • sous-sol
    • étage de comble
    • 3 étages carrés
  • Escaliers : 5 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier de distribution extérieur
    • escalier droit
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier en équerre
    • escalier de distribution
  • Décoration de l'édifice : 3 formes de décor sont présentes :
    • ferronnerie
    • peinture
    • sculpture
  • Ornementation : 3 motifs orenementaux on été relevés :
    • armoiries
    • figure allégorique profane
    • ornement architectural
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • Plan Type 'plan régulier'

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • PArtie constituante relevée : cour
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 6 informations diverses sont disponibles :
    • armes de la ville proprié

    • inventaire gé
    • publique ©
    • ral

  • Photo : f4cc662a5a3a49b12672d1b4322e3f53.jpg
  • Auteur de l'enquête MH : Rougier Michèle
  • Référence Mérimée : IA00059443

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