Eglise Notre-Dame de Boulogne

L'église Notre-Dame de Boulogne (rue du Parvis-Notre-Dame et rue de Lille, haute ville) est un édifice du style gréco-romain, récemment élevé, sous la direction et d'après les plans de Mgr Haffreingue, chef d'institution, sur l'emplacement qu'occupaient, avant la Révolution, l'ancienne cathédrale de Boulogne, et, précédemment encore, une église fondée, dit-on, au VIIe siècle par le roi Clotaire II. Commencée en 1827 par la chapelle absidale, et encore inachevée à l'intérieur, l'église actuelle a été entièrement construite à l'aide de dons particuliers. Elle offre, dans son ensemble et dans ses détails, un caractère frappant d'élégance et d'originalité.

La façade principale, précédée d'un perron de 9 marches, se compose, au rez-de-chaussée, d'un portail sans ornements, accosté de deux portes précédées chacune d'un petit péristyle d'ordre dorique; au-dessus, un ordre de pilastres toscans encadre des baies à plein cintre. A droite et à gauche, s'élèvent deux tours carrées, surmontées de coupoles. Au delà de la croisée, se dresse un dôme élancé, composé de trois étages en retraite, le premier aveugle, le second décoré d'une belle colonnade d'ordre corinthien, et le troisième offrant, entre ses baies cintrées, d'élégantes colonnettes accouplées. La coupole, percée de jours en forme de croix et d'étoiles rayonnantes, est surmontée d'une lanterne à jour qui renferme une statue colossale de la Vierge Immaculée, par Bonnassieux. La croix qui domine cette coupole atteint 200 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer. De la lanterne et même des toits en terrasse de l'église, on jouit d'un magnifique point de vue sur tout le pays environnant et sur la mer jusqu'aux côtes de l'Angleterre. A l'intérieur, l'édifice forme une croix latine et comprend une nef principale avec doubles collatéraux de chaque côté, un transsept sans bas côtés, six chapelles qui servent, avec la nef principale et l'abside, de points d'appui au dôme, et une chapelle absidale, dédiée plus particulièrement à Notre-Dame de Boulogne. Des colonnes élancées ornent la grande nef, dont la voûte, ajourée à chaque travée, laisse apercevoir une seconde voûte plus élevée, peinte en bleu et décorée de sujets tirés de l'Apocalypse. L'intérieur du dôme est orné de statues en pierre, par M. C. Laurent. Les six chapelles du rond-point (fresques de M. Ch. Soulacroix) sont dédiées aux principaux mystères de la vie de la Vierge. La chapelle absidale, richement décorée, renferme, au milieu de nombreux ex-voto, la statue de Notre-Dame de Boulogne, mais ce n'est plus la Vierge noire qui attirait autrefois en ce lieu un nombre incalculable de pèlerins, et dont l'origine est ainsi racontée par Antoine Le Roy, chanoine, officiai et archidiacre de l'église de Boulogne au XVIIe siècle :

« L'an 633, ou 636 selon quelques-uns, sous le régne du roi Dagobert, arriva au port de Boulogne un vaisseau sans matelots et sans rames, que la mer, par un calme extraordinaire, semblait vouloir respecter. Une lumière qui brillait sur ce vaisseau fut comme le signal qui fit accourir plusieurs personnes, pour voir ce qu'il contenait. L'on y aperçut une Image de la Sainte Vierge, faite de bois en relief, d'une excellente sculpture, d'environ trois pieds et demi de hauteur, tenant Jésus enfant sur son bras gauche. Tandis que la nouveauté de ce spectacle ravissait ceux qu'une sainte curiosité avait attirés sur ce rivage, la Sainte Vierge ne causa pas de moindres charmes dans les coeurs du reste du peuple, qui était, pour lors, assemblé dans une chapelle de la ville haute, pour y faire ses prières accoutumées. Car, s'apparaissant à eux visiblement, elle les avertit que les anges, par un ordre secret de la providence de Dieu, avait conduit un vaisseau à leur rade, où l'on trouverait son image. Elle leur ordonna de l'aller prendre et de la placer ensuite dans cette chapelle, comme étant le lieu qu'elle s'était choisi et destiné, pour y recevoir à perpétuité les effets et les témoignages d'un culte tout particulier »

Enlevée par les Anglais en 1544. rendue par eux en 1550, jetée dans un puits par les protestants, en 1567, retrouvée, puis replacée sur son autel en 1630, la statue de Notre-Dame de Boulogne fut brûlée sur la place Godefroi de Bouillon, en face de l'hôtel de ville, le 28 décembre 1793, sur l'ordre et en présence du représentant du peuple, André Dumont. La main droite de cette antique statue a seule été sauvée; elle est aujourd'hui renfermée dans un cœur de vermeil suspendu au cou de la nouvelle image. Depuis 1853, des pèlerinages solennels à Notre-Dame de Boulogne ont été réorganisés et attirent chaque année dans cette ville, pendant la dernière quinzaine du mois d'août, une foule considérable venue non-seulement des villes voisines, de tous les points du Pas-de-Calais et des départements limitrophes, mais aussi de Paris, de Boulogne-sur-Seine (qui reçut ce nom dès 1320, en l'honneur de Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer), de Chartres, de la Belgique et de l'Angleterre. Parmi les fêtes religieuses auxquelles donnent lieu ces pèlerinages, Boulogne conserve, en particulier, le souvenir d'une splendide procession qui eut lieu le 30 août 1857, pour l'inauguration de la statue colossale du dôme, et qui fut présidée par onze évêques ou archevêques et par un cardinal.

La chapelle de Notre-Dame de Boulogne et le rond-point sont seuls ouverts au culte en temps ordinaire; la nef et le reste de l'église, encore occupés par les ouvriers, ne sont mis à la disposition des fidèles que pendant la durée des pèlerinages publics. Lorsque sa décoration intérieure sera achevée et qu'il sera tout entier livré au culte, l'édifice recevra un maître autel d'un prix incomparable, exécuté à Rome par l'ordre du prince Alexandre Torlonia, pour remplir les intentions de son frère défunt, le commandeur Ch. Torlonia. « Les marbres les plus précieux et les plus rares, les mosaïques les plus fines et les bronzes les mieux travaillés ont été employés avec art pour faire de cette œuvre un monument qui soit sans égal dans le monde. » Les figures de Jésus-Christ, de la Vierge, des Évangélistes et de quatre Docteurs ornent cet autel, dont le tabernacle représente l'arc de triomphe de Constantin, qui s'élève sur le Forum romain, près du Colysée.

Sous l'église Notre-Dame s'étend une crypte, que l'on peut visiter moyennant une faible rétribution employée à couvrir en partie les frais de construction de l'église supérieure ; l'escalier qui y conduit est situé dans l'angle formé par le transsept sud et le collatéral du chœur. Cette crypte embrasse toute l'étendue de l'église d'en haut, mais elle n'en a point la régularité; « car, pour ne pas compromettre la solidité du monument principal, on a dû diviser en de nombreux compartiments les diverses salles qui la composent. Presque partout on retrouve le pied des murs de l'église précédente, ce qui permet d'en observer l'architecture et la distribution.» Dans aucune des parties de la crypte, il n'existe de voûtes anciennes; toutes ont été faites par Mgr Haffreingue, avant que les terres et les décombres eussent été déblayés.

Pour guider plus facilement le visiteur dans ce dédale multiple, M. l'abbé Haigneré, archiviste de la ville de Boulogne, qui a publié une Notice archéologique, historique et descriptive sur la crypte de Notre-Dame de Boulogne, la divise en neuf parties principales, dont deux seulement sont des cryptes anciennes proprement dites, savoir:

  • La crypte centrale, sous les deux travées du chœur actuel, découverte en 1827. Elle parait dater du XIIe siècle et avoir été comblée vers le XIVe. Les colonnes, entièrement peintes conformément à l'ancienne décoration dont on a retrouvé quelques vestiges, offrent des bases et des chapiteaux du XIIe siècle. Sur les murs a été figurée l'histoire de l'Apparition de Notre-Dame de Boulogne.
  • La crypte latérale du Nord (sous l'aile nord du chœur, le bas côté correspondant et une partie du dôme), fort ancienne aussi. Divisée en plusieurs compartiments par des massifs de maçonnerie, elle a conservé d'anciennes peintures murales, qui ont été restaurées et complétées. Ces peintures imitent une balustrade ogivale au-dessus de laquelle est une série de petits tableaux dont l'un (le seul qui soit complet) représente saint Paul, à ce que l'on croit. Des vestiges de peintures plus anciennes, formant des carrés de 16 centimètres de hauteur sur 25 de base, se font encore remarquer en quelques endroits.

Les autres divisions de la crypte sont toutes consacrées à représenter, en grisailles, les mystères de la Vie de la Vierge, de la Passion, et de la Résurrection de Jésus-Christ, et à donner, au moyen des portraits des principaux papes, rois ou empereurs, et des saints les plus influents qui ont brillé dans chaque siècle, une sorte de résumé de l'Histoire de l'Église depuis le Ier siècle jusqu'à nos jours.

Dans l'une des chapelles latérales de la crypte, sont réunies des antiquités gallo-romaines, romano-byzantines et ogivales, découvertes dans les débris de l'ancienne cathédrale. Nous y signalerons: un fragment de torse d'une statue militaire, une inscription indéchiffrable, un chapiteau dorique du IIIe ou du IVe siècle, et quelques autres fragments retrouvés à une très-grande profondeur, dans les ruines d'un édifice gallo-romain (20 mètres de longueur sur 10 de largeur), qui s'étendait sous la nef centrale et l'aile sud, dans un plan oblique à l'axe de l'église. M. l'abbé Haigneré croit que cet édifice est un ancien temple païen, détruit par un incendie. A tous ces débris sont joints quelques boulets en fer lancés par les Anglais contre l'église, pendant le siège de 1544, et recueillis dans les décombres de la nef. Plus loin sont des pierres tumulaires, des sarcophages en pierre du pays et quelques autres curiosités. Outre les objets que nous avons signalés, on remarque encore, dans diverses parties de la crypte, des sépultures renfermant, ainsi que le constatent les inscriptions dont elles sont accompagnées, les restes de personnes inhumées dans l'ancienne église ou dans sa crypte et dont les ossements ont été retrouvés lors des derniers travaux.

L'ancien évêché, construction du XVIIe et du XVIIIe siècle, situé à côté de Notre-Dame, est occupé aujourd'hui par l'institution libre de Mgr Haffreingue. Les anciens salons sont bien conservés; on y remarque les portraits authentiques des douze évêques qui occupèrent le siége de Boulogne. Pendant le camp de Boulogne (1804), l'évêché fut la résidence du maréchal Ney. Les jardins ont été transformés en cours de récréation pour l'institution, qui compte plus de 200 élèves et qui possède une riche bibliothèque.

Source : De Paris à Boulogne par Eugène Pénel 1866.

photo pour Eglise Notre-Dame de Boulogne

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101459
  • item : Eglise Notre-Dame de Boulogne
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • pas de calais
    • boulogne sur mer
  • Adresse : rue de lille 62200 boulogne sur mer
  • Lieu dit : Parvis-Notre-Dame, haute ville
  • Code INSEE commune : 62160
  • Code postal de la commune : 62200
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • église
    • immeuble
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 2e quart 19e siècle
    • 19e siècle
  • Date d'enquête : 2012/03/30

Construction, architecture et style

  • Auteur : webmaster
  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre :

    Edifice du style gréco-romain, récemment élevé.

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Eléments remarquables : chapelle ; perron ; tour ; coupole ; statue ; crypte
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué
  • Photo : 4c33fb0f4d5c77e1c7d0bb44280422b3.jpg

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