photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Le jardin de Monceau, dit aussi de Monceaux, dont l'entrée se trouve au n° 4 de la rue de Chartres-du-Roule. Ce délicieux jardin a été créé en 1778 par le duc d'Orléans, père du roi Louis-Philippe Ier, alors duc de Chartres, sur l'emplacement d'un quartier qui portait le nom de Petite-Pologne. Le pavillon et le parc ont été élevés et tracés sur les dessins de Carmontel; les sommes énormes que le prince dépensa pour les constructions et embellissements firent donner à cette coquette maison de plaisance le nom de Folies de Chartres. Rien de tout ce qui peut contribuer à embellir un jardin anglais ne fut épargné : ou y voyait tout ce que l'imagination peut enfanter de merveilleux : des ruines grecques et gothiques, des tombeaux, un ancien fort à créneaux, des obélisques, des pagodes, des kiosques, des serres chaudes formant un agréable jardin d'hiver, éclairé le soir par des lanternes en cristal suspendues aux rameaux des arbres ; des grottes, des rochers, un ruisseau avec son ile, un moulin avec l'habitation rustique du meunier, des cascades, une laiterie, des balançoires, des jeux de bagues, etc., etc., disséminés çà et là au milieu d'un terrain accidenté où croissaient des arbres indigènes et exotiques de toute beauté. L'abbé Delille, dans son poème, en parlant des jardins où l'art fait régner le printemps même au milieu des frimas, cite Monceau pour modèle:
J'en atteste, à Monceau, tes jardins toujours verts;
Là, des arbres absents les tiges imitées,
Les magnifiques berceaux, tes grottes enchantées,
Tout vous charme à la fois. Là, bravant les saisons,
La rose apprend à naître au milieu des glaçons;
Et les temps, les climats, vaincus par des prodiges,
Semblent de la féerie épuiser les prodiges.
Le 16 floréal an II (mai 1794), la convention nationale décréta que Monceau ne serait point vendu, mais entretenu pour être affecté à divers établissements ; il fut alors exploité comme jardin public, ainsi que Tivoli, Beaujon, Marbœùf, etc. Napoléon, à son avènement au trône impérial, en fit cadeau à l'archicnancelier Cambacérès; mais celui-ci trouvant que l'agrément de cette propriété ne compensait point la dépense que nécessitait son entretien, la rendit quatre ou cinq ans après au donateur. Napoléon réunit alors Monceau à son domaine particulier. En 1814, Louis XVIII rendit cette propriété au duc d'Orléans.
Le parc de Monceau est le seul parc qui existe dans Paris. Lors de sa construction, il était sur le territoire du village de Monceau, dont il a pris le nom, et ce n'est que depuis la construction des murs de clôture, qu'il se trouve compris dans l'enceinte de la capitale ; mais, afin que ce mur d'enceinte ne privât pas de la vue des campagnes environnantes, le mur a été bâti dans le fond d'un vaste fossé. Malgré les changements qu'il a subis lors de ses diverses transformations, le parc de Monceau est resté un des plus délicieux jardins qu'il soit possible de créer ; la plupart des fabriques dont il était décoré ont disparu, mais il a conservé ses sites romantiques, son ruisseau, ses gazons et ses beaux ombrages. Du sommet d'un coteau que couronne un pavillon gothique, on domine une grande étendue de pays, qui n'a de bornes que l'horizon; on découvre successivement Montmartre, Belleville, l'Observatoire, Vanvres, Issy, Meudon, Bellevue, Sèvres, St-Cloud, l'arc de triomphe de l'Etoile, le mont Valérien, les hauteurs de Marly et de St-Germain, et les flèches de l'antique abbaye de St. Denis.
Le parc de Monceau est la propriété de Sa Majesté Louis-Philippe Ier, qui en accorde l'entrée tous les jeudis, dans la belle saison, aux personnes munies d'un billet que l'on refuse rarement aux sociétés qui en adressent la demande à l'intendant des domaines du roi au Palais-Royal.
M. de la Fosse a publié dix-sept vues du parc de Monceau avec les explications. Une description très-détaillée de toutes les merveilles qu'il renfermait se trouve dans le premier volume du Voyageur à Paris, par Thiéry, p. 61 et suivantes.
Source : Les quarante-huit quartiers de Paris: biographie historique, archéologique par Girault de Saint-Fargeau 1850.
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies