Eglise Saint-Pierre

Audinghen est situé sur la pointe du Grinez, entre Audresselles et Tardinghen. Il forme un plateau qui s'appuie à la mer par des côtes escarpées, sans cesse battues par les vagues et rongées par les flots, où l'on distingue plusieurs échancrures vulgairement appelées Cren. On y distingue le Cren-Mademoiselle, le Cren Poulet, le Cren-az-Œufs, le Cren-Barbier, etc. La première mention historique d'Audinghen, est celle qui se trouve dans la vie de Saint-Bertulphe, à propos d'un Breton nommé Electus, qui était venu dérober le corps de ce saint abbé pour le transporter en Angleterre, et qui l'avait caché dans le village d'Otidigem ou Otidinghem. Il avait dérobé de même, dans l'église de Montreuil, le corps de saint Gudwal. Arnoul de Flandre l'ayant su, envoya l'évêque de Thérouanne Witfrid à la recherche de ces saintes reliques, puis il les fit transporter à Gand, pour les y conserver avec plus de sûreté en 940.

Eglise Saint-Pierre à Audinghen

Le nom d'Audinghen se retrouve plus tard dans la chronique d'Andres, où nous avons déjà vu, en 1084, Guillaume de Odingehem, cité pour des libéralités qu'il fit avec ses enfants, en faveur de l'abbaye, dans la paroisse de Campagne. Cet établissement religieux possédait, en outre, un moulin dans la paroisse de Odingahem, dont le donateur, avant 1091, n'est pas indiqué.

Haket de Odinghem ou de Hodingehem, comparaît comme témoin dans deux chartes de la comtesse Ide de Boulogne, de 1183 et 1186.

En 1224, l'abbaye de Licques y possédait une dîme, decimam in parochia de Hodingehem, dont elle jouissait encore en 1790. En 1226, Pierre de Odingehem, chevalier, prétendait que l'église d'Audinghen, cela veut dire le patronage avec les émoluments du personat, lui appartenait à l'encontre de l'évêque de Thérouanne. Une sentence arbitrale, prononcée le 17 octobre par les abbés de Notre-Dame de Boulogne, de Samer et de Saint-Wulmer, prononça que l'église appartenait à l'évêque. Plus tard, mais je ne saurais dire à quelle époque, ce patronage échut à Notre Dame de Boulogne, pour faire de nouveau retour à l'évêque en 1570. Le chapitre de cette ville y conserva, jusqu'à la Révolution, des dîmes, des censives et même quelques fiefs, dont il avait hérité de la même abbaye, qui y avait des terres et des hôtes en 1208, et même probablement dès l'an 1129.

En 1255, l'abbé de Notre-Dame de Boulogne suppliait le comte de Poitiers, Alphonse de France, frère de Saint-Louis, de vouloir bien délivrer à l'abbaye la somme qu'il lui avait promise pour la fondation d'un cierge. On comptait sur cet argent pour payer une terre de douze livrées qu'on venait d'acquérir à Odingaehem.

L'église d'Audinghen est (NdW : était) un édifice assez considérable, avec une tour octogonale assise sur la croisée du chœur et des transepts. C'est un édifice dont il est difficile de déterminer le caractère, à cause des nombreuses réparations qu'on lui a fait subir. Il mesure 43 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur. Les transepts présentent un développement de 25 mètres. Dans une notice publiée en 1839 par la Gazette de Flandre et d'Artois, M. l'abbé Parenty attribuait au XIVe siècle la construction de la partie la plus ancienne de l'église d'Audinghen. Plus tard, le docte antiquaire s'est ravisé ; et une note prise par lui sur les lieux le 19 septembre 1850, dit que le chœur est du XVIe siècle ; mais qu'il y a quelques traces du style roman de transition dans l'intérieur du campanile, au-dessus de la voûte du clocher.

Eglise Saint-Pierre à Audinghen

On y remarque, au dehors, des restes de machicoulis. C'est que cette tour et cette église étaient une forteresse, dans laquelle la population d'Audinghen fut prise d'assaut et inhumainement égorgée par les bandes anglaises qui couraient le pays, durant les guerres du XVIe siècle. La tradition locale a gardé le souvenir de cet événement mais en voici le récit authentique d'après le manuscrit n° 52 de la bibliothèque de Lille

« Les Anglois sont ung jour allet environ deux mille hommes de pied, et trois ou quatre cent chevaulx avec artillerie, assiéget l'église de Audinghem, en laquelle y avoit environ quatre-vingtz et huict hommes boullenisiens, laboureurs et gens du village, et est entre Boullongne et Callais, à trois liewes de Boullongnes ; ils se sont vaillamment déffendu plus de six heures, tellement qu'ils tuèrent ung gentilhomme anglois, et plusieurs aultres ; en la fin, ils se rendirent la vie saulve, les Anglois les ont pilliés et tous despouilliés, puis les cappittainnes ont dit Messieurs, quant à nous, qui vous avons prins à merchi, nous vous laissons la vie saulve, mais quant aux gens de guerre nous ne nous en meslons point. Tellement que le bruict court en ceste ville de Saint-Omer, que les piettons entrèrent dedens icelle église et tuèrent tous ces povres paisans sans en eschaper ung seul aulcunes femmes entrèrent par une verrière pensant saulver leurs maris et enffans, mais autant qu'il y en entra furent touttes tuées ; quatre prebstres estans là dedens, ils leurs coppèrent les doibz sacrez et les coronnes, puis après les gorges. La fureur est si grande les ungz contre les aultres que c'est horreur d'en ouyr parler. »

Presque toutes ces expéditions étaient faites par la garnison de Guingnes, qui avait ordre de tout tuer, « hommes femmes enfants ; » et dont les soldats prenaient plaisir à torturer leurs prisonniers en leur tirant « les langues hors des corps, pour les renvoyer ensuite. Ils avaient pris un jour quatorze femmes qu'ils avaient tuées à l'exception d'une qui était enceinte ; mais la consigne était si sévère que l'Anglais qui se rendit coupable de cet acte d'humanité, « fut pendu sur le marché de Guingnes. » On jugera par là du reste. Le siège de l'église d'Audinghen, dont je viens de parler, dut avoir lieu au mois de février ; car la lettre du narrateur, qui en parle comme d'un fait récent, est datée du 7 mars 1543, et encore faut-il observer que ce chiffre désigne l'année 1544, parce qu'on était alors avant Pâques.

Eglise Saint-Pierre à Audinghen

Ce fut, à n'en pas douter, l'église actuelle (NdW : ancienne église, pas celle de cette fiche) qui en fut le théâtre et qui en souffrit les conséquences, ayant été incendiée en partie et dévastée par un ennemi sans pudeur. On la repara comme on put ; le peuple était pauvre et le clergé manquait de ressources. Dans les années qui suivirent, et presque durant un siècle, la cure d'Audinghen fut en commende. Le dernier de ses curés commendataires mérite d'être ici nommé c'était Noël Gantois chanoine, archidiacre et grand vicaire de Boulogne. Plus tard, au XVIIIe siècle, un curé d'Audinghen, qui était du diocèse d'Amiens et gradué en théologie, Jacques Ringot, installé le 13 juillet 1730, fut commissionné doyen du district de Wissant le 19 juin 1740, et devint curé de Samer en 1745.

La seigneurie d'Audinghen appartenait dans le dernier siècle à la famille Du Wicquet d'Ordre qui paraissait la tenir comme une dépendance directe de la baronnie de ce nom. C'était le plus beau fleuron de leur couronne féodale ; car aucune paroisse n'était aussi florissante, à cette époque, sous le rapport de l'agriculture.

Ce village, qui compte aujourd'hui une population de 625 habitants (NdW : notice écrite en 1873-1883) sur une étendue territoriale de 1333 hectares, avait 132 feux en 1789 et il envoya à l'assemblée électorale de Boulogne deux délégués, qui furent Antoine Daudruy, et Charles Hamerel. Ce dernier fut l'un des quatre citoyens que les électeurs du district de Boulogne envoyèrent le 30 juin 1790 à Arras, pour y former avec les élus des autres districts, l'administration départementale. Quant à son collègue, il eut un sort bien différent car Jean-Jacques Daudruy, son frère, ayant été arrêté pour avoir dit dans un cabaret « buvons à la santé de la nation et du Roi », et s'être écrié deux fois en pleine rue, « Vive le Roi », fut guillotiné à Arras le 29 frimaire an II (19 décembre 1793). Cette famille Daudruy est connue dans l'histoire du Boulonnais pour avoir donné à la judicature plusieurs magistrats et à l'Eglise plusieurs sujets, entre autres Maxime-Joseph, né à Boulogne, institué prieur de Rumilly le 14 septembre 1718, mort prématurément en 1734.

Au sortir de la tourmente révolutionnaire, Audinghen se distingua comme centre de la réaction religieuse dans le Boulonnais. M. Antoine-Marie Compiègne, qui y rentra clandestinement la veille de Noël de l'an 1795, avec le titre de missionnaire, y fonda, quelques années après, dans le dépendances du presbytère, un pensionnat dont M. Delrue, réfugié a Warincthun depuis sa déconvenue de Wimille, devint le premier professeur. A M. Antoine-Marie Compiègne, que Mgr de La Tour d'Auvergne appela à Arras en 1806 pour être le supérieur de son Grand-séminaire, succéda son cousin, M. Louis-Michel Compiègne, en qualité tout à la fois de directeur du pensionnat et de desservant de la paroisse ; puis ce fut son frère, Jacques-Marie-Louis-Jean-Baptiste, élève du séminaire des Trente-Trois, ancien vicaire de Saint-Nicolas de Boulogne. Le décret du 15 novembre 1811 sur le régime de l'Université l'ayant forcé de transférer son pensionnat à Boulogne, il y mourut le 19 juillet 1816, après l'avoir remis entre les mains de celui qui fut Mgr Haffreingue, à qui le village d'Audinghen s'honorera éternellement d'avoir donné naissance, le 4 juillet 1785.

Source : Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais par la commission départementale des monuments historiques

De nos jours

Après les destructions dues à la Seconde guerre mondiale, la reconstruction de l'ensemble des bâtiments communaux fut dévolue à l'architecte Roger Porte puis, en 1950, à Alexandre Colladant. En 1954, l'avant-projet présentant une église radicalement moderne est accepté.

Exploitant les possibilités structurelles du béton armé, le projet se distingue par un plan inédit et la mise en relation entre architecture et arts plastiques. Le presbytère et l'église sont mis en chantier en 1959. Le revêtement en carrelage bleu et blanc de la toiture couvrant la nef a disparu. La totalité des pavés de verre du baptistère a été remplacée par de grandes glaces en verre armé.

Source : Ministère de la culture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 161877
  • item : Eglise Saint-Pierre
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Audinghen
  • Adresse : rue Principale
  • Code INSEE commune : 62054
  • Code postal de la commune : 62179
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 20e siècle
    • 3e quart 20e siècle
  • Année : 1960
  • Type d'enregistrement : site classé
  • Date de protection : 2006/05/02 : inscrit MH
  • Date de versement : 2007/07/17

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'peinture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune © monuments historiques
  • Détails : L' église en totalité (cad. AH 122) : inscription par arrêté du 2 mai 2006
  • Référence Mérimée : PA62000064

photo : joel.herbez

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