La rue Mazarine

Le Collége des Quatre-Nations et son Pourtour, Les Comédiens du Roi, L'Eau-de-Jouvence, Mlle Dubois, Mlle Hus, Les Jeux-de-Paume, Barbaroux, La Botte-de-Paille.

Derrière là tour de Nesle était la petite rue de Nesle et plus loin la rue des Fossés. La construction du collège Mazarin, en 1662, à la place de la tour de Nesle et du fossé, a donné lieu d'appliquer aux deux rues la dénomination de rue Mazarini, au siècle suivant Mazarine. Le nom de Traversine, qu'avait aussi porté l'ancienne rue de Nesle, est resté plus longtemps à l'extrémité qui s'en est détachée, de l'autre côté de la rue de Seine, c'est-à-dire derrière le pavillon monumental où Jean Jouvenet eut un logement sous Louis XIV, comme Horace Vernef de nos jours.

La bibliothèque léguée par le cardinal Mazarin à son collège a été mise, bien avant celle du roi, à la disposition du public. Le testament ajoutait à ce don 2 millions, consacrés à l'édification, et 45,000 livres de rente. Le fondateur n'avait pas moins en vue une académie qu'un collège, en appelant soixante fils de gentilshommes ou de bourgeois notables de Pignerol, de l'Etat ecclésiastique, d'Alsace, des Flandres et du Roussillon, c'est-à-dire de quatre nations, à y recevoir l'éducation la plus complète. Mais l'université de Paris n'a adopté ce collège des Quatre-Nations, en 1674, et elle n'en a fait l'ouverture, à quatorze années de là, qu'en réduisant le nombre, des bourses à 30, en rayant du programme l'équitation et l'escrime, ainsi que la danse, et en restreignant l'enseignement au cercle des humanités. L'aîné mâle de la maison de Mazarin était le collateur des bourses ; mais Jules Mazarin, duc et pair, étant mort sans postérité masculine le 30 janvier 1738, cas prévu par le fondateur, c'est, à partir de là, le roi qui a nommé aux bourses, sur la présentation du secrétaire d'État au département de Paris. Du collège Mazarin dont le dernier grand-maître et principal était Bruget, la Révolution a fait un lieu de sûreté et le siège du comité de Salut public du département.

Depuis lors, le palais de l'Institut n'est pas autre.

Dans une reconnaissance censuelle, passée le 19 décembre 1701 par Pierre-Jean Le Chapellier, docteur de Sorbonne, grand-maître et principal du collège Mazarin, et Charles Thorel-Dalloz, docteur de Sorbonne, procureur audit collège, nous voyons figurer non-seulement le corps-d'hôtel dont la façade est sur le quai et dix maisons, dont sept rue Mazarine et trois en retour rue Guénégaud, mais encore six autres maisons qui se détachent de ce groupe, dont trois encore rue Mazarine et trois autres rue Guénégaud ; plus un emplacement de 968 toises, avec échoppes, écuries et remises, le tout étant dans la censive du roi, comme substitué à l'hôtel 'et aux fossés de Nesle. Et les dits sieurs reconnaissants s'obligent à faire insculper sur chacune des principales portes du collège, pour marque perpétuelle de ladite censive, une Feur-de-Lys en matière convenable.

Que si messieurs de la Sorbonne, en se mettant aux lieu et place des théatins, auxquels le cardinal avait voulu confier la direction de son collège, ont modifié les plans du fondateur, ils ont aussi fait plier des voisins sous le poids de leurs exigences.

Par leur crédit ont été congédiés, en 1688, les comédiens du roi, qui jouaient depuis seize ans rue Mazarine, en face de la rue Guénégaud : c'était la troupe de feu Molière, réunie à celle du Marais et puis à celle de l'hôtel de Bourgogne. Si Tartufe n'eût été qu'une satire dirigée contre les jésuites, la Sorbonne eût été ravie de la reprise de Tartufe sur le théâtre Guénégaud : elle inclinait beaucoup au jansénisme ! La salle de spectale avait été construite sur un jeu-de-paume pour les premiers essais de l'Opéra que Lulli avait établi rue de Vaugirard, en 1672, et au Palais-Royal l'année suivante. Une maison à porte cochère, vis-à-vis la rue Guénégaud, étant vendue en 1745 par Mlle Roux à Jean Rousseau, maître-maçon, il s'agit évidemment là de l'ancien théâtre, et ladite porte cochère se trouve remplacée en 1823 par l'entrée même du passage du Pont-Neuf. Au moment de la fermeture de ce spectacle, une des maisons du collège a été habitée par l'abbé Fayolles, qui pratiquait la médecine. Une autre propriété, que nous croyons le n° 50, appartenait à Bourdelin, qui en avait une autre soit à côté, soit par-derrière, car elle tenait d'autre part à De Riencourt et à Moralloz. Ce Bourdelin était apothicaire du roi, à l'enseigne de l'Eau-de-Jouvence : les apothicaires ne craignaient pas de qualifier pareillement, afin d'en dorer la pilule, l'eau chaude à la graine de lin qu'ils distribuaient hydrauliquement à domicile. Simon de Riencourt était le premier rhari de Marie-Anne de Troisvalets, qui se sépara de biens d'avec le second, Réné de Rieux, sieur de la Roche.

La translation de la Comédie-Française dans la rue de l'Ancienne-Comédie n'empêchait pas les gens du théâtre d'habiter la rue Mazarine, qui en était restée voisine. Par exemple, vers la fin de l'année 1762, Mlle Dubois réside au 52, ou bien au 54.

Fontaine, receveur-général des finances, passe pour le protecteur de cette actrice ; mais elle est exigeante, et sans l'ambassadeur d'Espagne, qui se laisse lestement soutirer 6,000 livres, elle ne trouverait pas Fontaine assez généreux.

Mlle Hus, également des Français, demeure même rue, n° 18. Des relations diplomatiques avec le duc de Bedford, ministre plénipotentiaire, qui est alors à Fontainebleau avec la cour, n'empêchent pas Mlle Hus de recevoir encore les visites de Bertin, des Parties-Casuelles. D'ailleurs, en renouant avec elle, ce financier lui-même garde des ménagements ; il s'en cache, pour son propre compte, à cause d'un mariage projeté avec la charmante Mlle de Jumilhac, fille du gouverneur de la Bastille.

Un peu plus tard Mlle Desnoireterres, qui peint et qui dessine, et Demours, oculiste du roi, se fixent rue Mazarine. Quatre jeux-de-paume s'y soutiennent encore en ce temps-là, notamment ceux de Masson et de Bergeron, paulmiers du roi ; mais un seul y a son entrée principale, et ils donnent tous rue de Seine. Deux de ces sortes de cercles, où bien des habitués ne maniaient pas te raquette, ont été le jeu de paume de l'Aventure et celui des Trois-Canettes.

Le célèbre Barbaroux, que Mme Roland considérait, à cause de ses avantages extérieurs, comme l'Antinous des girondins, est venu à Paris avec les Marseillais, et il y a pris domicile au n° 20 de notre rue. La centralisation et l'unité administratives, aux yeux de Barbaroux, c'était le despotisme ; Robespierre, au contraire, faisait semblant d'y voir la plus sûre des garanties pour la liberté. Le XIXe siècle, à cet égard, finira par être de l'avis de tous les siècles précédents.

Reste au dossier de la rue Mazarine une note, que M. Rousseau n'a pas craint de prendre à notre intention sur le n° 49, dont les persiennes sont toujours fermées, et qui n'a cependant qu'une croisée par étage. Cette maison, amie du demi-jour, s'appelle depuis un demi-siècle la Botte-de-Paille, parce qu'un grainetier, qui l'habitait précédemment, arborait un échantillon de sa marchandise pour enseigne. La locataire actuelle en fait bien autant, mais le soir.

Source : Les anciennes maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison par Lefeuve 1875.

photo pour La rue Mazarine

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 169786
  • item : La rue Mazarine
  • Localisation :
    • Île-de-France
    • paris
    • paris 6eme arrondissement
  • Adresse : rue mazarine 75006 paris 6eme arrondissement
  • Code INSEE commune : 75106
  • Code postal de la commune : 75006
  • Ordre dans la liste : 0
  • Nom commun de la construction :
    • non communiqué
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué
  • Photo : 81dfff1570ef8590513ef4fea4516a82.jpg

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies