Institut de France

L'Institut de France (ancien Collège des Quatre-Nations) a été édifié en 1688 par l'architecte Louis Le Vau (1612-1670) d'après le testament du cardinal Mazarin (1602-1661)

En 1661, dans son testament et grâce à sa grande fortune, le cardinal Mazarin demande la fondation sous Louis XIV, d'un collège devant recevoir soixante gentilshommes des quatre nations réunies à l'obédience royale par les traités de Westphalie en 1648 et le traité des Pyrénées en 1659, qui sont : l'Artois, l'Alsace, Pignerol et le Roussillon (avec la Cerdagne). Colbert charge alors Louis Le Vau de dresser les plans du collège au niveau de la cour carrée du Louvre de l'autre côté de la Seine. Les travaux de construction s'étalèrent entre 1662 et 1688.

En 1796, le bâtiment accueille l'une des trois écoles centrales de Paris, sous le nom d’« École centrale des Quatre-Nations ». L’École est fermée en 1802, et en 1805, à la demande de Napoléon Ier, l'Institut de France s'installe dans le collège. Antoine Vaudoyer transforme la chapelle en salle pour les séances des académies.

Au XIXe siècle dans la deuxième cour une aile est ajoutée, reliant les deux pavillons existants. Elle est inaugurée en 1846 et prendra le nom de l'architecte qui l'a conçue Hippolyte Lebas. Elle abrite deux salles des séances de travail, utilisées pour les séances ordinaires des Académies. Le bâtiment est classé monument historique depuis 1862.

Source : Wikipédia

Histoire détaillée

Mazarin avait, en signant le traité des Pyrénées, couronné d'une manière à la fois heureuse et brillante l'une des vies politiques les plus pleines et les plus agitées. Il eut, sur ses derniers jours, une idée grande et utile, celle de rattacher au roi son maître et à la France, par les liens puissants de l'éducation, la jeunesse des provinces nouvellement conquises. De là la fondation du collège appelé des Quatre-Nations, parce qu'effectivement il était destiné à une jeunesse devenue française, bien qu'elle tirât son origine d'Italie, d'Allemagne, de Flandre et d'Espagne. C'est l'histoire de ce collège, connu indifféremment sous le nom de collège Mazarin ou de collège des Quatre-Nations, que nous donne aujourd'hui M. Francklin, dans un charmant petit volume de 205 pages, très-remplies et très-intéressantes. Le plan du livre est bien tracé. Des neuf chapitres qui le composent, le premier est consacré à la fondation de Mazarin. le second au choix de l'emplacement du collège, le troisième à sa construction, le quatrième à sa description, le cinquième à l'ouverture des classes, le sixième au personnel, le septième à l'organisation intérieure, le huitième à l'administration financière, et enfin le dernier raconte l'installation de l'Institut dans les bâtiments du célèbre collège. Ces différents chapitres, traités avec le soin et les développements qu'ils comportent, renferment, particulièrement pour tout ce qui se rattache à l'organisation intérieure, des détails entièrement nouveaux puisés à la source. c'est-à-dire dans les papiers mêmes du collège, actuellement conservés aux Archives de l'Empire. Voici, au reste, la manière vive et attachante dont l'auteur entre en matière :

« Le 6 février 1661, douze médecins se réunissaient dans une des salles du palais Mazarin, et le célèbre Guenaud se chargeait d'annoncer au cardinal le résultat de la consultation : c'était un arrêt de mort. Mazarin l'entendit avec calme. L'inquiétude des uns, la joie mal dissimulée des autres. tout lui avait fait comprendre déjà que le moment fatal approchait. Deux jours auparavant, une main restée inconnue avait semé dans sa chambre des lettres de faire-part préparées d'avance, et qui annonçaient son enterrement pour le 21 mars. Enfin, deux coïncidences assez remarquables n'avaient certainement pu échapper an ministre dont Richelieu avait été le constant modèle : Richelieu était mort à cinquante-huit ans, Mazarin les avait atteints ; Richelieu avait gouverné la France pendant dix-huit ans, Mazarin entrait dans la dix-huitième année de son ministère. La Providence allait le forcer à continuer jusqu'au bout son rôle d'imitateur. »

C'est donc à son lit de mort que Mazarin fait sa fondation. Dans l'acte qu'il en fait dresser, il dit que depuis longtemps il avait formé le dessein d'employer en oeuvres de piété et de charité une somme considérable prélevée sur les grands biens qu'il tient de la bonté divine et de la munificence du Roi ; que, dans ce but, il a songé à fonder un collège et une académie « pour l'instruction des enfants qui auraient pris naissance à Pignerolles, son territoire, et aux vallées y jointes ; aux provinces d'Alsace et aux pais d'Allemagne contigus ; en Flandres, en Artois, en Hainault et en Luxembourg ; en Roussillon, en Conflans et en Sardaigne. » (Lisez Cerdagne.) Ces pays avaient été unis à la France par les traités de Munster (1648) et des Pyrénées (1659), et Mazarin le rappelle dans l'acte avec un juste orgueil, puisque ce sont ses titres de gloire. Il insiste aussi avec raison sur l'utilité d'une telle institution, pour faire pénétrer plus rapidement dans ces pays nouveaux des sentiments français. Il veut que son collège ait soixante écoliers en tout : quinze de Pignerolles ou des États voisins, quinze d'Alsace, vingt de Flandre. Artois, Hainaut et Luxembourg, et dix de Roussillon, Conflents et Cerdagne. Il veut encore qu'il y soit joint une académie pour l'équitation et les armes, laquelle sera composée de quinze élèves. Tout sera gratuit, tant l'enseignement que l'entretien. La dotation, au reste, est magnifique ; car, non content des deux millions qu'il donne à prendre sur ses biens, somme qui représenterait aujourd'hui plus du quadruple, il y ajoute quarante-cinq mille livres de rentes sur la Ville, qui, à la vérité, n'en avait que quinze : vrai tiers consolidé, curieux à noter comme le premier en date. Enfin, il prie le Roi d'y joindre encore le revenu de l'abbaye de Saint-Michel-en-Herm, du diocèse de Luçon, dont il demande, à cet effet, la sécularisation. Les hauts personnages auxquels il confie le soin de veiller à l'accomplissement de son oeuvre. sont le premier président Lamoignon, le surintendant Fouquet, Le Tellier, l'évêque de Fréjus et Colbert.

Cet acte est du 6 mars 1661. Mazarin meurt le 9, et, dès le 20 du même mois, ses exécuteurs testamentaires s'assemhlent chez le premier président Lamoignon.

L'Institut de France (ancien Collège des Quatre-Nations) a été édifié en 1688 par l'architecte Louis Le Vau (1612-1670) d'après le testament du cardinal Mazarin (1602-1661)

Le choix de l'emplacement du nouveau collège fut soumis à des vicissitudes. On songea successivement à le mettre au collège Cardinal Le Moine, au Jardin des Plantes, et au Luxembourg. On se décida pour l'hôtel de Nesle, qui, se trouvant vis-à-vis du Louvre, permettait de faire du nouveau monument un ensemble décoratif en harmonie avec la belle façade qui s'élevait alors. Le collège Mazarin fut construit sur les plans de l'architecte Le Vau. Son devis, que M. Francklin regarde comme fort au-dessous de la vérité, s'élève cependant à la somme de 2,058,500 livres, y compris celle de 574,500 livres pour achat de terrain et expropriations. Au reste, une pièce que nous avons sous les yeux donne sur l'architecte des détails curieux et passablement compromettants cette pièce est intitulée : « Factum pour messieurs les Grand-maître et Procureur du collège Mazarin, contre M. le président Lambert et les sieurs Vitard et Gantier, se disant directeurs des créanciers de défunt Louis Le Vau, architecte des bâtiments du Roy et ordonnateur de ceux dudit collège ; et Jeanne Laisné, sa femme. » On y apprend que Le Vau fit en 1662 deux devis, l'un avec un sieur Lambert, architecte, pour la construction du Collège, de l'église et de la bibliothèque, l'autre avec un sieur Thoison, aussi architecte, pour la construction de seize maisons qui appartiendraient audit collège. Le prix de ce traité particulier fut de 100,000 écus, moyennant lesquels Thoison s'obligea à faire valoir et payer en son nom les loyers, au Collège, à raison de 15,000 livres par an, soit que les maisons fussent bâties ou non, et louées et habitées ou non, pendant les années 1665, 1666, 1667 et 1668. Lambert associa Thoison au collège, et réciproquement Thoison associa Lambert aux maisons. Les exécuteurs de la fondation avaient choisi pour trésorier le sieur Mariage. qualifié d'agent général des affaires de la Reine. Ils lui confièrent deux millions de livres pour subvenir à la dépense des bâtiments. Ils en nommèrent Le Vau ordonnateur, et le sieur Aubry contrôleur. Le trésorier Mariage devait payer les entrepreneurs sur des mandats de Le Vau, et ces mandats devaient être contrôlés. Mais il arriva que Le Vau, lancé dans une entreprise de forges en Nivernais, entreprise qui devint ruineuse, abusa de la confiance de Mariage au point de lui devoir, sur ses billets, une somme de 100,000 livres. Ceci se passait en 1666. Le 30 juillet 1668, Mariage fit faire commandement à Le Vau et à sa femme d'avoir à le satisfaire. Mais Le Vau mourut peu de temps après, et ses héritiers renoncèrent à sa succession.

Mazarin avait désiré que son collège fît partie du corps de l'Université, et cette clause de Pacte de la fondation occasionna deux modifications importantes au plan conçu par lui. En effet, l'Université, forcément consultée, ne voulut pas entendre parler de cette académie jointe au collège, bien que les lettres patentes du mois de juin 1665 l'eussent admise sans difficulté. Elle rejeta également pour le collège le patronage des religieux Théatins, que Mazarin, leur bienfaiteur, avait voulu lui assurer. On trouve dans le livre de M. Francklin le détail curieux de l'assemblée solennelle qui se tint aux Mathurins à ce sujet, le 12 décembre 1674, et dont Félibien a donné le procès-verbal.

Dans son chapitre V, M. Francklin dit qu'en 1672 les ouvriers travaillaient encore au pavillon de la bibliothèque et à la chapelle, et que toutes les autres constructions étaient terminées. Cependant l'ouverture du collège n'eut lieu qu'en 1688. Les lettres patentes, en forme de règlement, sont du mois de mars de cette année. Ce règlement contient quarante articles. Il porte qu'il y aura pour le gouvernement du Collège un Grand-maître, qui sera aussi Principal et pris parmi les docteurs de la Maison de Sorbonne, un procureur, un sous-principal, quatre sous-maîtres et un chapelain. L'enseignement comportait neuf classes, six humanités, deux de philosophie et une de mathématiques. Deux articles contiennent des dispositions sages sur l'égalité établie entre les élèves : « Les nobles seront préférez, pour la nomination, à ceux qui ne le seront pas, quoi qu'il n'y ait entre eux aucune distinction dans le collège, quand ils y auront été reçus. » (Art. 3.) « Le collège ne sera point distingué par nations, et il n'y aura d'autre différence entre les écoliers que l'âge et les classes. » (Art. 13.) L'âge d'admission était de dix à quinze ans.

Une bibliothèque était jointe au collège, c'était celle du Cardinal. Elle était ouverte au public deux jours par semaine. Le bibliothécaire recevait, du procureur du collège, 1000 livres par an comme fonds d'acquisitions. Les manuscrits en avaient été retirés et portés à la Bibliothèque du Roi. Un arrêt du conseil, du 25 juin 1668, ordonne qu'une somme de 17,248 livres sera payée pour cet objet aux exécuteurs de la fondation. Ce fut le 14 avril 1688 que les docteurs de la Maison de Sorbonne acceptèrent la direction du Collège qui leur avait été donnée par Mazarin, ainsi qu'on l'a vu plus haut.

L'article 1er du règlement dont on vient de parler, portait : « Le collège sera composé de soixante écoliers gentils-hommes ou enfants des principaux habitants vivants noblement dans les lieux ci-après nommez, sans que, sous quelque prétexte que ce soit, on puisse tenir d'autres pensionnaires dans ledit collège. » Malgré cette prescription si formelle, l'article fut violé. Nous en avons la preuve dans une lettre du ministre Maurepas au Grand maître du collège Mazarin, Robbe, lettre que nous reproduirons ici : « A Versailles, le 10 juillet 1737. M. le duc de Mazarin est, monsieur, disposé à donner sa nomination pour une place de pensionnaire au collège Mazarin, au sieur d‘Erzophy, d'une famille noble de Hongrie, et dont le père, qui est mort pendant la dernière guerre en Italie, était lieutenant-colonel du régiment de Ratsky ; mais comme vous pourriez faire difficulté de recevoir son fils, sous prétexte qu'il n'est point né dans aucune des provinces marquées par la fondation du collège Mazarin, Sa Majesté m'a ordonné de vous écrire que son intention est que cette circonstance n'y fasse oint d'obstacle, sans néanmoins tirer à conséquence. Je suis, monsieur très parfaitement à vous. Maunsras. »

Il paraît, par le livre même que M. Francklin a consacré à son histoire, que le collège Mazarin n'a, à aucun moment, jeté un éclat littéraire bien vif. Le nom le plus célèbre qu'il puisse invoquer est celui de l'astronome La Caille, connu par les belles découvertes qu'il a faites dans l'hémisphère austral, lors de son voyage au cap de Bonne-Espérance. Dans une liste d'élèves, de l'année 1781, on voit figurer le nom d'un Kellerman. Quelques professeurs ont été l'objet de rigueurs, dont nous ne connaissons pas la cause. C'est ainsi, par exemple, qu'une lettre de cachet du 27 septembre 1789, destitue un professeur de mathématiques, nommé Caron. Par une autre du 27 septembre 1741, c'est un professeur de philosophie, nommé Geoffroi, qui est frappé. Quoi qu'il en soit, le collège était fort suivi, car on y admettait d'autres élèves que les pensionnaires, et cela à titre gratuit. C'est ce que porte l'article 35 du règlement : « On pourra recevoir dans les classes du collège d'autres écoliers que les pensionnaires, sans qu'ils soient tenus de donner aucun salaire aux maistres qui les enseigneront. » Une instruction pour les conditions d'admission se débitait, en 1689, chez Nyon, imprimeur du parlement, rue Saint-André-des-Arts.

Le collège Mazarin tomba avec l'Université. Pendant la révolution il devint maison d'arrêt, puis local du comité de Salut-Public, et, par une appropriation beaucoup plus convenable. l'une des quatre Écoles centrales supérieures établies à Paris. Enfin, en 1801, l'Institut vint s'établir dans ses bâtiments, et le sauver par là de l'oubli, si l'oubli pouvait atteindre la grande et utile pensée qui lui avait donné naissance. Car, après tout, est-ce la faute de Mazarin si sa haute conception n'a eu, en fait, qu'une assez pauvre réalisation ? Quant à nous, nous ne saurions que féliciter M. Francklin, pour notre part, de nous en avoir si bien, si curieusement, et nous ajouterions volontiers, si pieusement parlé.

Le livre est terminé par un appendice contenant les pièces justificatives, une liste de documents manuscrits relatifs à l'histoire du collège, et une bonne table des matières. C'est donc un livre bien fait. C'est aussi un livre bien imprimé, ce qui ne gâte rien.

Source : Bibliothèque de l'Ecole des Chartes: revue d'érudition, par École Nationale des Chartes

photo pour Institut de France

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 169917
  • item : Institut de France
  • Localisation :
    • Île-de-France
    • paris
    • paris 6eme arrondissement
  • Adresse : 23 quai de conti 75006 paris 6eme arrondissement
  • Code INSEE commune : 75106
  • Code postal de la commune : 75006
  • Ordre dans la liste : 0
  • Nom commun de la construction :
    • non communiqué
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué
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photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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